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Appel à la manifestation : le pari risqué de Copé

Jean-François Copé, le 24 octobre 2012.[REMY GABALDA / AFP]

Jean-François Copé a expliqué dimanche sur le plateau du "Grand Jury" (RTL-LCI-Le Figaro) qu'il pourrait appeler à des manifestations "dans la rue" pour protester contre certains projets du gouvernement. Une extrémité que l'électorat de droite a toujours utilisée avec une grande parcimonie.

"Je pense que Monsieur Hollande sous-estime beaucoup le très grand mécontentement du pays réel" estime Jean-François Copé pour justifier sa menace d'appeler les Français à manifester contre des "projets de loi qui viendraient soit porter atteinte à l'intérêt supérieur de notre pays, soit déstructurer les piliers qui assurent la cohésion de notre société ou qui font monter le communautarisme".

En brandissant cette menace, Jean-François Copé espère deux choses. Non seulement se faire entendre à nouveau dans la course qui l'oppose à François Fillon pour la présidence de l'UMP. Mais aussi réveiller dans l'électorat de droite le souvenir "mythique" de la manifestation de 1984 sur l'enseignement libre. "Il pourra se trouver -si je suis élu à la tête de l'UMP le 18 novembre prochain - que je propose, comme nous l'avions fait en 1984 pour sauver l'école libre, que les Françaises et les Français qui s'indignent et qui s'inquiètent pour l'avenir de notre pays et des enfants de France se mobilisent dans la rue", a-t-il précisé dans une très claire allusion.

 

1984 : une référence à droite

Toutes proportions gardées, la manifestation du 24 juin 1984, c'est un peu le 14 juillet 1789 de l'électorat conservateur. Ce jour-là, se côtoient dans la rue des millions de Français qui veulent mettre en échec le projet de loi Savary visant à intégrer les écoles privés dans un grand service public. La droite, depuis le centre jusqu'à l'extrême, est vent debout contre ce projet.

Le mouvement d'opposition grossit tout au long du premier semestre 1984. Jusqu'à ce 24 juin où Simone Veil, Valéry Giscard d'Estaing et Jacques Chirac défilent côte à côte avec 2 millions de personnes… Avec un certain succès, puisque trois semaines plus tard, François Mitterrand annonce le retrait de la loi Savary et que le 17 juillet, Pierre Mauroy démissionne.

1984 demeure une démonstration de force et d'opposition sans précédent pour la droite, d'autant plus qu'elle a été couronnée de succès. Mais ce succès ne sera jamais réédité. Même les manifestations d'opposition au PACS en 1999 ne sont parvenues à mobiliser autant. Ils étaient à peine 100.000 lors de la plus grosse journée. A l'époque, la droite était divisée sur le sujet de l'union civile ouverte à tous les types de couples, les appels à la mobilisation moins audibles. Le texte est finalement passé.

 

Manifester n'est pas un gène de droite

Il faut dire aussi que manifester ne fait pas franchement partie des "gènes" de l'électorat conservateur, sensible au concept d'"ordre". En France, manifester n'est pas un droit constitutionnel… mais seulement une pratique tolérée, encadrée par le code pénal. Et mis à part des happenings réguliers de la part des "pro-lifes", les conservateurs battent rarement sinon jamais le pavé. L'annonce de Jean-François Copé pourrait donc faire chou blanc.

Sauf à capitaliser sur un sujet ou débat sociétal dans laquelle l'électorat de droite se reconnait et est unanime. Le débat sur le mariage gay pourrait en être un. Jean-François Copé le sait et ne l'a pas exclu. Comme on lui demandait s'il visait en particulier le mariage homosexuel et le droit de vote des étrangers non-communautaires aux élections locales, il a répondu : "ou tout autre sujet qui pourrait porter atteinte par exemple, à la cohésion, à la mobilisation de nos acteurs économiques". 

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