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Pornographie : 90% des vidéos en ligne contiennent des violences physiques et sexuelles selon le Haut conseil à l’Egalité

La pornographie, un «système de massacre des femmes à but lucratif» [Lionel BONAVENTURE / AFP]

Le Haut Conseil à l'Egalité avertit des traitements «contraires à la dignité humaine et à la loi», dans un rapport remis au gouvernement ce mercredi, dénonçant des actes de violences extrêmes banalisés dans la pornographie.

Un rapport choc aux termes crus. Le Haut Conseil à l'Égalité (HCE) critique un «système de massacre des femmes à but lucratif» dans la pornographie. Publié ce mercredi, l'instance dresse un rapport alarmant dénonçant des actes «illégaux» de «torture» commis dans la «pornocriminalité» afin de «heurter les consciences» et de «crever ce mur de l’indifférence».

Pendant plus d'un an, la commission «violences faites aux femmes» du HCE s'est confronté sérieusement aux vidéos proposées sur les sites pornographiques et tire largement la sonnette d'alarme. 

Les chiffres sont clairs et inquiétants : 90 % des contenus pornographiques présentent des actes non simulés de violences physiques, sexuelles ou verbales envers les femmes. Ces contenus violents répondent à la définition juridique d’actes de torture et de barbarie. 

Des actes de barbarie «effroyable»

Une étude a été menée sur les quatre plates-formes pornographiques principales qui sont Pornhub, Xvideos, Xnxx, Xhamster. Les intitulés des vidéos annoncent la couleur : «triple anal», «prolapse» (extériorisation des organes internes), ou encore «gangbang». 

«On compte 1,4 million de vidéos avec des pratiques sadiques», écrit le HCE. Parmi ces pratiques, celles qui font cliquer le plus sont : le choking (étranglement), bukkake, gangbang, gagging, torture, électrocution, surprise (qui correspond à un viol).

Ces traitements inhumains sont banalisés derrière le concept de pornographie, associé à du théâtre ou à du jeu. Or «ce n'est pas du cinéma, ces actes ne sont pas simulés, ils sont réels. Les femmes sont réelles, les actes sexuels et de violences sont réels, et la souffrance est souvent parfaitement visible et en même temps érotisée», souligne Sylvie Pierre-Brossolette, présidente du HCE.

un système d’exploitation sexuelle à l’échelle industrielle

«Le porno, un business impitoyable» : c'est le titre-même du reportage diffusé jeudi dernier sur France 2. L'enquête montre les dessous de cette industrie, mettant en avant les pouvoirs de ces plates-formes qui génèrent des millions d'euros sur le dos des consommateurs. 

«Ce massacre à but lucratif doit cesser, les femmes et la société doivent être protégées», appelle le HCE. Les membres de l'instance pointent du doigt les contrats illégaux que font signer ces firmes aux femmes. Ils servent à les réduire au silence tout en tirant profit de l'exploitation de leurs corps et en consentant à des actes de violence sur leurs personnes. 

«Une Ecole des violences sexuelles»

La moitié des garçons de 12 ans se rendent chaque mois sur ces sites, selon l'Arcom, l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique. «C'est une école des violences sexuelles : 42% des garçons exposés au porno pensent que les filles apprécient les agressions physiques dans leurs relations sexuelles», déplore Sylvie Pierre-Brossolette.

Pour répondre à ce problème, le HEC demande de poursuivre devant les tribunaux les producteurs et diffuseurs de ces contenus, «contraires au code pénal». C'est déjà le cas dans l'affaire «French Bukkake» : 17 hommes vont être jugés, accusés de viols en réunion et traite d'êtres humains en bande organisée.

Il existe déjà une «police de l'Internet», chargée de retirer les contenus terroristes et pédocriminels. Le HCE demande à ce que les séquences de violences et de torture de la pornographie soient également supprimées. 

Le combat est loin d'être fini, le HCE indique avoir recensé en juin 35 séquences illicites et pédopornographiques, qui n'ont pas été retirées.

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