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L'armée ukrainienne reprend un point de contrôle, pas la frontière

Le poste-frontière de Doljanskiï, le 2 juillet 2014, au lendemain de sa prise de contrôle par l'armée ukrainienne [Max Delany / AFP] Le poste-frontière de Doljanskiï, le 2 juillet 2014, au lendemain de sa prise de contrôle par l'armée ukrainienne [Max Delany / AFP]

Accroupis derrière des sacs de sable, non loin des restes d'un café éventré par les bombes, les soldats ukrainiens montent la garde au poste-frontière de Doljanskiï, au lendemain d'une bataille acharnée pour le contrôle de ce point de passage vers la Russie.

La veille, ils sont parvenus à reprendre l'avantage sur les combattants prorusses dans une manœuvre que le président ukrainien Petro Porochenko a saluée comme une "première victoire" depuis la reprise des hostilités après l'échec d'un cessez-le-feu qui aura tenu dix jours.

Les signes d'une âpre bataille sont encore visibles dans tous les recoins du poste encore fumant. Des douilles jonchent le tarmac et la cabine qui servait au contrôle des passeports est criblée de balles.

Plus loin, deux bâtiments des douanes ont été réduits à un amas de métal tordu et de meubles calcinés.

A proximité des ruines, un responsable des gardes-frontières reconnaît que le contrôle de la frontière poreuse avec la Russie est l'un des objectifs prioritaires de l'opération militaire "antiterroriste".

Kiev et ses alliés occidentaux accusent Moscou de fournir du ravitaillement, des hommes et même des chars aux insurgés pour les aider dans leur lutte contre les autorités centrales.

"Nous sommes en train de passer du contrôle de la frontière à la défense de celle-ci", lance le garde-frontière, qui préfère rester anonyme.

Le poste-frontière de Doljanskiï, le 2 juillet 2014, au lendemain de sa prise de contrôle par l'armée ukrainienne [Max Delany / AFP]
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Le poste-frontière de Doljanskiï, le 2 juillet 2014, au lendemain de sa prise de contrôle par l'armée ukrainienne

La tâche la plus pressante, selon les responsables sur place, reste de nettoyer la zone des mines qu'ils accusent les rebelles d'avoir disséminées tout autour.

Dans un communiqué, le ministère de la Défense a indiqué que les démineurs de l'armée avaient désamorcé quelque 35 engins explosifs autour du point de contrôle.

- 'Personne ne passe' -

La route menant au poste-frontière est presque entièrement désertée et les quelques voitures qui osent s'y aventurer sont immédiatement éconduites.

"Peut-on passer ? Nous voulons simplement aller voir nos petits-enfants de l'autre côté", demande un vieil homme en sortant de son véhicule.

"Personne ne passe ici", lui rétorque un jeune soldat, kalachnikov en bandoulière. "Personne ne franchit cette frontière, que ce soit en voiture, à pied ou par les airs".

La reprise de ce point de contrôle a été présentée par les autorités de Kiev comme une preuve de leur détermination à mater l’insurrection.

Cependant, la capture de ce poste - et de quelques petits villages - est jusque là l'unique succès affiché officiellement depuis la relance de l'opération militaire, et l'armée a encore une grande tâche devant elle si elle compte reprendre le contrôle de la totalité de la frontière avec la Russie.

Bien que le président Porochenko ait ordonné la fermeture de plusieurs points de passage, les rebelles contrôlent toujours des pans entiers de la frontière.

Les débris d'un missile tiré sur une position des séparatistes pro-russes à Dyakovsky, à 20 km du poste-frontière de Doljanskiï repris par l'armée ukrainienne, le 2 juillet 2014 [Max Delany / AFP]
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Les débris d'un missile tiré sur une position des séparatistes pro-russes à Dyakovsky, à 20 km du poste-frontière de Doljanskiï repris par l'armée ukrainienne, le 2 juillet 2014

Signe de l'instabilité de la situation, un garde-frontière a été tué dans la nuit par un tir de mortier des insurgés, qui ont ouvert le feu sur son poste.

Quoi qu'en dise Kiev, les séparatistes gardent leur autorité sur des régions proches de Doljanskiï. A quelque 20 kilomètres de la frontière, sur la principale route menant vers l'intérieur du pays, on tombe sur les premiers points de contrôle tenus par les militants prorusses, qui vérifient véhicules et passeports.

Ici aussi, les combats ont redoublé d'intensité. Des civils montrent les restes d'une demi-douzaine de missiles Grad, qu'ils accusent les troupes ukrainiennes d'avoir tirés sur un point de contrôle une heure après la fin du cessez-le-feu.

"Regardez donc ce que notre bonne armée ukrainienne nous envoie!", ironise Natacha, une habitante qui se déclare prorusse. Elle explique que, bien que des bombardements se soient poursuivis même pendant la trêve, les insurgés ont récemment renforcé leur position.

"Il y a encore quelques jours, il n'y avait ici que quelques locaux. Maintenant, ils ont finalement décidé d'envoyer de vrais combattants", ajoute-t-elle.

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