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L'Indonésie élit son nouveau président, choix crucial pour ce géant

Joko Widodo (g), gouverneur de Jakarta et son épouse Iriana Widodo (d) votent dans la capitale indonésienne le 9 juillet 2014 [Adek Berry / AFP] Joko Widodo (g), gouverneur de Jakarta et son épouse Iriana Widodo (d) votent dans la capitale indonésienne le 9 juillet 2014 [Adek Berry / AFP]

Troisième démocratie du monde, l'Indonésie choisit mercredi un nouveau président lors de l'élection la plus cruciale depuis la chute du dictateur Suharto il y a 16 ans, opposant Joko Widodo, gouverneur de Jakarta, à un seul rival, un ex-général controversé.

Les bureaux de vote ont ouvert tôt dans la matinée dans cet immense archipel aux 17.000 îles et îlots. Près de 190 millions d'électeurs sont appelés à choisir entre deux candidats dont la personnalité et la vision de l'avenir de la première économie d'Asie du Sud-Est sont très différentes.

Joko Widodo, surnommé Jokowi, est considéré par ses partisans comme le candidat qui poursuivra les réformes démocratiques de l'ère post-Suharto (1967-1998). Cet ancien vendeur de meubles est le premier candidat à la présidentielle sans liens avec le régime autoritaire du passé. Agé de 53 ans, il a connu une ascension fulgurante en politique après avoir transformé la ville de Solo dont il a été maire, et été propulsé gouverneur de Jakarta en 2012. Il a soulevé l'espoir d'une nouvelle classe de dirigeants politiques en Indonésie, qui reste gouvernée par une élite issue de l'époque de Suharto.

Son rival, Prabowo Subianto, est un ancien gendre de Suharto qui a reconnu avoir enlevé des militants pro-démocratie à la fin de l'ère Suharto. Il s'est présenté comme le dirigeant à poigne dont l'Indonésie a besoin, séduisant une partie de l'électorat qui voit en lui une forte personnalité. Il a déclaré récemment que la démocratie telle qu'elle est conçue en Occident n'était "pas adaptée à l'Indonésie", faisant craindre un retour à l'autoritarisme.

Le vainqueur du scrutin succédera au président Susilo Bambang Yudhoyono, auquel la Constitution interdit de se représenter après deux mandats de cinq ans.

"En terme de voie démocratique, il s'agit potentiellement d'un tournant très important", explique à l'AFP Tobias Basuki, analyste du Centre pour les études stratégiques et internationales (CSIS).

Les deux candidats sont les seuls à avoir obtenu le soutien d'une coalition de partis représentant au moins 20% des 560 sièges de la chambre basse du Parlement renouvelée en avril.

- Campagne de dénigrement -

Un bureau de vote dans le centre de Jakarta le 9 juillet 2014 [Romeo Gacad / AFP]
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Un bureau de vote dans le centre de Jakarta le 9 juillet 2014

La plupart des bureaux de vote en Papouasie, province la plus orientale du pays étalé sur trois fuseaux horaires, ont ouvert à 07H00 (22H00 GMT mardi), tandis que certains bureaux étaient toujours privés de bulletins de vote en raison des difficultés d'accès provoquées par des pluies diluviennes et des vents violents ces derniers jours, selon les autorités.

Katharina Utomo, 38 ans, était la première à voter dans un petit bureau de vote, les yeux fatigués après avoir regardé la demi-finale du Mondial de football entre l'Allemagne et le Brésil en pleine nuit, en raison du décalage horaire.

"J'ai voté pour Jokowi parce qu'il est proche du peuple et aussi parce qu'il est venu faire campagne en Papouasie", a confié cette femme de ménage.

Pendant des mois, Jokowi a bénéficié dans les sondages d'une large avance, mais la marge s'est nettement réduite ces dernières semaines. Dans une enquête d'opinion publiée mardi par le Centre de recherches Saiful Mujani, Jokowi recueille 47,6% des intentions de vote, contre 44,9% pour Prabowo, soit un écart de 2,7 points.

L'ex-général reconverti dans les affaires bénéficie du soutien de magnats de l'audiovisuel et de leurs chaînes de télévision. Une campagne de dénigrement a notamment accusé Jokowi de ne pas être un musulman, alors que l'Indonésie est le pays où cette religion est la plus répandue, ce qui lui a probablement coûté des points.

La course s'annonce serrée. Les premières estimations seront publiées peu après la clôture des bureaux de vote à 13H00 (06H00 GMT).

Les programmes deux candidats sont similaires. Ils ont mis en avant la lutte contre la corruption endémique et l'aide aux plus démunis, dans un pays de 250 millions d'habitants où près de la moitié de la population vit avec moins de deux dollars par jours.

Jokowi semble être le candidat préféré des marchés, Prabowo faisant craindre la fuite de nombre d'investisseurs étrangers, selon certains analystes.

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