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Coronavirus : Eurostar vers le dépôt de bilan ?

Depuis le 1er janvier, Eurostar fait circuler un seul aller-retour Londres-Paris et un seul Londres-Bruxelles-Amsterdam par jour, qui sont vides à 80 %. Depuis le 1er janvier, Eurostar fait circuler un seul aller-retour Londres-Paris et un seul Londres-Bruxelles-Amsterdam par jour, qui sont vides à 80%. [NICOLAS MAETERLINCK / BELGA / AFP]

Frappée de plein fouet par la pandémie de coronavirus, Eurostar pourrait mettre la clé sous la porte. Selon son directeur général Jacques Damas, la compagnie ferroviaire transmanche pourrait être contrainte de déposer le bilan à la fin du printemps, voire avant si la crise sanitaire venait à s'aggraver.

«La catastrophe est possible», a déclaré à l'AFP lundi le patron français de l'entreprise basée à Londres. Une cessation de paiement, «quand on aura brûlé tout notre cash», est possible «quelque part dans le deuxième trimestre, plutôt dans la deuxième moitié du deuxième trimestre», estime-t-il. «Mais si jamais la crise était encore plus dure, ça pourrait même arriver un peu plus tôt.»

Des craintes partagées par la SNCF, actionnaire majoritaire d'Eurostar avec 55 % du capital. «L'entreprise Eurostar est en situation critique, je dirais même très critique», a ainsi déclaré le 15 janvier Christophe Fanichet, le PDG de SNCF Voyageurs, l'unité passagers du réseau. Invité sur France Inter ce mardi 19 janvier, le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, a tenu le même discours. «La situation est très critique sur Eurostar», a-t-il répété, la justifiant par «les conditions sanitaires» et «le Brexit», officiellement entré en vigueur le 1er janvier.

Le patron de la SNCF comme celui d'Eurostar mettent en cause les restrictions sanitaires imposées aux voyages dans les pays desservis par la compagnie transmanche (Angleterre, France, Belgique et Pays-Bas), à base de quarantaines et d'obligations de test, qui en plus ne sont pas les mêmes partout. Des mesures qui paralysent quasiment totalement le trafic.

Depuis le début de l'année, la compagnie ne fait circuler plus qu'un seul aller-retour Londres-Paris et un seul Londres-Bruxelles-Amsterdam par jour, qui sont vides à 80 %. L'an dernier, Eurostar a ainsi perdu 82 % de son chiffre d'affaires, par rapport aux 1,1 milliard d'euros de 2019, selon Jacques Damas. Et la situation ne fait qu'empirer. Le chiffre d'affaires de la société a été divisé par vingt du deuxième au quatrième trimestre 2020. «On est à 5 % du chiffre d'affaires depuis le 1er avril, pour dire les choses très simplement», déplore le directeur général d'Eurostar.

Des appels à l'aide

Pour ne rien arranger à la situation d'Eurostar, la crainte du variant anglais du Covid-19 a poussé la France à durcir à partir du lundi 18 janvier les contrôles aux frontières pour les ressortissants de pays hors UE. Pour les voyageurs arrivant en France depuis le Royaume-Uni, un auto-isolement de sept jours suivi d'un test s'est ajouté à l'obligation d'un test PCR négatif avant le départ, imposée fin décembre.

Malgré sa situation financière catastrophique, la société ferroviaire n'a reçu aucune aide ni du gouvernement britannique ni du gouvernement français depuis le début de la pandémie, contrairement par exemple aux compagnies aériennes. Fin 2020, ce sont ses actionnaires qui se sont mis d'accord pour injecter 200 millions d'euros à son capital, un montant qui ne s'avère pas suffisant pour maintenir l'entreprise à flot.

D'où l'appel d'Eurostar pour que les gouvernements britanniques et français lui viennent en aide. La compagnie a reçu le soutien dans sa démarche de l'organisation patronale britannique London First. Celle-ci a envoyé dimanche une lettre au gouvernement britannique, signée par 25 dirigeants d'entreprises et universitaires, lui demandant de participer au sauvetage d'Eurostar, via des prêts ou des baisses d'impôts, comme ont pu par exemple en bénéficier les aéroports.

Discussions sur des aides gouvernementales

En réponse, le ministère britannique des Transports s'est contenté d'affirmer que le gouvernement «échange énormément et régulièrement avec Eurostar depuis le début de l'épidémie». Côté français, Bruno Le Maire a tenu à assurer Eurostar de son appui. «Nous soutiendrons les compagnies de transport ferroviaire et aérien comme nous le faisons depuis le début» de la crise, a indiqué lundi le ministre de l'Economie sur RTL.

L'actionnaire majoritaire d'Eurostar, la SNCF, a confirmé l'existence de pourparlers entre la compagnie transmanche et les deux Etats concernés par ce dossier. «On discute avec les gouvernements français et anglais. (...) On espère qu’à travers ces discussions on aura un système qui nous permettra d’aider cette société», a expliqué mardi Jean-Pierre Farandou sur France Inter.

De quoi rendre le patron d'Eurostar Jacques Damas «activement optimiste» sur la perspective de sauvetage de son entreprise, qui n'est pas franchement servie par sa nature hybride. «C'est une entreprise française en Angleterre, donc elle n'est pas aidée par les Anglais, et elle n'est pas aidée par les Français parce qu'elle est en Angleterre», résume parfaitement le PDG de SNCF Voyageurs Christophe Fanichet.

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