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Frappes américaines en Syrie : quelles conséquences ?

Moscou a demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU après l’attaque ordonnée par le président Donald Trump,[AFP ]

Trois jours après une attaque chimique présumée, les Etats-Unis ont bombardé une base aérienne en Syrie, une décision unilatérale vivement dénoncée par la Russie, principal allié du régime syrien.

Moscou a demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU quelques heures après l’attaque ordonnée jeudi soir par le président Donald Trump, qui s'était pourtant toujours prononcé contre toute intervention directe en Syrie. Mais quelles conséquences peut avoir ce bombardement ? 

L'image de Trump redorée ? 

Pour Wassim Nasr, journaliste à France 24, ces frappes américaines n’avait rien d’autre qu’une visée «symbolique». «Les Russes ont été prévenus à l’avance et ils ont probablement averti les Syriens afin qu'il évacuent la base aérienne. Le nombre de victimes est relativement faible. Les Etats-Unis auraient pu frapper ailleurs, comme le palais présidentiel et faire ainsi plus de dégâts». Mais pour le specialiste du Moyen-Orient, destituer Bachar Al-Assad ne semble pas être à l’ordre du jour.

De son côté, l’essayiste et géopolitologue Frédéric Encel voit plutôt ces frappes comme un avertissement. «Il n’y aura probablement pas de conséquences militaires. Le matériel perdu par Bachar al-Assad sera renouvelé par la Russie, comme depuis cinq ans.» Il voit aussi dans l’action de Trump, une volonté de redorer son image : ces frappes pourraient permettre d’effacer quelques échecs subis depuis son investiture, comme lorsqu'il a échoué à imposer le traité migratoire ou a abrogater l’Obamacare. «Cela peut aussi être une façon de renforcer ses liens avec les évangélistes et chrétiens conservateurs, estime Frédéric Encel. De plus, cette frappe est intervenue alors que le président chinois était en visite aux Etats-Unis. Cela n’est peut-être pas anodin». Le géopolitologue y voit même une petite provocation de la part du président Trump.

Des liens détériorés avec la Russie ?

Wassim Nasr voit dans ces frappes une volonté pour Donald Trump de montrer sa différence avec son prédécesseur, précisant que les attaques chimiques n’ont jamais cessé en Syrie. «La différence aujourd’hui ce sont les images terribles qui ont été diffusées. Donald Trump, à l’inverse de Barack Obama, n’a pas laissé la Syrie franchir la ligne rouge sans être inquiétée.» Le journaliste rappelle également que le président républicain a été jusqu’à blâmer l’administration Obama dans un communiqué officiel après l’attaque chimique présumée. «C’est inédit. Je pense qu'il va capitaliser là-dessus.»

Un point de vue que partage Frédéric Encel. «En quelques jours, Donald Trump a ruiné la possible alliance avec la Russie dont il parlait pendant sa campagne. Mais Vladimir Poutine va rester prudent.» Pour lui, la Russie et l’Iran, alliés de Bachar al-Assad, risquent de refuser par la suite de participer à l’évolution du pays. «Les Etats-Unis seront probablement moins désirés à leur table pendant des négociations. En frappant cette base aérienne, Donald Trump a en revanche annulé une de ses promesses de campagne, qui était de ne pas intervenir directement en Syrie.»

Un nouveau schéma politique à venir ?

L’essayiste en est presque sûr : il n’y aura pas plus de conséquences que cela car sinon, on se dirigerait vers une vraie guerre. «Je ne pense pas que Bachar al-Assad fera pire que ce qu’il ne fait déjà. En revanche, cela peut avoir un impact sur le schéma politique du pays.» De cette façon, Trump a en quelque sorte rassuré ses alliés et lancé un avertissement à la Russie et à la Syrie, «mais il ne se lancera pas contre les milices syriennes alors qu’en Irak, il a besoin des milices locales pour combattre Daesh

Wassim Nasr, de son côté, ne voit aucune riposte à venir : «Il peut y avoir des pressions diplomatiques, certes, mais cela ne changera strictement rien à la situation actuelle du pays si on s’arrête là.» Pour lui, Donald Trump a donné un «carton jaune» à Bachar al-Assad, «mais que ce soit du côté des rebelles, de Daesh ou encore de l’armée syrienne, il ne devrait y avoir aucun changement». 

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