A court de liquidités, le Venezuela pense avoir trouvé un moyen d'obtenir des vaccins anti-Covid. Le président Nicolas Maduro a proposé dimanche du «pétrole contre des vaccins», alors que son pays fait face à une deuxième vague de l'épidémie de coronavirus.
«Le Venezuela a des pétroliers, a des clients prêts à nous acheter du pétrole. Notre pays consacrerait une partie de sa production pour obtenir les vaccins dont il besoin. Du pétrole contre des vaccins !», a lancé le dirigeant contesté, lors d'un intervention à la télévision publique. «Mais nous n'allons les mendier à personne», a-t-il précisé.
Avec ce plan, dont aucun détail n'a été dévoilé, Nicolas Maduro veut faire d'une pierre deux coups. Il souhaite d'une part financer les vaccins réservés auprès de Covax, un dispositif international visant à fournir des doses aux pays démunis. Caracas en a commandé entre 1,4 et 2,4 millions, mais aucune n'est arrivée en raison d'un problème de dettes envers l'OMS.
D'autre part, le président du Venezuela cherche à contourner les sanctions économiques internationales, notamment des Etats-Unis, qui touchent en particulier le capital secteur pétrolier. Depuis 2019, un embargo américain sur le pétrole vénézuélien est en vigueur, dissuadant d'autres pays d'en acheter. Avec cette politique de pression économique, Washington espère pousser dehors Nicolas Maduro, que l'administration américaine qualifie de «dictateur». Une partie de la communauté internationale considère également sa réélection en 2018 comme frauduleuse.
Tenemos listos dos métodos para obtener las vacunas, a través del mecanismo Covax: Con la liberación del dinero que nos tienen secuestrado, y con el Plan Petróleo por Vacunas. ¡Venezuela tiene dignidad y cuenta con los recursos para garantizar la salud del pueblo venezolano! pic.twitter.com/PD5SCYwXPF
— Nicolás Maduro (@NicolasMaduro) March 29, 2021
Des fonds gelés à l'étranger
Pour payer les vaccins de Covax, Nicolas Maduro a expliqué qu'il travaillait dans le même temps à débloquer des fonds à l'étranger gelés en raison des sanctions internationales. Son principal opposant, Juan Guaido, a annoncé il y a quelques jours avoir libéré 30 millions de dollars (25 millions d'euros) retenus aux Etats-Unis pour acquérir des vaccins. Washington le reconnaît en effet comme le président légitime du Venezuela, à l'instar de plus de 50 pays dans le monde.
Ces annonces de Nicolas Maduro traduisent l'inquiétude du pouvoir vénézuélien. Le pays de 30 millions d'habitants, qui a enregistré officiellement plus de 150.000 cas et 1.500 décès, fait face à une hausse du nombre d'infections, due notamment à l'apparition du variant brésilien du virus.