Seul son frère, Georg, le savait depuis plusieurs mois. Mais si l’annonce de la démission de Benoît XVI a pris tout le monde de court, elle ne surprend pas outre-mesure les observateurs du Vatican.
Elu par les cardinaux en 2005 à l’âge de 77 ans, devenant ainsi le premier pape allemand depuis des millénaires, le souverain pontife âgé de 85 ans sentait ses forces le quitter.
Des dossiers délicats à gérer
Les dossiers délicats et les scandales auxquels a été confronté Benoît XVI pourraient avoir contribué à user le souverain pontife. Il a notamment dû gérer la crise la plus grave qu’ait traversée l’Eglise contemporaine, avec les révélations d’abus sexuels commis sur des enfants par des membres du clergé, dans plusieurs pays d’Europe et d’Amérique du Nord. Il avait ainsi imposé la dénonciation aux autorités civiles de tous les prêtres coupables d’abus sexuels sur des mineurs, présentant en 2010 les excuses de l’Église «pour les péchés des prêtres».
Ces derniers mois auront aussi été marqués par l’affaire «Vatileaks», dans laquelle son majordome avait transmis des documents confidentiels à un journaliste. Il finira par le grâcier. «Benoît XVI a toujours fait face aux problèmes, il a vécu un pontificat difficile, mais il a toujours fait partie de la solution plutôt que du problème», analyse Christophe Dickès, auteur d’un Dictionnaire du Vatican et du Saint-Siège (éd. Robert Laffont).
S’il a été salué pour ses efforts en faveur du dialogue interreligieux, le pape aura également essuyé de vives critiques concernant certaines prises de position. En 2006, il avait suscité la colère du monde musulman en déclarant que la pensée chrétienne laissait plus de place à la «raison» que l’islam, alors que ses gestes envers les intégristes ont également été dénoncés. Ses positions conservatrices sur certaines questions liées aux mœurs ont elles aussi pu irriter.
«Son pontificat aura été marqué par sa volonté de recentrer l’identité de l’Eglise, analyse Christophe Dickès. Il aura été plus spirituel que celui de Jean-Paul II, lui-même plus marqué politiquement, avec la chute du communisme».
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