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Hollande veut que la France reste en Afghanistan "différemment"

François Hollande et Hamid Karzai, lors de la visite surprise du président français en Afghanistan. [JOEL SAGET / POOL / AFP]

Le président français François Hollande est arrivé vendredi matin en Afghanistan pour une visite surprise de quelques heures, où il s'est rendu notamment auprès des troupes françaises.

Le chef de l'Etat est accompagné de Jean-Yves Le Drian et Laurent Fabius, ministres de la Défense et des Affaires étrangères et de l'amiral Edouard Guillaud, chef d'état-major des armées. Il a prévu de s'entretenir avec son homologue afghan Hamid Karzaï et de rencontrer les forces françaises engagées dans le pays au sein de la Force Internationale d'Assistance à la Sécurité (Isaf). François Hollande doit également rendre hommage aux "83 soldats français tombés en faisant leur devoir, en combattant le terrorisme et en servant la paix", selon un communiqué de l'Elysée.

François Hollande, qui se rend pour la première fois en Afghanistan depuis son élection, a décidé d'accélérer le retrait des troupes combattantes françaises de ce pays à la fin 2012. Dès son arrivée, il a assuré que ce retrait serait "ordonné et coordonné" avec les alliés de la coalition en Afghanistan. 

"Seule la France peut engager la France"

Depuis la base de Nijrab en Kapisa, le président français a souligné que le désengagement sera mis en oeuvre "en bonne intelligence avec nos alliés", notamment avec le président américain Barack Obama. "C'est une décision souveraine. Seule la France peut engager la France. Elle sera mise en oeuvre en bonne intelligence avec nos alliés, notamment avec le président Obama, qui en comprend les raisons, et en étroite concertation avec les autorités afghanes", a affirmé François Hollande. 

"La menace terroriste qui visait notre territoire comme celui de nos alliés en provenance de l'Afghanistan, sans avoir totalement disparue, a été en partie jugulée", s'est-il également justifié. Et d'ajouter : "La France maintient ses liens avec ce pays. Nous poursuivrons nos projets de développement" en Kapisa et Surobi. "Ce n'est pas aux alliés de définir l'avenir de l'Afghanistan" mais "aux Afghans et à eux seuls de prendre le chemin qu'ils choisiront librement".

Arrivée fin 2001 dans le pays pour traquer Oussama ben Laden et chasser les talibans au pouvoir, la coalition est parvenue à se défaire de la majeure partie des éléments d'Al-Qaïda qui y étaient basés. Mais malgré l'ensemble des forces présentes (130.000 militaires étrangers en appui de 340.000 soldats et policiers afghans) la rébellion des talibans est loin d'être battue. En 2011, plus de 3.000 civils sont morts.

Rester mais "différemment"

Après avoir rendu visite aux soldats français, François Hollande a tenu une conférence de presse au côté du président afghan Hamid karzaï. Il a alors souhaité que a France reste présente dans le pays après le retrait, mais "différemment", dans une dimension plus "civile" ou "économique". Grâce aux investissements français à venir, le président a indiqué qu'il voudrait permettre "aux Afghans d'être auto-suffisants".

La France souhaite donner une "dimension civile" à sa coopération, via "l'éducation", "la culture" ou encore "l'archéologie" (domaine dans lequel la France est en pointe en Afghanistan depuis plusieurs années), a-t-il expliqué. François Hollande a également évoqué des "perspectives économiques", notamment dans les domaines du "logement, des énergies renouvelables, des recherches pétrolières ou de l'Agriculture". 

"Nous voulons que la France reste en Afghanistan différement que dans le passé", a-t-il insisté. 

2.000 militaires quitteront le pays d'ici fin 2012

Selon son entourage, le président qui est également chef des armées, a souhaité se rendre en Afghanistan afin "d'expliquer lui-même" aux soldats français les raisons du retrait anticipé, un an avec la date prévue par son prédécesseur Nicolas Sarkozy.

Il avait annoncé ce désengagement lors de sa campagne électorale et a défendu sa position la semaine dernière lors de son entretien avec Barack Obama puis au sommet de l'Otan à Chicago. François Hollande avait alors souligné que sa décision n'était pas "négociable". "Il n'y a aucune compensation à verser ou à imaginer, nous avons fait plus que notre devoir et je rappelle les pertes françaises : 83 hommes qui ont perdu leur vie, de nombreux blessés", avait-il affirmé à Chicago. Et d'insister : "Nous considérons que notre mission en terme d'action et de combat est terminée". 

A ce jour, 3.550 militaires français sont en Afghanistan, pour la plupart basés en Kapisa, la dernière région afghane contrôlée par la France et encore très instable. 2.000 de ces soldats quitteront le pays d'ici fin 2012, a réaffirmé François Hollande.

Accès stratégique à Kaboul, la Kapisa est souvent décrite comme un "coupe-gorge" que les trafiquants se disputent aux talibans. Officiellement, le gouvernement afghan se dit prêt à prendre le relais alors que le général américain John Allen, commandant de l'Isaf, estiment qu'il n'y aura "pas de dégradation de la sécurité" dans cette région.

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