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Pornographie : 74% des Français favorables à une double authentification sur les sites X pour protéger les mineurs

27% des personnes interrogées par l'Ifop estiment qu'elles étaient âgées de 8 à 12 ans la première fois qu'elles ont eu accès à des contenus pornographiques. [©Xreflex/Adobe]

Selon une enquête de l'Ifop publiée ce jeudi 6 juillet, les Français sont largement favorables à un contrôle renforcé de l'accès aux sites pornographiques, même si cela conduirait certains à ne plus les consulter.

Dans le viseur de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel et du numérique (Arcom) depuis plus d'un an, certains éditeurs de sites pornographiques sont accusés de ne pas empêcher efficacement les mineurs d'accéder à leurs contenus. Alors qu'une décision de justice est attendue ce vendredi 7 juillet pour cinq plate-formes, une enquête Ifop montre que 74% des Français sont favorables à un système de double authentification pour contrôler l'âge des visiteurs, même si cela conduirait un quart d'entre eux à ne plus consulter ce genre de sites.

Pour l'heure, l'Arcom n'a trouvé aucune solution entièrement satisfaisante pour s'assurer que les mineurs n'aient pas accès à la pornographie en ligne. La solution de vérification d'âge en «double anonymat» reste toutefois privilégiée, puisque souhaitée par la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil).

Concrètement, ce système repose sur un «tiers de confiance» auquel l'internaute donne son identité afin de débloquer l'accès aux contenus sans pour autant transmettre de données personnelles aux sites pornographiques. D'après le média 01net, pour qui cette enquête a été réalisée, cela pourrait prendre la forme d'une plate-forme privée agréée par l'Etat et apte à émettre un certificat de majorité, sur laquelle l'internaute s'identifierait à l'aide d'un document officiel.

Une perspective à laquelle les personnes interrogées par l'Ifop adhèrent donc aux trois quarts, avec une approbation plus forte encore chez les femmes (79%) que chez les hommes (68%). Ceux qui se disent favorables à cette mesure sont moins nombreux parmi les «amateurs actifs» de pornographie, qui consultent les sites pour adultes de manière très régulière, mais restent majoritaires (63%).

18% des personnes ayant déjà visionné un film X dans leur vie affirment d'ailleurs être «certainement» prêtes à se soumettre à une double authentification pour entrer sur des sites pour adultes. 33% d'entre elles jugent cette perspective «probable» tandis que les 49% restant sont peu ou pas du tout réceptifs.

Parmi les rebutés, certains ne cachent pas qu'ils tenteront de contourner ce système d'identification s'il est mis en place. En cherchant un site qui n'exige pas de contrôle de l'âge (21%), en installant un réseau privé virtuel (VPN, 11%) ou même en utilisant les données personnelles de quelqu'un d'autre (9%). La double authentification conduira un quart des interrogés (27%) à tout simplement cesser de consulter des sites pornographiques.

Des visiteurs de plus en plus jeunes

S'ils sont favorables à un meilleur contrôle de l'accès aux sites pornographiques, les Français doutent néanmoins de l'efficacité du double anonymat. D'après les données recueillies par l'Ifop, 81% d'entre eux estiment que ce système sera «largement contourné par les jeunes». Près de 8 interrogés sur 10 (78%) craignent même que cette mesure conduise les mineurs à se tourner «vers des sites non réglementés au contenu plus choquant».

En parallèle, 62% des personnes consultées doutent qu'il soit techniquement possible de mettre en place un tel système et 52% d'entre elles estiment que la double authentification constitue une «atteinte au respect de la vie privée».

Malgré tout, l'étude «montre que les politiques de restriction envisagées rencontrent un assentiment massif dans la population», souligne François Kraus, directeur du pôle «Genre, sexualité et santé sexuelle» de l'Ifop. Il prédit une «révolution» dans les années à venir, «chez les amateurs de pornographie et donc pour les sites eux-mêmes [...] si la volonté d'imposer une telle politique restrictive n'est pas un voeu pieux».

En mai dernier, l'Arcom a publié une étude indiquant que 2,3 millions de mineurs fréquentent des sites pornographiques chaque mois. Un chiffre non seulement inquiétant mais en augmentation, que cette enquête de l'Ifop vient confirmé. Elle montre en effet que chez les 18-24 ans, 35% des garçons ont consulté un site X avant 13 ans (contre 12% il y a 10 ans), tandis que 19% des filles faisaient de même (contre 9% en 2013). 27% des interrogés estiment qu'ils étaient âgés de 8 à 12 ans la première fois qu'ils ont eu accès à des contenus pornographiques. Une exposition très précoce, qui n'est pas sans conséquence sur la vie sexuelle future et la représentation du corps.

Ces chiffres confirment que la loi du 30 juillet 2020 sur le contrôle de l'âge à l'entrée des sites X n'est pas respectée. Cela n'est pas très surprenant puisque, à l'heure actuelle, la plupart de ces plate-formes se contentent de demander aux internautes de cliquer sur une case pour certifier qu'ils ont plus de 18 ans.

L'Arcom veut justement mettre fin à cette situation, avec le double anonymat mais aussi en traduisant devant la justice les plate-formes qui ne font pas l'effort de contrôler l'âge de leurs visiteurs. Cette autorité publique indépendante a déjà mis en demeure 15 sites et a demandé le blocage en France de cinq d'entre eux, dont Pornhub. Dans ce dossier, la décision du tribunal judiciaire de Paris est attendue vendredi 7 juillet.

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