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Géorgie : le gouvernement retire son projet de loi sur les «agents de l'étranger» après les manifestations

Les manifestants ont porté des messages anti-russes et pro-occidentaux. [REUTERS/Irakli Gedenidze]

Le parti au pouvoir en Géorgie a renoncé ce jeudi 9 mars à son projet de loi contre les «agents de l'étranger» visant les ONG et les médias. Le texte, qualifié d'inspiration russe par l'opposition, a déclenché ces deux derniers jours des manifestations pro-occidentales massives.

Victoire de la rue en Géorgie. Le gouvernement du pays a décidé de retirer jeudi son projet de loi controversé sur les «agents de l'étranger», après des manifestations massives dispersées à coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau.

«En tant que parti de gouvernement responsable envers chaque membre de la société, nous avons décidé de retirer de façon inconditionnelle ce projet de loi que nous soutenions», a déclaré le parti du Rêve géorgien, dans un communiqué publié sur son site.

Le texte prévoyait que les ONG et médias recevant plus de 20% de leur financement de l'étranger soient obligées de s'enregistrer en tant qu'«agents de l'étranger», sous peine d'amende. Pour ses détracteurs, ce texte est inspiré d'une loi similaire qui existe en Russie, où le Kremlin l'utilise pour réprimer la presse indépendante, les organisations de défense des droits humains et ses opposants.

le parti au pouvoir dénonce l'action de «radicaux»

Dans son communiqué, le parti du Rêve géorgien estime que le projet de loi a été «présenté sous un mauvais jour de façon trompeuse», ajoutant qu'il allait lancer des consultations publiques pour «mieux expliquer» le but de ce texte. Le parti au pouvoir ne ferme donc pas complètement la porte à un retour futur de ce projet de loi au Parlement.

Le recul du gouvernement géorgien intervient après le rassemblement mardi et mercredi d'une foule de dizaines de milliers de personnes dans le centre de la capitale Tbilissi, notamment près du Parlement, scandant «Non à la loi russe !» et brandissant des drapeaux de la Géorgie et de l'Union européenne.

Le ministère géorgien de l'Intérieur a affirmé mercredi qu'au moins 77 personnes avaient été interpellées et 50 policiers blessés rien que sur la journée de mardi. Le parti d'opposition Girch a lui indiqué dans un communiqué que son chef, Zourab Japaridze, avait été violemment matraqué par des policiers, et placé en détention. Le président du parti du Rêve géorgien, Irakli Kobakhidze, dénonce l'action de «radicaux». 

la mobilisation continue

La mobilisation «ne s'arrêtera pas tant qu'il n'y aura pas de garantie que la Géorgie est résolument engagée sur une voie pro-occidentale», ont déclaré plusieurs partis d'opposition dans une déclaration commune, annonçant un nouveau rassemblement jeudi soir. «Nous exigeons la libération immédiate des dizaines de manifestants qui ont été arrêtés» lors de rassemblements mardi et mercredi, ont-ils ajouté.

Les manifestations qui ont secoué la Géorgie mardi et mercredi s'inscrivent dans un contexte plus large de crise politique. Cette ex-république soviétique, marquée par une intervention militaire russe en 2008, ambitionne officiellement de rejoindre l'UE et l'Otan. Mais plusieurs mesures récentes du gouvernement actuel, comme le projet de loi sur les «agents de l'étranger», ont jeté le doute sur le maintien des aspirations pro-occidentales, l'opposition l'accusant de soutenir Moscou.

Signe de l'inquiétude grandissante en Occident, le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, a condamné mercredi le projet de loi, le jugeant «incompatible» avec les valeurs de l'UE et l'objectif de rejoindre le bloc européen.

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