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Syrie : guerre d'usure en pays alaouite

Des combattants rebelles de la brigade Ezz Abdal-Salam s'entraînent dans la province de Lattaquié, le 24 avril 2013 en Syrie [Miguel Medina / AFP] Des combattants rebelles de la brigade Ezz Abdal-Salam s'entraînent dans la province de Lattaquié, le 24 avril 2013 en Syrie [Miguel Medina / AFP]

Dans la région de Lattaquié, en plein pays alaouite, la confession du président syrien Bachar al-Assad, les rebelles se disent prêts à une guerre d'usure, faute d'avoir les armes adaptées pour faire face à la force de frappe du régime.

Dans un camp de l'Armée syrienne libre (ASL), auquel l'AFP a pu accéder, un groupe de combattants hétéroclites - anciens commerçants, agriculteurs, soldats ayant fait défection -, dont les plus jeunes ont 16 ans, s'entraîne dans cette région côtière au milieu des montagnes et forêts.

Armes à la main, les rebelles sautent par-dessus un monticule de bois, slaloment entre les arbres, plongent à terre pour se mettre en position de tir, dans une attitude de défiance vis-à-vis des troupes du régime dont une garnison est toute proche.

Des membres de la brigade Ezz Abdal-Salam à l'entraînement dans la province de Lattaquié, le 25 avril 2013 en Syrie [Miguel Medina / AFP]
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Des membres de la brigade Ezz Abdal-Salam à l'entraînement dans la province de Lattaquié, le 25 avril 2013 en Syrie
 

Malgré leur détermination, les rebelles de la brigade Ezz Abdal-Salam reconnaissent que leur tâche est ardue face aux forces du régime, mieux armées et qui ont le contrôle total des airs, même au-dessus des zones "libérées" par les rebelles.

"Nous avons besoin de missiles antichars et anti-aériens, d'équipements de communication, de satellites pour surveiller les mouvements des troupes du régime", souligne le commandant de la brigade Abou Bassir, alors que ses hommes s'exercent au tir derrière lui.

"Si nous avions cela, la guerre serait terminée", ajoute le rebelle, qui dirigeait avant le début du conflit, en mars 2011, une usine de conditionnement de viande.

La région de Lattaquié est un fief alaouite, la confession du président Assad, alors que la majorité de la population du pays, tout comme les rebelles, est sunnite.

Photo de l'agence officielle syrienne montrant le président Bachar al-Assad (c) en train de prier lors de l'Aïd, en août 2011 à Damas [ / Sana/AFP/Archives]
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Photo de l'agence officielle syrienne montrant le président Bachar al-Assad (c) en train de prier lors de l'Aïd, en août 2011 à Damas
 

La stratégie: les épuiser

La bataille ici se joue village après village, colline après colline. Le régime défend férocement la côte méditerranéenne, considérée comme le possible refuge de la famille Assad si Damas venait à tomber, selon des experts.

"Si nous attaquons de front, nous serons transformés en chair à canon par l'artillerie d'Assad", déclare Abou Tarek, un rebelle.

"Notre stratégie est d'attaquer à la dérobée sur de multiples fronts, de les secouer, de les épuiser. Cela signifie que la liberté ne viendra pas demain, mais que, si Dieu le veut, elle viendra après-demain".

Ces derniers mois, les rebelles peinent à déloger les forces du régime de leurs positions stratégiques sur les hauteurs.

L'ASL a ainsi perdu plusieurs combattants dans une bataille féroce fin avril pour prendre aux forces d'Assad le pic de Nabi Younès, le plus haut point de la région de Lattaquié qui offre un avantage clé pour les combats.

Un des défis croissants auxquels les rebelles doivent faire face est aussi la présence d'infiltrés qui ont lancé de mystérieuses fusées éclairantes la nuit depuis les territoires contrôlés par les rebelles, peut-être pour signaler aux troupes gouvernementales des cibles pour des bombardements.

Les rebelles ont à de nombreuses reprises réclamé une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Syrie.

Le chef de la brigade Ezz Abdal-Salam, Jamil Lala, le 23 avril 2013 dans la province de Lattaquié, en Syrie [Miguel Medina / AFP]
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Le chef de la brigade Ezz Abdal-Salam, Jamil Lala, le 23 avril 2013 dans la province de Lattaquié, en Syrie
 

Alors que le jour se couche sur le camp d'entraînement, des tirs résonnent à travers les montagnes et les commandants rebelles ordonnent à leurs hommes de cesser les exercices.

Le chef militaire Jamil Lala grimpe dans son 4X4 et ordonne à ses gardes d'abaisser leurs vitres, afin qu'elles ne leur explosent pas au visage en cas de pilonnage.

Le véhicule fait des zigzags à travers les pentes de la montagne, passe à travers des villages jonchés de carcasses de véhicules brûlés et de maisons abandonnées criblées d'impacts de balles.

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