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Ukraine: assiégés par l'armée, les séparatistes veulent bâtir leur système bancaire

Des rebelles pro-russes lors d'affrontements avec les troupes gouvernementales le 21 juillet 2014 à Donetsk [Alexander Khudoteply / AFP/Archives] Des rebelles pro-russes lors d'affrontements avec les troupes gouvernementales le 21 juillet 2014 à Donetsk [Alexander Khudoteply / AFP/Archives]

Malgré les combats qui font rage dans l'Est de l'Ukraine, les séparatistes se sont donné deux mois pour doter la "République de Donetsk" autoproclamée d'un système bancaire indépendant, et même à terme de sa propre monnaie.

"Elle s’appellera le rouble. Nous sommes en terre slave et les Slaves ont toujours utilisé le rouble", assure Maxime Ivanov, chargé de la collecte des impôts, du Trésor et du système bancaire au sein des insurgés.

Le gouvernement formé par les insurgés a créé une "Banque populaire" chargé de la tâche surréaliste de mettre en place un cadre financier local, une sorte de banque centrale pour un mini-Etat de plus en plus réduit face à la progression des forces ukrainiennes.

Les séparatistes sont désormais surtout retranchés dans quelques bastions, dont Donetsk et Lougansk, et une partie de la zone qui sépare ces deux villes proches de la frontière russe.

Cette institution naissante a son siège dans les locaux de la branche locale de Banque nationale d'Ukraine, laissés à l'abandon depuis que les rebelles ont pris le contrôle de la ville. Les séparatistes affirment qu'une équipe d'"experts" y travaillent, en pleine zone de guerre.

M. Ivanov indique travailler avec une équipe d'une trentaine de personnes, dont des habitants de la région qualifiés ainsi que des spécialistes venus de Russie et du Kazakhstan.

Alors que les Occidentaux durcissent leurs sanctions contre Moscou et les rebelles, le banquier séparatiste juge que la Russie constitue un partenaire "plus convenable" pour le Sud-Est de l'Ukraine, coeur industriel de l'Ukraine mais aux industries métallurgiques et chimistes en déclin ces dernières années.

Il reconnaît la difficulté de la tâche qui lui incombe, seuls "20% à 25% de l'économie" de la région, en proie au chaos, continuant selon lui à fonctionner.

"80% des magasins et 70% des cafés et restaurants sont fermés", constate-t-il. "Quand les combats s'arrêteront, il nous faudra reconstruire".

- Les banques ferment -

A Kiev, la banque centrale n'est pas restée sans réagir et a pris la semaine dernière des mesures d'urgence pour les zones sous contrôle rebelle. Les banques sont notamment contraintes de se débarrasser des billets qu'elles ont en réserve en les couvrant de peinture pour les rendre inutilisables et éviter qu'elles tombent dans les mains des insurgés, qualifiés de "terroristes" par les autorités ukrainiennes.

Selon M. Ivanov, ces réserves se trouvent "de facto" à disposition des séparatistes, dont les autorités comptent fournir des distributeurs de billets aux banques.

Sous couvert d'anonymat, une source bancaire à Donetsk confie à l'AFP que l'accès à l'argent liquide était "le problème numéro un" actuellement.

"Pour l'instant, les distributeurs fonctionnent, mais nous ne savons pas combien de temps cela va durer", explique-t-elle, ajoutant qu'une grande partie du personnel quittait la ville et que les agences bancaires se trouvaient donc contraintes de fermer leurs portes.

Cette source souligne aussi que les banques restent enregistrées auprès des autorités ukrainiennes, et donc soumise à la régulation de Kiev, et non des séparatistes. Elle avoue son incrédulité face à l'ordre donné par la Banque nationale d'Ukraine de détruire les billets de banque: des représentants des autorités ukrainiennes sont censés superviser la procédure.

De son côté, M. Ivanov balaie ces mesures, qu'il juge autodestructrices.

Un autre chef de file rebelle, Pavel Goubarev, un homme d'affaires local en pointe du mouvement séparatiste dès sa naissance après l'arrivée au pouvoir de pro-occidentaux à Kiev fin février, a jugé qu'elles revenaient "de fait à reconnaître notre indépendance".

"Nous sommes désormais dans une zone offshore, libre de toute taxe", a-t-il dit à la presse. "Ils ont fait partir leur système bancaire. Ils l'ont mis hors service".

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