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Ukraine : bras de fer avec la Russie autour de la Crimée

Le nouveau Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, entouré de membres de son gouvernement, au Parlement à Kiev le 27 février 2014 [Serguei Supinsky / AFP] Le nouveau Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, entouré de membres de son gouvernement, au Parlement à Kiev le 27 février 2014 [Serguei Supinsky / AFP]

Le pro-européen Arseni Iatseniouk a pris jeudi les rênes d'une Ukraine menacée de banqueroute et en plein bras de fer avec la Russie, tandis que l'Occident s'alarme de la situation en Crimée, région où stationne la flotte russe, et qui exige plus d'"autonomie"

 

La nomination de M. Iatseniouk a coïncidé avec la réapparition du président déchu Viktor Ianoukovitch, qui doit tenir vendredi une conférence de presse en Russie.

Le Parlement ukrainien a désigné jeudi à l'unanimité Arseni Iatseniouk comme Premier ministre du gouvernement de transition. A 39 ans, cet ancien ministre de l'Economie et des Affaires étrangères va diriger le gouvernement d'union nationale jusqu'à l'élection présidentielle anticipée prévue le 25 mai, à laquelle il a déclaré ne pas être candidat.

Des drapeaux ukrainiens, américains et britanniques flottent sur la place de l'Indépendance, à Kiev, le 27 févrirer 2014 [Yuri Dyachyshyn / AFP]
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Des drapeaux ukrainiens, américains et britanniques flottent sur la place de l'Indépendance, à Kiev, le 27 févrirer 2014
 

M. Iatseniouk n'a pas fait mystère de la gravité de la situation dans laquelle se trouve le pays sur tous les fronts. "L'intégrité territoriale est menacée, on assiste à des manifestations de séparatisme en Crimée", a-t-il déclaré. "Je dis aux Russes: ne nous affrontez pas, nous sommes des amis et des partenaires", a-t-il ajouté.

Sur le plan économique, "les comptes publics sont vides, tout a été volé. Je ne promets pas d'amélioration, ni aujourd'hui ni demain. Notre objectif principal est de stabiliser la situation", a dit M. Iatseniouk.

Selon lui, la dette publique s'élève à 75 milliards de dollars maintenant, soit le double de son niveau de "2010, quand Ianoukovitch est arrivé au pouvoir".

"Nous n'avons pas d'autre solution que de prendre des mesures impopulaires", a-t-il lancé.

Le Fonds monétaire international (FMI) a reçu jeudi une demande d'aide officielle de l'Ukraine et est "prêt à y répondre", a indiqué sa directrice générale Christine Lagarde. L'Ukraine avait auparavant indiqué avoir besoin d'une aide de 35 milliards de dollars dans les deux années à venir.

Un blindé devant le Parlement ukrainien, à Kiev, le 27 février 2014 [Sergei Supinsky / AFP]
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Un blindé devant le Parlement ukrainien, à Kiev, le 27 février 2014

 Inquiétudes concernant la Crimée

Les événements se sont aussi accélérés dans la république autonome de Crimée, péninsule russophone du sud de l'Ukraine, provoquant une vive inquiétude chez les Occidentaux.

A Simféropol, capitale de la Crimée, le Parlement local, contrôlé par un commando pro-russe depuis le début de la journée de jeudi, a voté la tenue le 25 mai d'un référendum pour plus d'autonomie. Il a également limogé le gouvernement provincial à l'issue d'un vote à huis clos, dont la presse a été tenue à l'écart.

Tôt jeudi, plusieurs dizaines d'hommes armés s'étaient emparés du siège du Parlement et du gouvernement locaux, sur lequel ils ont hissé le drapeau russe.

Carte de localisation de Simféropol, en Crimée [J.M. Cornu/G. Handyside/O. Devos / AFP]
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Carte de localisation de Simféropol, en Crimée
 

La Crimée, peuplée majoritairement de russophones, est la région d'Ukraine la plus susceptible de s'opposer aux nouvelles autorités en place à Kiev. Elle a d'abord appartenu, au sein de l'URSS, à la Russie, avant d'être rattachée à l'Ukraine en 1954.

L'action du groupe armé a été qualifiée de "dangereuse et irresponsable" par le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen. Il s'est déclaré "extrêmement inquiet des évolutions les plus récentes en Crimée", et a exhorté la Russie à éviter "toute action pouvant provoquer une escalade" dans la crise ukrainienne.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a affirmé jeudi que la Russie s'était engagée à "respecter l'intégrité territoriale de l'Ukraine", au cours d'une conversation téléphonique avec son homologue russe Sergueï Lavrov. Lors de ce même appel téléphonique entre les deux ministres jeudi matin, Moscou a également assuré ne pas être derrière les troubles en Crimée, dans le sud de l'Ukraine, a rapporté M. Kerry.

La Lituanie, qui assure la présidence mensuelle du Conseil de Sécurité des Nations Unies, a appelé la Russie à entamer des discussions "directes" avec l'Ukraine afin d'éviter un "conflit régional".

Viktor Ianoukovitch fait une déclaration, le 21 février 2014 à Kiev [Sergei Supinsky / AFP/Archives]
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Viktor Ianoukovitch fait une déclaration, le 21 février 2014 à Kiev
 

Le ministre ukrainien de l'Intérieur par intérim, Arsen Avakov, a annoncé la mise en alerte de l'ensemble de la police et des forces spéciales afin d'éviter "un bain de sang parmi la population civile" et "l'évolution de la situation en affrontements armés".

Au Parlement, le président par intérim Olexandre Tourtchinov a mis en garde Moscou contre la tentation de faire intervenir sa flotte, basée dans la ville voisine de Sébastopol. "Je m'adresse aux dirigeants militaires de la flotte de la mer Noire: tous les militaires doivent rester sur le territoire prévu par les accords. Tout mouvement de troupe armé sera considéré comme une agression militaire", a-t-il déclaré.

La Russie a répliqué jeudi qu'elle respectait les accords signés avec l'Ukraine. "Actuellement, toutes les divisions et unités assurent leur activité quotidienne, y compris ce qui est lié à la préparation au combat. Ces actes ne présentent aucune menace. Il n'y a aucune limitation juridique à cela", a déclaré le vice-ministre russe de la Défense Anatoli Antonov.

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