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Sanchez, un novice qui veut "décomplexer" le PSOE

Pedro Sanchez, nouveau chef de file du parti socialiste espagnol, le 26 juillet 2014 à Madrid [Pierre-Philippe Marcou / AFP] Pedro Sanchez, nouveau chef de file du parti socialiste espagnol, le 26 juillet 2014 à Madrid [Pierre-Philippe Marcou / AFP]

Sourire charmeur, charismatique et télégénique, Pedro Sanchez, nouveau chef de file du parti socialiste espagnol, surnommé "le beau Pedro", joue sur son expérience loin des appareils pour incarner le "renouveau" d'un parti usé.

"Je suis un militant de base qui, il y a un an et demi, n'était pas en politique", se plaît à répéter ce professeur d'économie de 42 ans dont l'élection, le 13 juillet par les militants, est validée samedi lors d'un congrès extraordinaire des délégués du parti.

Presque inconnu il y a encore quelques semaines, n'ayant occupé aucun poste dans l'appareil du parti, il est député socialiste de Madrid, non élu, depuis 2013 après le départ d'un parlementaire, de la même manière qu'il le fut de 2009 à 2011.

Mais ce fils de militants socialistes, qui a adhéré au PSOE en 1993, s'est réellement lancé dans la course au plus haut niveau il y a huit mois, pour conquérir les socialistes, le grand public et le Parlement dominé depuis fin 2011 par le Parti populaire, de droite, du chef du gouvernement Mariano Rajoy.

Il aime raconter qu'il a parcouru le pays, totalisant plus de 60.000 kilomètres, en dormant chez des militants, pour prendre le pouls du parti.

Elancé, sportif passionné de basket, cheveux bruns, le regard noir perçant au point d'être surnommé "Pedro el Guapo", "le beau Pedro", Sanchez convainc avec un message clairement positif, tourné vers l'avenir.

"Ca suffit les complexes", dit-il lorsqu'on l'interroge sur les désastres électoraux depuis trois ans du parti socialiste, au pouvoir entre 2004 et 2011 et tenu pour responsable du marasme économique dans lequel a sombré l'Espagne après l'explosion de la bulle immobilière en 2008.

Pedro Sanchez, nouveau chef de file du parti socialiste espagnol, félicité par ses partisans le 26 juillet 2014 à Madrid [Pierre-Philippe Marcou / AFP]
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Pedro Sanchez, nouveau chef de file du parti socialiste espagnol, félicité par ses partisans le 26 juillet 2014 à Madrid

"Mais attention!", ajoute-t-il. "Il ne faut pas tomber dans la complaisance. Nous devons en finir avec l'inertie", disait-il encore lors de l'unique débat, le 7 juillet, face à ses deux concurrents.

 

- Menace à gauche -

 

Titulaire d'un master en économie politique européenne obtenu en Belgique, maîtrisant l'anglais et le français, cet ancien chef de cabinet du haut représentant de l'Onu pendant la guerre au Kosovo joue aussi sur son expérience internationale et sur les formules choc.

Comme sa cible privilégiée, Pablo Iglesias, le chef de file du petit parti de gauche Podemos, qui a remporté 5 des 54 sièges espagnols au Parlement européen en mai, tandis que le PSOE en a perdu neuf.

A Pablo Iglesias qui dénonce "la caste des politiques" se répartissant le pouvoir et les postes, il répond en jouant sur le mot "casta": "Le parti socialiste n'est pas une caste, mais il est fait de gens de valeur" ("de casta" en espagnol).

Décidé à regagner le terrain perdu à gauche, Sanchez s'est rendu à Paris où il a dénoncé, comme Pablo Iglesias, "l'exil économique" de ces jeunes diplômés espagnols fuyant le chômage, pour aller travailler en Allemagne, en France et ailleurs.

Il reprend une partie du discours de Podemos. Pour lui, il faut "gagner contre l'inégalité", mettre fin à l'immunité des hauts responsables, éliminer le financement privé de plus de 2.000 euros par an par personnalité politique.

Mais attention, l'a déjà mis en garde son rival malheureux, le député basque Eduardo Madina: "Les gens n'aiment pas les copies. Ils préfèrent l'original".

Il n'en a cure. Son image est soigneusement étudiée, comme dans la vidéo de campagne où il fait parler ses proches et sa femme, Begoña, qui le décrit comme un père idéal, avec leur deux filles Ainhoa et Carlota, 7 et 9 ans.

"Si je n'étais pas socialiste, je voterais Equo", dit-il dans un gros clin d'oeil à ce parti écologiste.

Adepte des petites phrases, il répète à l'envi: "Je veux être celui qui mettra à la retraite Mariano Rajoy" aux législatives de 2015.

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