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L’Ukraine dans l’impasse

Le Maïdan, la place de l’Indépendance de Kiev, avait des airs de champ de bataille.[SANDRO MADDALENA / AFP]

Les violences redoublent d’intensité entre les autorités pro-russes et les manifestants. La communauté internationale s’indigne et veut agir.

 

Explosions, incendies, barricades… Plongé dans un indescriptible chaos, le Maïdan, la place de l’Indépendance de Kiev, avait des airs de champ de bataille, hier, au lendemain d’une nuit d’affrontements entre les forces de l’ordre du gouvernement pro-russe et l’opposition pro-européenne, qui ont fait 26 morts et 241 blessés.

Cette spirale de la violence menace désormais l’ensemble de l’Ukraine. Car si la contestation, commencée en novembre dernier, est née du rapprochement soudain du président Ianoukovitch avec la Russie, aux dépens de l’Union européenne, elle s’est transformée en un rejet pur et simple du régime par une partie de la population.

 

Une trêve annoncée dans la soirée

Les violences de mardi sont intervenues après une période d’accalmie dans le conflit ukrainien. L’opposition attendait des gestes forts du gouvernement, notamment une réforme constitutionnelle réduisant les pouvoirs présidentiels. Une réponse est tombée dans la soirée, Ianoukovitch annonçant une «trêve» à l’issue d’une rencontre avec les trois leaders de l’opposition.

Pourtant dans la journée, le président avait déclaré le lancement d’une opération «antiterroriste», octroyant au passage de larges pouvoirs aux militaires et prenant lui-même la tête de l’armée. Il semblait ainsi décidé à reprendre les choses en main par la force, alors que Lviv, ville bastion de l’opposition nationaliste dans l’ouest du pays, avait proclamé son «indépendance» vis-à-vis du pouvoir.

La situation se débloquera-t-elle pour autant entre les deux camps ? «Une partie de la population ne reconnaît plus Ianoukovitch comme son président, explique Volodymyr Poselskyy, vice-président de l’association Ukraine dans l’Europe et spécialiste des relations internationales. Le scénario d’une partition du pays est donc envisageable.»

 

L’Europe impuissante ?

Cette crise, d’une ampleur inédite en Ukraine, a provoqué l’indignation de toute la communauté internationale. La Maison Blanche a dénoncé des violences «totalement scandaleuses». L’ONU a appelé à une «enquête urgente et indépendante».

Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, et ses homologues allemand et polonais se rendront aujourd’hui à Kiev pour «rétablir le dialogue politique», avant une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE qui réfléchiront à des sanctions contre les dirigeants ukrainiens.

Parmi les mesures, figurent l’interdiction des visas et le gel des avoirs. «On peut considérer que ces sanctions arrivent un peu tard, estime Alexandra Goujon, spécialiste de l’Ukraine et maître de conférence à l’université de Bourgogne. Mais l’UE a essayé dans un premier temps de trouver une solution politique, par le dialogue.»

Ces mesures de rétorsion se sont d’ailleurs déjà montrées inefficaces en Biélorussie, sanctionnée pour avoir maltraité ses opposants. De plus, certains refusent cette solution, estimant qu’elle pourrait augmenter la répression. «L’UE est une machine complexe, les 28 pays membres doivent se mettre d’accord, explique Volodymyr Poselskyy. Je ne vois ni qui ni quoi pourrait arrêter cette crise.»

 

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