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«Mulan» : Disney critiqué pour avoir tourné le film en partie au Xinjiang, lieu de répression des Ouïghours

Le film a été lancé sur Disney+ aux Etats-Unis le 4 septembre dernier, alors qu'il devait initialement sortir au cinéma en mars. Le film a été lancé sur Disney+ aux Etats-Unis le 4 septembre dernier, alors qu'il devait initialement sortir au cinéma en mars. [Rich Fury / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP]

Déjà la cible d'appels au boycott en Asie, le film «Mulan» est au cœur d'une nouvelle polémique. La superproduction de Disney, sortie aux Etats-Unis le 4 septembre dernier sur la plate-forme Disney+, est sous le feu des critiques pour avoir été tournée en partie au Xinjiang, une région chinoise où au moins un million de Ouïghours seraient détenus arbitrairement dans des camps.

L'affaire a éclaté lundi, après que des téléspectateurs ont fait remarquer sur les réseaux sociaux que, dans le générique de fin du film, Disney adressait des «remerciements particuliers» à plusieurs instances gouvernementales de la région du Xinjiang, située dans le nord-ouest de la Chine.

Parmi elles figure le bureau en charge de la sécurité publique de Turpan, une ville de l'est du Xinjiang, qui abrite plusieurs camps de rééducation politique de Ouïghours, une minorité musulmane turcophone, selon des associations de défense des droits de l'Homme. Cette entité a été placée en octobre 2019 - comme plusieurs autres du Xinjiang - sur une liste noire par l'administration Trump, pour son implication dans la répression des Ouïghours dans la région, lui interdisant de commercer avec des entreprises américaines.

Dans le générique de fin de «Mulan» est également remercié le «département de la publicité du comité de la région autonome ouïghoure du Xinjiang du Parti communiste chinois (PCC)», l'agence du PCC responsable de la propagande dans la région. En 2017, la réalisatrice du film, la Néo-Zélandaise Niki Caro, avait partagé sur Instagram une photo avec pour localisation Urumqi, la capitale du Xinjiang. Il y a quelques jours, un membre de l'équipe du film a révélé au magazine Architectural Digest que lui et la production avaient passé «des mois» dans la région du nord-ouest de la Chine «pour faire des recherches avant que les caméras ne tournent».

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Day 5 - China Scout

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Alors que de nombreux témoignages, enquêtes ou fuites de documents ont mis en lumière ces dernières années les exactions commises contre les Ouïghours au Xinjiang (détentions massives, surveillance généralisée, travail forcé, torture, viols, stérilisations forcées, disparitions...) - toujours niées par Pékin -, cette proximité de Disney avec les autorités de la région a indigné de nombreux internautes.

Pour le journaliste Isaac Stone Fish, chercheur à l'Asia Society, un centre spécialisé dans les relations entre les Etats-Unis et la Chine, «Mulan» est même «sans doute le film le plus problématique de Disney» depuis «Mélodie du Sud», sorti en 1946, accusé de diffuser des clichés racistes et de peindre sous un jour idyllique les plantations esclavagistes du vieux sud des Etats-Unis. «Disney a travaillé avec des régions où un génocide est en cours et a remercié les instances qui contribuent à sa mise en œuvre», a-t-il fustigé.

Une première polémique l'an dernier

Depuis que ces liens entre Disney et les autorités du Xinjiang ont été découverts, les appels au boycott du film, remake en prises de vue réelles du classique d'animation de Disney sorti en 1998, se multiplient, sous le mot d'ordre #BoycottMulan. Un hashtag a été créé l'an dernier par des militants pro-démocratie hongkongais, choqués par les propos de l'actrice principale du film, Liu Yifei, sur les manifestations dans le territoire semi-autonome chinois. En août 2019, la Sino-Américaine de 33 ans avait publiquement apporté son soutien à la police hongkongaise, alors accusée d'usage excessif de la force contre les protestataires.

Ce mouvement de boycott a été relancé la semaine dernière, au moment du lancement du film aux Etats-Unis sur Disney+, auquel se sont joints des militants taïwanais et thaïlandais. Ces derniers ont en effet fondé en avril dernier avec leurs collègues hongkongais la «Milk Tea Alliance» («l'alliance du thé au lait» en français) sur les réseaux sociaux, destinée à dénoncer l'autoritarisme grandissant de la Chine dans la région.

Après avoir demandé la semaine dernière à «tous ceux qui croient aux droits de l'homme» de boycotter «Mulan», Joshua Wong, figure de proue du mouvement pro-démocratie à Hong Kong, a profité de la nouvelle polémique entourant le film pour réitérer son appel. «Cela ne fait qu'empirer ! Maintenant, quand vous regardez "Mulan", non seulement vous fermez les yeux sur la brutalité policière (...), mais vous êtes également potentiellement complice de l'incarcération massive des Ouïghours musulmans», a-t-il dénoncé lundi sur Twitter, à quelques jours de la sortie en salles du film en Chine, prévue vendredi.

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