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Norvège: les populistes accèdent au pouvoir

Le nouveau Premier ministre norvégien Erna Solberg (d) et son ministre des Finances Siv Jensen (g), après la présentation du nouveau gouvernement, le 16 octobre 2013 à Oslo [Daniel Sannum Lauten / AFP] Le nouveau Premier ministre norvégien Erna Solberg (d) et son ministre des Finances Siv Jensen (g), après la présentation du nouveau gouvernement, le 16 octobre 2013 à Oslo [Daniel Sannum Lauten / AFP]

Un nouveau gouvernement de droite est entré en fonction mercredi en Norvège avec, pour la première fois, la participation des populistes du Parti du progrès, partisans d'une ligne dure sur l'immigration et de baisses d'impôts massives.

Issue de la droite victorieuse aux législatives du 9 septembre, l'équipe de la conservatrice Erna Solberg compte sept ministres issus du parti du Progrès (FrP) aux côtés de 11 conservateurs.

"J'estime que c'est un gouvernement bon et compétent", a déclaré Mme Solberg, 52 ans, en dévoilant sa composition.

Les populistes s'emparent notamment du poste de numéro deux, celui de ministre des Finances qui va à leur patronne Siv Jensen, 44 ans, et d'autres portefeuilles importants comme le Pétrole et l'Energie, la Justice et les Transports.

Difficile à classer, le FrP était confiné dans l'opposition depuis sa création il y a 40 ans, ses positions étant jugées trop radicales en matière de droit d'asile, de politique fiscale ou de changement climatique.

Rejetant tout lien de parenté avec les formations d'extrême droite, ce parti s'est recentré ces dernières années à l'initiative de Mme Jensen, au point que les autres partis acceptent désormais de collaborer avec lui.

Le nouveua Premier ministre de la Norvège, Erna Solberg, le 16 octobre 2013 à Oslo [Daniel Sannun Lauten / AFP]
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Le nouveua Premier ministre de la Norvège, Erna Solberg, le 16 octobre 2013 à Oslo

Alors que Mme Jensen dénonçait "l'islamisation rampante" de la société il y a encore quelques années, le parti a mis en sourdine la thématique de l'immigration, surtout depuis les sanglantes attaques de l'extrémiste de droite Anders Behring Breivik.

Disant lutter contre le multiculturalisme, Breivik --un temps membre du FrP-- avait tué 77 personnes le 22 juillet 2011 en faisant exploser une bombe près du siège du gouvernement, puis en ouvrant le feu sur des Jeunes travaillistes réunis sur l'île d'Utoeya.

Le parti avait alors nettement condamné le massacre et son auteur.

"La frange xénophobe a été laissée de côté"

Notant que le FrP est partagé entre les tenants d'une ligne dure sur l'immigration et les partisans du libéralisme économique, le politologue Frank Aarebrot a souligné que "ce ne sont pas les premiers qui entrent dans le nouveau gouvernement, ce sont les libéraux".

"La frange xénophobe a été laissée de côté", a-t-il dit à l'AFP.

Selon ce professeur de l'université de Bergen, le FrP est une formation typiquement "poujadiste" dont le fonds de commerce va au-delà de la seule question de l'immigration pour englober notamment les questions fiscales.

La nouvelle équipe n'en comprend pas moins des personnalités sortant du commun: le député populiste Baard Hoksrud, nommé secrétaire d'Etat au ministère des Transports a été condamné en 2011 pour l'achat de prestations sexuelles à l'étranger, une pratique que la Norvège a interdite en 2009.

Le Premier ministre sortant Jens Stoltenberg (C), le 16 octobre 2013 à Oslo  [Daniel Sannun Lauten / AFP]
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Le Premier ministre sortant Jens Stoltenberg (C), le 16 octobre 2013 à Oslo

La plateforme politique du nouveau gouvernement est déjà connue: la nouvelle équipe mettra notamment l'accent sur une diminution de la fiscalité et sur des investissements accrus dans les infrastructures, une quadrature du cercle rendue possible par la manne pétrolière.

La Norvège possède le plus gros fonds souverain au monde, dont la valeur --actuellement de 790 milliards de dollars-- ne cesse d'augmenter. Et le gouvernement est autorisé à y puiser jusqu'à 4% chaque année pour abonder son budget.

Parmi les mesures envisagées par la droite figurent aussi l'ouverture des magasins le dimanche, la possibilité pour les policiers de s'armer et celle donnée aux municipalités d'interdire la mendicité.

Le Parti du progrès se targue aussi d'avoir obtenu un durcissement de la politique d'immigration mais, sur la base des mesures annoncées, ce durcissement devrait être modeste, estiment les commentateurs.

Comme c'est la règle en Norvège, le nouveau gouvernement respectera la parité avec neuf hommes et neuf femmes.

Aucun de ses membres n'est issu de l'immigration.

Minoritaire au Parlement --ce qui n'est pas inhabituel en Norvège--, il a d'ores et déjà noué une alliance avec les deux petits partis de centre droit, démocrates chrétiens et libéraux, pour faire voter les lois.

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