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Irak : le conflit confessionnel vient de Syrie, selon Maliki

Le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, s'exprime lors d'une conférence le 27 avril 2013 à Bagdad [Salam Faraj / AFP] Le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, s'exprime lors d'une conférence le 27 avril 2013 à Bagdad [Salam Faraj / AFP]

Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a lié samedi les violences confessionnelles qui ensanglantent le pays depuis cinq jours au conflit en Syrie voisine, alors que le déploiement de forces kurdes près d'une région disputée a accru les tensions.

De plus, la puissante milice des Sahwa, fidèle au gouvernement Maliki, a menacé de faire la guerre aux rebelles comme aux pires années du conflit ayant suivi l'invasion américaine de l'Irak en 2003, faisant craindre une escalade incontrôlée des violences.

Les troubles ont été déclenchés mardi par un assaut de policiers, près de Houweijah (nord), contre un camp de manifestants sunnites hostiles à M. Maliki, un chiite, qui a provoqué des heurts sanglants. En riposte, des attaques ont été lancées contre l'armée et les violences ont fait en cinq jours 215 morts et 300 blessés, selon des responsables.

Les heurts entre les différentes confessions ont repris car ils ont "commencé ailleurs dans la région", a dit M. Maliki, en allusion à la guerre en Syrie qui oppose des rebelles, en majorité sunnites, au régime de Bachar al-Assad, membre de la minorité alaouite (issue du chiisme).

Qualifiant le confessionnalisme de "mal" qui "n'a pas besoin d'autorisation pour passer d'un pays à un autre", il a estimé que son retour en Irak n'était "pas une coïncidence".

Depuis décembre 2012, des milliers d'Irakiens manifestent dans les régions à majorité sunnite pour réclamer le départ de M. Maliki, accusé de marginaliser leur communauté. Ce dernier est aussi accusé par des membres de sa coalition gouvernementale et ses détracteurs d'accaparer le pouvoir.

Des soldats irakiens se tiennent à côté de leur véhicule pendant leur retrait de Kirkouk, le 27 avril 2013 [Marwan Ibrahim / AFP]
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Des soldats irakiens se tiennent à côté de leur véhicule pendant leur retrait de Kirkouk, le 27 avril 2013
 

Les dernières violences sont les plus meurtrières depuis le début du mouvement de contestation contre le Premier ministre, au pouvoir depuis 2006, et rappellent le conflit confessionnel de 2006-2007 en Irak, mais dans une moindre intensité.

Accentuant les tensions, les autorités de la région autonome du Kurdistan (nord) a déployé une force de sécurité près de Kirkouk afin de faire face selon elles à d'éventuelles attaques contre cette ville multiethnique riche en pétrole et revendiquée par les kurdes et le pouvoir central à Bagdad.

L'armée irakienne a dénoncé ce déploiement, un général le qualifiant de "développement dangereux" et accusant les kurdes de chercher à "atteindre les puits de pétrole".

Et au même moment, le chef de la puissante milice Sahwa, rémunérée par l'Etat pour lutter contre Al-Qaïda, a menacé de reprendre ses violentes opérations qui lui avait permis d'écraser le réseau extrémiste, notamment dans la province d'Al-Anbar (ouest), en 2006.

Si les meurtriers de cinq soldats le matin à Al-Anbar ne sont pas livrés, "Sahwa fera ce qu'elle a fait en 2006", a menacé Wissam al-Hardane, en fixant un délai de "24 heures aux activistes pour les remettre. "Si cela n'est pas fait, nous ne resterons pas les bras croisés".

Des hommes armés lors d'une marche contre le gouvernement irakien, à Ramadi, à l'ouest de Bagdad le 26 avril 2013 [Azhar Shallal / AFP]
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Des hommes armés lors d'une marche contre le gouvernement irakien, à Ramadi, à l'ouest de Bagdad le 26 avril 2013
 

Comme de nombreuses attaques contre les forces de sécurité depuis mardi, celle de samedi s'est produite près d'un sit-in de manifestants sunnites appuyés par des hommes armés.

Des soldats circulant près de ce site à Ramadi (chef-lieu d'Al-Anbar) ont été arrêtés par des hommes armés. Ils ont alors ouvert le feu, déclenchant des accrochages qui ont coûté la vie à quatre soldats, selon la police. Une autre attaque dans le même secteur a tué un soldat. Dans le centre du pays, cinq membres des Sahwa ont été tués.

La milice des Sahwa, formée en 2006 sous la houlette de chefs tribaux sunnites, continue à lutter contre Al-Qaïda qui parvient à commettre des attentats particulièrement sanglants en Irak en visant les forces de sécurité et la communauté chiite.

La veille, l'émissaire de l'ONU Martin Kobler a averti que l'Irak était à un "tournant" et appelé à la retenue.

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