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Le pape Benoît XVI appelle à un "vrai renouveau" de l'Eglise

Le pape Benoît XVI intervient le 14 février 2013 devant un millier de prêtres [Gabriel Bouys / AFP] Le pape Benoît XVI intervient le 14 février 2013 devant un millier de prêtres [Gabriel Bouys / AFP]

Le pape Benoît XVI, qui démissionnera à la fin du mois, a appelé jeudi à un "vrai renouveau" de l'Eglise passant par une pleine mise en oeuvre du Concile Vatican II, dans un message considéré comme son testament théologique, lu devant un millier de prêtres vivant à Rome.

Les yeux cernés et la voix un peu rauque, le pape qui quittera sa charge le 28 février, a estimé que le Concile Vatican II (1962-1965) n'avait pas vraiment été "réalisé", dans une méditation en italien improvisée pendant 35 minutes.

Benoît XVI a exhorté les catholiques à "travailler pour que le vrai Concile se réalise et rénove vraiment l'Eglise. Le vrai Concile avec toute sa force spirituelle doit encore apparaître".

"Je serai toujours proche de vous et je suis sûr que vous le serez de moi, même une fois que je me cacherai du reste du monde", a-t-il assuré, à propos de sa retraite, lorsqu'il ne sera plus pape, dans un monastère au Vatican.

Parlant de façon très claire et très libre, Joseph Ratzinger a retracé le déroulement des séances initiales du Concile au cours desquelles les pères synodaux, particulièrement allemands, français et néerlandais, s'étaient rebellés face aux textes préparés à l'avance pour exiger de les rediscuter en clamant : "Nous sommes l'Eglise".

S'interrompant seulement une fois pour boire un peu d'eau, le pape a rappelé l'"enthousiasme" et les nombreuses rencontres qu'il fit au Concile en tant qu'expert en théologie du cardinal de Cologne Joseph Frings, l'un des prélats qui voulaient le plus changer l'Eglise à l'époque.

Selon lui, les médias réunis à Rome firent alors leur "propre Concile", donnant une vision avant tout politique de ce moment spirituel, des points de vue biaisés qui créèrent "tant de calamités, tant de problèmes" comme "les couvents et séminaires fermés, la liturgie banalisée".

Le pape, le premier à démissionner de son plein gré depuis 700 ans, a aussi souligné l'importance de textes comme "Nostra Aetate" sur le respect pour les autres religions. C'était particulièrement nécessaire pour l'Eglise allemande, a-t-il dit, puisque c'étaient "en grande partie des chrétiens qui avaient commis les crimes" nazis contre les juifs.

Dès le milieu de la matinée, des milliers de prêtres et autres religieux avaient lentement progressé en direction du Vatican pour prier sur la tombe de Pierre, premier apôtre, et nombre d'entre eux pour leur dernière rencontre avec le pape démissionnaire. Leur longue procession noire vers la salle Paul VI se détachait sur les couleurs blondies par le soleil de la Colonnade du Bernin.

L'évènement historique du Concile

Le pape Benoît XVI (c) est salué à la fin de son intervention le 14 février 2013 devant des prêtres à Rome [Gabriel Bouys / AFP]
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Le pape Benoît XVI (c) est salué à la fin de son intervention le 14 février 2013 devant des prêtres à Rome
 

Joseph Ratzinger a vu toute sa carrière marquée par l'évènement historique du Concile et ses suites.

Jugé parmi les plus imaginatifs parmi les experts, Joseph Ratzinger a toujours défendu ensuite "un renouvellement de l'Eglise dans la continuité", contre ceux qui voyaient le Concile comme une rupture, voire une révolution et l'abandon de traditions millénaires.

En tant que gardien du dogme pendant 24 ans de Jean Paul II, il a combattu ce qu'il considérait comme des dérives liturgiques et théologiques, telle que l'option marxisante de la Théologie de la Libération en Amérique Latine. Une ligne qu'il a continué à suivre après son accession à la papauté en 2005.

Avant sa démission programmée pour le 28 février à 19H00 GMT, le pape apparaîtra encore deux fois devant des foules : il célèbrera l'Angelus dimanche de la fenêtre de son appartement, et fera ses adieux le 27 au cours d'une audience générale sur la place Saint-Pierre.

Selon le cardinal sud-africain Wilfried Fox Napier, un possible "papabile", le conclave, qui devrait commencer entre les 15 et 19 mars dans la chapelle Sixtine, pourrait "ne pas être aussi rapide" que celui des 18/19 avril 2005 qui avait élu à la tête de l'Eglise le cardinal Ratzinger.

Mais "quiconque sera élu devra compléter la purification entamée par Benoît XVI", a-t-il déclaré au quotidien La Stampa.

Dénonçant "les rivalités" et le "carriérisme" dans l'Eglise", le cardinal a jugé nécessaire que "les institutions de l'Eglise soient "un soutien à l'action évangélisatrice, non un frein".

Mercredi, pendant une dernière messe émouvante à Saint-Pierre, Benoît XVI avait dénoncé "l'hypocrisie religieuse" et appelé à mettre fin "aux divisions" au sein de l'Eglise.

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