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Ukraine : "Guerre de position" entre armée et insurgés

Un militant pro-Russe inspecte les voitures à un point de contrôle près de Slaviansk en Ukraine, le 30 avril 2014 [Vasily Maximov / AFP] Un militant pro-Russe inspecte les voitures à un point de contrôle près de Slaviansk en Ukraine, le 30 avril 2014 [Vasily Maximov / AFP]

"Avez-vous des armes ? De la drogue ? Des immigrés mexicains peut-être... ?" Un parachutiste ukrainien essaie d'échapper à la routine en plaisantant avec les passagers d'une voiture qu'il inspecte à l'avant-poste de Malinivka, non loin des "lignes" des insurgés pro-russes.

 

Dans cette "Drôle de guerre" version 2014 qui se déroule dans l'est de l'Ukraine, les forces en présence prennent position, érigent des barrages en empilant blocs de béton, sacs de sable et vieux pneus, puis s'observent.

Le tout pendant que des communiqués, notamment des rebelles, font état d'invérifiables mouvements de troupes, d'"espions" arrêtés, voire d'accrochages plus ou moins imaginaires, ou dont l'ampleur est nettement exagérée.

Le temps semble ainsi s'être arrêté à Malinivka, à 12km au sud-est de Slaviansk, le bastion des séparatistes.

Quatre blindés légers, parmi lesquels un surmonté du drapeau ukrainien bleu et jaune, y sont garés en travers de la route, pour ralentir la circulation automobile.

Dans un petit réduit, un peu à l'écart de la chaussée, un jeune soldat montant la garde avec trois de ses camarades raconte qu'il est "ici depuis une semaine" et que "c'est très calme, car ils (les insurgés) ont peur de s'approcher".

Originaire de Donetsk, mais n'étant pas retourné "depuis un an" dans cette ville, la plus importante de la région minière du Donbass, récemment devenue le siège du gouvernement d'une "République populaire" pro-russe, il coupe court à la conversation lorsqu'un officier fait son apparition.

- Incursions, escarmouches, camps retranchés -

Dans un autre village à quelques encablures, à Paraskoviivka, ce sont cette fois des militants pro-russes qui ont installé un camp de tentes devant l'entrée de ce qu'ils assurent être un dépôt d'armes ukrainien, strictement interdit d'accès.

Là aussi tout est tranquille, témoigne Nastia, une infirmière en treillis, un foulard sur la tête.

Arrivée il y a un mois et demi pour soigner les malades dans les rangs des rebelles, le seul incident auquel elle dit avoir assisté a été, "il y a plusieurs jours", la capture, pour des raisons inconnues, d'un des leurs par des hommes des forces spéciales Alpha descendus d'un hélicoptère.

Il n'est toutefois pas possible d'en attester la réalité, pas plus que des échanges de tirs régulièrement signalés par des insurgés de faction de nuit à des postes de contrôle en périphérie de Slaviansk, le couvre-feu étant alors en vigueur.

Et ce contrairement aux incursions en plein jour, et donc parfaitement visibles, aux abords de cette cité de colonnes de véhicules militaires ukrainiens, qui rebroussent ensuite rapidement chemin, sans doute après avoir effectué une mission de reconnaissance. L'une d'elle, le 24 avril, a d'ailleurs dégénéré en affrontements ayant fait entre un et cinq morts et deux blessés, selon les bilans divergents fournis par les belligérants.

Dans le centre de Slaviansk, les seuls signes tangibles de cette "guerre virtuelle", pour reprendre l'expression d'un des chefs des unités pro-russes, sont les véritables camps retranchés que sont dorénavant la mairie, le bâtiment du SBU (services de sécurité) et le poste de police, protégés, de même que les rues sur lesquelles ils se trouvent, par de hauts murs de sacs de sable percés de meurtrières.

Pour les habitants (environ 110.000), l'heure est plutôt à l'apathie, avec juste, à l'occasion, des paroles de soutien ou d'encouragement distillées par des badauds, bien que les autorités séparatistes aimeraient bien parvenir à une sorte de "mobilisation générale".

Comme le montre d'ailleurs ce tract qu'elles ont fait distribuer sur le parvis de l'hôtel de ville exhortant à "ne plus rester assis", mais à constituer "un front uni avec nous" contre les "tortionnaires nationalistes" ukrainiens...

 

 

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