En direct
A suivre

Alep au bout de l’horreur

Des civils fuient un quartier d'Alep-Est repris par le régime, le 13 décembre 2016. Des civils fuient un quartier d'Alep-Est repris par le régime, le 13 décembre 2016.[STRINGER / AFP]

Les troupes de Bachar al-Assad ont repris l’est de la ville, devenu un véritable champ de ruines. Un enfer qui marque l’échec de la diplomatie.

Depuis le IIIe millénaire avant notre ère, elle n’avait jamais cessé d’être habitée. Aujourd’hui, les civils fuient par milliers Alep, l’une des plus anciennes villes du monde, pour échapper aux bombardements de l’armée syrienne et de ses alliés - l’aviation russe et les milices pro-iraniennes - qui ont repris plus de 90% des zones rebelles.

Après quatre ans de division de la ville, entre l’Est occupé par les rebelles et l’ouest tenu par les forces pro-gouvernementales, ces dernières ont décidé de reprendre coûte que coûte la totalité de l’ancienne capitale économique. Un objectif quasiment atteint, au prix de milliers de vies humaines.

Un cimetière à ciel ouvert

Au terme de plusieurs semaines de bombardements intensifs et indifférenciés - voire ciblant délibérément les hôpitaux - Alep-Est est devenue un champ de ruines. Les quelques survivants encore sur place ne peuvent ni se soigner ni se nourrir.

A lire aussi : Alep : les habitants appellent le monde à l'aide

«Les services d’eau et d’électricité ont aussi été visés, le régime et les russes pratiquent la politique de la terre brûlée pour ne laisser aucune chance aux habitants», explique le politologue Ziad Majed, auteur de Syrie, la révolution orpheline. «On reçoit tous les jours des témoignages de médecins qui regardent des enfants mourir et des blessés agoniser sans pouvoir rien faire», poursuit-il. 

La violence est encore monté d’un cran la semaine dernière. «L’armée et ses alliés rentrent dans les maisons d’Alep et tuent, les cadavres jonchent les rues», a ainsi alerté la présidente de Médecins du Monde, Françoise Sivignon. Des exécutions également évoquées par l’ONU, qui a annoncé l’assassinat d’au moins 82 civils, dont 13 enfants, dans la seule soirée de lundi.

A lire aussi : Massacre à Alep : accord sur l'évacuation de civils

Deux petits quartiers de la ville restaient hier aux mains des insurgés. Sur une superficie de 5 km2, des milliers de personnes se terraient dans la crainte de raids et d’exactions. Un accord a finalement été conclu pour leur évacuation à partir de mardi matin. Une fois celle-ci effectuée, les forces de Bachar al-Assad seront seules dans Alep.

La diplomatie impuissante

Face à ce constat d’horreur, le conseil de sécurité de l’ONU tenait mardi soir une nouvelle réunion d’urgence. L’accord obtenu par les rebelles, confirmé par la Russie et la Turquie, n’a pas effacé le dialogue de sourds qui s’est joué depuis plusieurs mois avec Moscou, dont les six veto ont bloqué toutes les tentatives onusiennes de faire pression sur le régime syrien.

Ce dernier est d’autant plus libre, malgré les condamnations répétées des chancelleries, qu’il est présenté par beaucoup comme un rempart contre le jihadisme, perçu comme la principale menace en Occident. «Daesh a détourné l’attention de la réalité sur le terrain», expli­que Ziad Majed. Un biais difficile à éviter, alors que la zone de conflit est totalement fermée aux observateurs étrangers. Staffan de Mistura lui-même, pourtant négociateur de l’ONU pour la Syrie, n’a jamais pu se rendre à Alep.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités