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Pourquoi Fabius est devenu incontournable

Laurent Fabius, nouveau ministre des Affaires étrangères, arrive à l'Elysée entouré d'autres membres du gouvernement, le 17 mai 2012[AFP]

Pourquoi Laurent Fabius, poids lourd socialiste qui a jusqu'alors entretenu des relations tendues avec François Hollande, est-il numéro 2 du gouvernement ? Pour son expérience, son influence au PS et l'absence de Martine Aubry, expliquent des experts interrogés jeudi par l'AFP.

C'est par son nom que Pierre-René Lemas, secrétaire général de l'Elysée, a commencé à égrener mercredi la liste des 34 ministres du nouveau gouvernement: à 65 ans, l'ancien plus jeune Premier ministre de la République (il avait alors 37 ans, en 1984) est désormais le doyen de l'équipe gouvernementale.

Pourquoi un tel rang pour Laurent Fabius ?... Alors que, comme le rappelle l'historien et responsable PS Alain Bergougnioux, lui et François Hollande "ont été rarement en phase" dans leur vie politique.

"Parce que c'est un homme compétent, un ancien Premier ministre, qui connaît très bien l'Etat", répond M. Bergougnioux: "C'est un esprit organisé, bref une valeur. Et dans un gouvernement, il faut des hommes d'expérience à côté des figures nouvelles".

Dans l'équipe emmenée par Jean-Marc Ayrault, sept ministres ont moins de 40 ans (pour une moyenne d'âge de 52,4 ans) et cinq seulement ont une expérience gouvernementale. Ni le président ni le Premier ministre n'ont jamais occupé de fonction ministérielle.

"En classant Fabius en premier dans la liste, le signal envoyé est qu'on met le plus expérimenté en premier. Et son choix s'imposait d'autant plus que Martine Aubry (qui fut numéro 2 du gouvernement Jospin, ndlr) n'était pas dans le gouvernement", estime Rémy Lefebvre, professeur à Lille II, spécialiste du PS.

Autre raison: "Fabius est une puissance ancrée au sein du PS et donc Hollande a eu le souci que toutes les sensibilités se retrouvent dans la composition du gouvernement", avance M. Bergougnioux.

"De Valls à Montebourg en passant par les aubrystes Lebranchu, Lamy et Hamon, c'est un gouvernement qui se veut de synthèse, condition de sa réussite", renchérit M. Lefebvre.

Ce politologue estime aussi que nommer le député de Seine-maritime, c'est pour François Hollande "une manière de le neutraliser: Fabius aurait été plus dangereux à l'extérieur qu'à l'intérieur".

Et le fait que l'ex-Premier ministre de François Mitterrand ait été partisan du "non" à la Constitution européenne en 2005, tout comme Bernard Cazeneuve, son ministre chargé des Affaires européennes ?

Pour M. Bergougnioux: "Le débat a évolué depuis 2005. Ce gouvernement, à l'image de l'opinion, réconcilie le oui et le non socialiste. En 2005, Fabius voulait surtout un autre contenu pour l'Europe".

D'ailleurs, le nouveau chef de la diplomatie, en prenant ses fonctions jeudi au Quai d'Orsay, s'est empressé de dire qu'il était "profondément Européen", mais en faveur d'une "Europe différente".

La nomination de M. Fabius récompense aussi probablement son travail réalisé pendant la campagne: il a préparé pour M. Hollande les 100 premiers jours du quinquennat, prolongeant une mission qui lui avait été confiée par la première secrétaire du PS, Martine Aubry.

Il a également représenté le candidat PS lors de déplacements à l'étranger (Proche-Orient, Chine, Japon). M. Fabius a d'ailleurs précisé jeudi que le ministère des Affaires étrangères était le seul portefeuille qu'il était prêt à accepter.

"Fabius a beaucoup oeuvré à cette victoire, il était au service du candidat", estime une fabiusienne, Pascale Boistard, adjointe au maire de Paris. "Il a donné des gages" et "a réussi à rassurer Hollande", estime M. Lefebvre.

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