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Brésil: les jeunes protestataires attendent le soutien du pape

Manifestation à Rio, le 30 juin 2013 [Yasuyochi Chiba / AFP/Archives] Manifestation à Rio, le 30 juin 2013 [Yasuyochi Chiba / AFP/Archives]

Les jeunes Brésiliens qui ont manifesté en juin contre la misère des services publics et la corruption espèrent que le pape François soutiendra leurs revendications pendant sa visite à Rio et n'écartent pas l'idée d'en profiter pour raviver leur mouvement.

"Ces manifestations ont un caractère social et protester pour plus de justice et contre la corruption et les abus sont des préceptes de l’Évangile", déclare à l'AFP Tanat Resende, une étudiante en droit de 22 ans catholique qui a pris part aux manifestations massives du mois dernier.

En pleine Coupe des Confédérations de football, les manifestants demandaient plus d'argent pour améliorer les transports, l'éducation et la santé et des peines plus dures pour les hommes politiques et entrepreneurs corrompus, critiquant les sommes colossales investies pour le Mondial-2014.

Un pape anti-corruption

"Il est parfaitement raisonnable que le pape soutienne ces causes", estime Resende. Elle doute fort que la visite du pape dans le cadre des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ, 22-28 juillet) serve de détonateur à de nouvelles manifestations, quand le pays sera de nouveau sur le devant de la scène internationale.

Construction du podium pour les Journées mondiales de la jeunesse, le 16 juillet 2013 en vue de la visite du pape à Copacabana, au Brésil [Christophe Simon / AFP]
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Construction du podium pour les Journées mondiales de la jeunesse, le 16 juillet 2013 en vue de la visite du pape à Copacabana, au Brésil

Le pape François a choisi son nom en fonction de Saint François d'Assise qui a consacré sa vie à servir les pauvres. Il a insisté depuis son élection en mars sur la nécessité pour l’Église, les fidèles et les gouvernements de prêter plus d'attention aux plus démunis.

A Rio de Janeiro, le souverain pontife et les cardinaux logeront dans des chambres modestes, après avoir refusé celles plus luxueuses qui leurs avaient été d'abord proposées.

"Le pape François est un homme très simple très sensible au contexte social, et je ne serais pas étonné qu'il fasse allusion aux manifestions", affirme Benjamin Paz Vermal, un porte-parole des JMJ.

Le pape a pris des mesures contre la corruption au Saint-Siège et a entamé depuis la mi-juin une reprise en main de la banque du Vatican IOR, l'une des plus opaques au monde.

"Au bon moment"

"La position +anti-corruption+ du pape va nous aider à lutter contre la corruption, la pauvreté et la misère", estime Natalia Pinto, une catholique de 21 ans qui a aussi manifesté en juin.

"Le pape arrive au bon moment au Brésil, quand la population descend dans la rue et clame son désir de plus de justice, d'égalité, de santé et d'éducation", des thèmes au coeur des préoccupations du Vatican, souligne Ivan Esperanza Rocha, historien et spécialiste en religion de l’Université de Sao Paulo.

Manifestation à Rio, le 30 juin 2013 [Yasuyochi Chiba / AFP]
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Manifestation à Rio, le 30 juin 2013

Jusqu'à présent les seules manifestations prévues sur les réseaux sociaux sont celles de groupes de défense des droits des homosexuels et "une Marche des Salopes" pour protester "contre l'oppression et le contrôle de la vie et de la sexualité des femmes".

"La visite du pape est un thème délicat car le Brésil est un pays très catholique. Les gens estiment que la visite du pape, c'est différent du Mondial ou des jeux Olympiques", estime Mario Campagnani, 29 ans, membre du Comité Populaire Mondial-2014 et JO-2016 de Rio, l'un des fers de lance des manifestations de juin.

Au Brésil, près de 65% des 194 millions d'habitants se déclarent catholiques, d'après les chiffres officiels.

"Les critiques sont plus contre les dépenses publiques pour le Mondial et les JO. Je n'ai pas entendu beaucoup de critiques contre le pape" et la facture des JMJ, ajoute Campagnani

Le coût des JMJ, où 1,5 million de pèlerins sont attendus, est évalué à entre 320 et 350 millions de reais (109 et 119 millions d'euros) dont 118 millions (40 millions d'euros) financés par les deniers publics, selon la presse.

En juin, les quelque 300 évêques brésiliens avaient manifesté leur soutien à la fronde sociale.

L'archevêque à la retraite de São Paulo, Mgr Claudio Hummes, cité par le quotidien Estado de Sao Paulo, affirme que le pape ne craint pas les mobilisations, "parce que les revendications ne sont pas liées à sa visite".

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