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Sous Merkel III, l'économie allemande n'entraînera pas ses voisins

La chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre grec Antonis Samaras, le 22 novembre 2013 à Berlin [Johannes Eisele / AFP/Archives] La chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre grec Antonis Samaras, le 22 novembre 2013 à Berlin [Johannes Eisele / AFP/Archives]

Conservateurs et sociaux-démocrates allemands ont accouché mercredi d'un programme de gouvernement qui devrait permettre à la première économie européenne de continuer à croître, sans toutefois entraîner d'effet positif majeur pour ses partenaires européens.

Le statu quo, ni plus ni moins, tel était le verdict des experts mercredi matin.

Ni plus parce que les impulsions, sous forme de plus d'investissements publics par exemple, restent trop limitées pour faire faire des bonds à la croissance du pays, et à plus forte raison à celle de ses voisins européens malgré les espoirs de ces derniers.

Le programme "n'en fait pas assez pour l'investissement", déplorait ainsi Peter Bofinger, professeur de l'université de Wurtzbourg (sud) tandis que Gustav Horn, de l'institut de recherche IMK, proche des syndicats, déplorait "une goutte d'eau dans l'océan".

Et ni moins non plus, parce que contrairement aux scénarios catastrophes évoqués ces derniers temps par les milieux économiques allemands, les concessions faites par la chancelière Angela Merkel à ses partenaires sociaux-démocrates ne vont pas mettre en péril la croissance de la première économie européenne.

"Les décisions prises sont peu susceptibles de faire sortir des rails la reprise allemande", analyse Christian Schulz, de Berenberg Bank. Jörg Kramer, de Commerzbank, est sûr que "l'économie allemande va croître plus vite que le reste de la zone euro dans les années à venir", même si l'accord trouvé "dégrade l'environnement économique à long terme".

"Miracle de l'emploi en péril"

Le programme de gouvernement parachevé dans la nuit de mardi à mercredi a fait sienne nombre des exigences des sociaux-démocrates, surtout sur le marché du travail: introduction à partir de 2015 d'un salaire minimum généralisé, durcissement des règles entourant les contrats de sous-traitance et intérimaires, assouplissement de la loi sur les retraites.

Autant de "retours en arrière par rapport aux réformes de 2004", juge M. Schulz, en référence à l'Agenda 2010 de l'ex-chancelier Gerhard Schröder qui avait flexibilisé le marché du travail.

Non seulement ces mesures pourraient "mettre en péril le miracle de l'emploi allemand", au plus tard quand le cycle économique repartira à la baisse, mais elles posent aussi un problème de crédibilité à une Allemagne qui prêche dans toute l'Europe la bonne parole des réformes structurelles, ajoute-t-il.

Pour Carsten Brzeski, de la banque ING, "on dirait que le gouvernement veut surtout redistribuer les fruits des réformes passées plutôt qu'utiliser les périodes fastes pour de nouvelles réformes".

Dans une zone euro en crise, les partenaires de Berlin, Paris en tête, avaient été les premiers à faire des appels du pied à l'Allemagne pour en faire plus pour la croissance. D'ailleurs, les analystes du français CM-CIC se félicitaient mercredi d'avancées "encourageantes". Le "stimulus budgétaire devrait bénéficier à l'ensemble de l'Europe", selon eux.

Orthodoxie budgétaire

Pourtant avec 23 milliards d'euros de dépenses supplémentaires, dont seulement une partie véritablement en investissements, la marge de manoeuvre est limitée. La nouvelle équipe maintient son objectif d'équilibre budgétaire au niveau fédéral à l'horizon 2015 car des finances publiques solides sont "indispensables", selon le programme de coalition.

Le chef de file des sociaux-démocrates allemands Sigmar Gabriel et la chancelière Angela Merkel, le 27 novembre 2013 à Berlin [John Macdougall / AFP]
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Le chef de file des sociaux-démocrates allemands Sigmar Gabriel et la chancelière Angela Merkel, le 27 novembre 2013 à Berlin

Alors que le pays fait l'objet d'une enquête approfondie de la Commission européenne sur ses excédents de comptes courants, les recommandations du commissaire aux Affaires économiques Olli Rehn, qui a enjoint à Berlin de libérer son marché des services et baisser les impôts pour stimuler la demande, sont elles restées lettre morte.

Consolation pour les Européens: la constitution d'un gouvernement -encore conditionnée à un vote des adhérents du SPD- devrait permettre des avancées sur certains dossiers européens, comme l'Union bancaire. Conjuguée à la promesse d'une continuité dans la politique européenne, c'est la "bonne nouvelle" du jour, pour M. Schulz.

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