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Nelson Mandela, aventurier de la liberté (1/3)

Nelson Mandela, dans les années cinquante[Capture d'écran Youtube]

Hospitalisé d’urgence depuis le 8 juin après une reprise de l'infection pulmonaire qui le tourmente depuis deux ans et demi, Nelson Mandela est décédé à l’âge de 95 ans. Symbole de toute une nation, Nelson Mandela a consacré sa vie à la lutte pour la fin de l’apartheid et pour la réconciliation de l’Afrique du Sud. 

 

De son vrai prénom Rolihlahla, («fauteur de troubles»), Nelson Mandela est né le 18 juillet 1918 dans une famille royale de l’est de la province du Cap. Il fait des études de droit pour devenir avocat et découvre à l’université le nationalisme africain et la non-violence. En 1944, il rejoint le Congrès national africain (ANC) pour lutter contre la domination politique de la minorité blanche et intègre la ligue de jeunesse menée par Walter Sisulu et Olivier Tambo. La même année, il épouse en première noce Evelyn Ntoko Mase, dont il divorcera en 1957.

 

L’apartheid : un mépris de la liberté

En 1948, le parti Afrikaner de Daniel Malan – fondé par les descendants des colons hollandais installés dans le pays depuis le XVIIe siècle – s’accompagne de l’instauration d’un système ségrégationniste. Cette politique d’«apartheid» (un mot qui signifie «vivre à part» en afrikaans) a alors pour but de permettre un développement séparé entre les différentes races : Blancs, Noirs, «intermédiaires» (Indiens, métis…).

Officiellement instauré pour qu’aucune communauté n’exploite l’autre, il s’est fait au mépris de la liberté de toutes les communautés autres que blanches, en faisant de leurs membres des citoyens de seconde zone. Officieusement, l’apartheid est créé pour lutter contre le «swaart gevaar», le péril noir.

Les racines de ce mal remontent au début du siècle. Dans une Afrique du Sud déchirée par les conflits entre Afrikaners, Anglais et Zoulous naissent les premières lois ségrégationnistes comme la Native Land Act (ou la Native Urban Act). Dès 1911, le Native Labour Regulation Act instaure des laisser- passer, interdisant aux Noirs d’entrer dans les villes sans certificat de travail. En 1913, le Native Lanc Act «parque» les Noirs dans des réserves, qui représentaient 7 % de la superficie totale du pays.

La ségrégation s’est renforcée au fil des ans. En 1949, les mariages entre groupes raciaux étaient interdits. Le développement séparé a laissé des traces dans l’urbanisme : chaque communauté vivait dans des quartiers différents. « Ce n’était pas simplement des entrées différentes pour les Blancs et pour les Noirs dans les administrations. C’était aussi beaucoup d’interdictions et de répressions», rappelle Jean Guiloineau.

 

Vidéo : Première interview de Nelson Mandela le 21 mai 1961

 

 

Le combat de Mandela

De 1950 à 1960, Nelson Mandela est président de l’ANC pour la région du Transvaal. Une région politiquement importante, car elle regorge de richesses minières et d’ouvriers facilement mobilisables. L’ancien étudiant en droit mène une action politique non-violente et bénéficie d’une aura exceptionnelle auprès de la population locale du Transvaal.

Pourtant, tout bascule lorsqu’à la fin des années cinquante, il monte la première campagne de désobéissance civile contre le gouvernement afrikaner nationaliste qui a instauré l’apartheid : « On frappait aux portes, elles restaient fermées, il fallait bien les ouvrir», se justifiait Nelson Mandela.  

En 1961, il crée la branche armée de l’ANC, Umkhonto we Sizwe (MK). Des pylônes électriques sont détruits, des usines et des ponts brûlés, mais «il n’y a jamais eu d’attentat direct contre la population civile» précise Jean Guiloineau, auteur d’une biographie intitulée Nelson Mandela (éd. Payot), avant d’ajouter que «Nelson Mandela menait des campagnes de défis » : « un membre de la branche armée, souvent Mandela d’ailleurs, entrait dans un hôtel réservé aux Blancs et se faisait arrêter. Puis une heure après, cinquante autres faisaient la même chose et à la fin de la journée la police pouvait arrêter jusqu’à 3000 personnes

La campagne est un succès. Nelson Mandela et les militants de l’ANC constituent désormais un danger pour le pouvoir. En 1961, après le massacre de 69 manifestants pacifistes à Sharpeville, le mouvement anti-apartheid décide de se lancer dans la lutte armée. En janvier 1962, Nelson Mandela, qui vit dans la clandestinité depuis trois ans, quitte l’Afrique du Sud sans autorisation. Il voyage pendant six mois dans toute l’Afrique et en Angleterre et suit un entraînement militaire en Ethiopie. Lorsqu’il rentre en Afrique du Sud, il est arrêté pour être sorti clandestinement du pays et condamné à cinq ans de prison.

 

Vidéo : Le procès de Rivoria où Nelson Mandela fut condamné en juin 1964 à la prison à perpétuité :

 

 

Alors qu’il purge sa première peine, la police découvre en 1963 le quartier général de la branche armée de l’ANC ainsi que les papiers de Nelson Mandela. S’ensuit le très célèbre procès de Rivonia (du nom d’une banlieue de Johannesburg où se trouvaient les locaux de la branche armée). Les membres de la lutte armée sont condamnés à perpétuité en juin 1964. Nelson Mandela devient alors le 466e prisonnier incarcéré à la prison de Robben Island.

 

Retrouvez la deuxième partie de sa biographie ici

Retrouvez la troisième partie de sa biographie ici 

 

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