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Syrie : des armes chimiques utilisées à cinq reprises

Capture d'écran de la télévision syrienne du 19 octobre 2013 montrant des inspecteurs de l'OIAC, chargés de la destruction des armes chimiques, inspectant un site en Syrie [ / Télévision syrienne/AFP/Archives] Capture d'écran de la télévision syrienne du 19 octobre 2013 montrant des inspecteurs de l'OIAC, chargés de la destruction des armes chimiques, inspectant un site en Syrie [ / Télévision syrienne/AFP/Archives]

Des armes chimiques ont été utilisées à cinq reprises en Syrie, selon l'ONU, les Etats-Unis s'inquiétant des récents revers subis par les combattants rebelles face aux jihadistes.

Alors que les combats se poursuivent sans répit sur le terrain, le froid continuait à sévir vendredi en Syrie et dans les pays voisins aggravant la situation des quelque trois millions de réfugiés qui y sont intallés dans des conditions souvent précaires.

Dans leur rapport final transmis jeudi au secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, les inspecteurs ayant enquêté en Syrie citent des "preuves" ou des "informations crédibles" tendant à prouver une utilisation d'armes chimiques dans la Ghouta, à Jobar et Achrafié Sahnaya (près de Damas), ainsi qu'à Khan al-Assal (près d'Alep, nord) et Saraqeb (nord-ouest).

Le rapport, qui doit être examiné lundi par le Conseil de sécurité, ne désigne pas les responsables de ces attaques probables à l'arme chimique car cela n'entrait pas dans le cadre du mandat des inspecteurs.

La mission "a recueilli des preuves flagrantes et convaincantes de l'utilisation d'armes chimiques contre des civils, dont des enfants, à une échelle relativement large dans la région de la Ghouta de Damas le 21 août", confirmant un rapport préliminaire des inspecteurs en septembre.

A l'été, les Américains avaient annulé in extremis une frappe contre le régime accusé d'avoir mené cette attaque du 21 août ayant fait des centaines de morts, au grand dam des rebelles qui espéraient un changement dans l'équilibre de forces.

Depuis, les rebelles ont subi revers après revers, l'armée reprenant un grand nombre de leurs bastions.

Un combattant rebelle syrien à Alep le 11 décembre 2013 [Medo Halab / AFP]
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Un combattant rebelle syrien à Alep le 11 décembre 2013
 

Leur situation s'est par ailleurs aggravée en raison de dissensions en leur sein -- plusieurs groupes jihadistes ayant notamment quitté en novembre l'Armée syrienne libre (ASL, combattants modérés)-- et de la montée en puissance de groupes jihadistes qui, tout en combattant le régime, se sont engagés dans des luttes et règlements de compte avec les autres groupes rebelles.

Dernier exemple en date: des combattants islamistes se sont emparés en début de semaine d'un passage clé à la frontière turque, des sièges de l'ASL ainsi que de ses dépôts d'armes.

Ces revers des combattants de "l'opposition modérée" posent un "gros problème", a convenu le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel. "Nous allons devoir voir comment le gérer avec le général (Sélim) Idriss et l'opposition modérée", a-t-il estimé, en référence au chef d'Etat-major de l'ASL.

Selon un responsable américain s'exprimant sous couvert de l'anonymat, cette prise de bâtiments de l'ASL par des islamistes a eu un "effet d'entraînement" dans d'autres centres de l'ASL dont les responsables ont pris la fuite par peur d'être à leur tour attaqués.

'Les Européens devraient avoir honte'

 

Dans ce contexte, un ancien directeur de la CIA Michael Hayden a estimé qu'une victoire de Bachar al-Assad en Syrie pourrait être "le meilleur de trois très, très horribles scénarios", dont aucun ne prévoit la victoire de la rébellion. Il a cependant estimé que l'issue actuellement la plus probable était la "dissolution" du pays entre factions rivales.

Ce qui se passe en ce moment, c'est "la prise de contrôle par des fondamentalistes sunnites d'une partie significative de la géographie du Moyen-Orient", a-t-il ajouté.

Aucune issue ne semble en vue pour ce conflit qui a fait plus de 126.000 morts en deux ans et demi. Une conférence de paix est prévue en janvier en Suisse mais régime et opposition ont des points de vue antagonistes sur le sort du président Bachar al-Assad dans une période d'une transition.

Le conflit a fait en outre des millions de déplacés et réfugiés, dont le sort inquiète de plus en plus les ONG. Amnesty International a accusé les pays européens d'ériger une "forteresse" pour se protéger des réfugiés syriens, qu'ils ne sont prêts à accueillir qu'en "nombre pitoyablement bas", selon l'organisation.

"L'Union européenne a lamentablement échoué à jouer son rôle d'abri pour les réfugiés qui ont tout perdu, sauf leur vie", a estimé le secrétaire général d'Amnesty, Salil Shetty. "Les dirigeants européens devraient baisser la tête de honte", a-t-il ajouté.

Les membres de l'UE "ont proposé d'ouvrir leurs portes à environ 12.000 des réfugiés les plus vulnérables venus de Syrie, soit seulement 0,5% des 2,3 millions de personnes qui ont fui le pays", selon AI.

 

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