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Jihadistes : l’inquiétude

Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, à l'Assemblée nationale à Paris [Kenzo Tribouillard / AFP/Archives]

A peine le retour des journalistes otages en Syrie a-t-il été célébré que le gouvernement poursuit le combat. Dans la ligne de mire : les jeunes Français candidats au jihad, dont les départs dans le pays se sont multipliés ces derniers mois.

 

Fraîchement installé place Beauvau, Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, doit présenter aujourd’hui un plan visant à mieux lutter contre ce phénomène en expansion.

Alors qu’en janvier, Manuel Valls, à l’époque à l’Intérieur, parlait de «250 Français» ayant rejoint les opposants au régime de Bachar al-Assad, ils seraient désormais 500, selon le chef de la diplomatie, Laurent Fabius, interrogé hier sur RTL.

 

Un repérage plus fin

François Hollande, présent hier à l’Institut du monde arabe, l’a annoncé lui-même, la France veut «dissuader», «empêcher» et «punir» les candidat(e)s au jihad.

La vingtaine de mesures que doit annoncer Bernard Cazeneuve va donc, selon Le Figaro, mettre l’accent sur la détection, afin d’empêcher un maximum de jeunes de mettre le cap sur Damas. L‘autorisation de sortie du territoire (AST) pour les mineurs, supprimée en 2013, pourrait être rétablie.

Autre piste : la mise en place d’une structure d’écoute (chercheurs, psychologues, services sociaux…) pour les parents dont les enfants présentent des signes de radicalisation.

Et pour mieux identifier les candidats au départ, Beauvau envisagerait de les inscrire, en cas de soupçon, sur le système d’information Schengen (SIS), fichier qui permet de les repérer s’ils passent dans un aéroport européen.

Internet, où le cyberjihadisme mêle appels et images chocs pour endoctriner les jeunes devant leurs écrans, sera mieux surveillé.

Sans compter une possible campagne de sensibilisation à laquelle seraient associées Education nationale et municipalités.

 

Le délicat retour en France

Mais si la question des départs inquiète, celle des retours fait craindre le pire. Les tueries perpétrées par Merah à Toulouse sont encore dans les esprits, et ces retours sont le «plus grand danger auquel nous devons faire face dans les prochaines années», jugeait Manuel Valls en janvier.

«Ils ont de l’expérience, peuvent agir spontanément, recevoir des missions, monter des réseaux clandestins en France. [… ] Cela pose des risques d’attentat», nous confiait récemment l’ex-juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière.

Mais ce dernier estime aussi que l’arsenal législatif est efficace, d’autant que la loi permet aujourd’hui de poursuivre tout citoyen ayant combattu aux côtés de jihadistes.

Mathieu Guidère, professeur d’islamologie à l’université de Toulouse, note qu’ils sont peu nombreux à vouloir rentrer. Mais ceux qui le feront, parce qu’ils ont abandonné ou n’ont pas été acceptés, devront être considérés «non comme des terroristes, mais plutôt comme des victimes de dérives sectaires».

 

 

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