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Les tensions entre la Turquie et la Syrie inquiètent

Des soldats turcs positionnés près de la frontière syrienne. Des soldats turcs positionnés près de la frontière syrienne. [BULENT KILIC / AFP]

La Turquie a bombardé hier des postes de l’armée syrienne, en représailles. Une escalade qui fait craindre l’internationalisation du conflit.  

«La Turquie ne laissera jamais impunies de telles provocations.» Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a laissé exploser sa colère mercredi soir, après le bombardement syrien qui a coûté la vie à cinq civils turcs à la frontière entre les deux pays. En représailles, l’armée turque a bombardé, hier matin, des positions de l’armée syrienne, faisant plusieurs victimes. Une intensification des tensions qui fait craindre le pire dans la région.

 

La Turquie excédée

Ankara semble déterminé à ne pas se laisser faire. Hier, le Parlement turc a ainsi adopté une motion du gouvernement autorisant l’armée à conduire «si nécessaire» des opérations en Syrie. La Turquie, excédée, veut montrer sa force. Elle qui accueille aujourd’hui près de 100 000 réfugiés syriens ne cesse d’appeler à la chute du président Bachar al-Assad. La tension entre la Turquie et la Syrie était déjà montée d’un cran en juin, après la destruction d’un avion de chasse turc par l’armée syrienne.

La Turquie a reçu le soutien de plusieurs de ses alliés. Selon Washington, la riposte turque a été «appropriée». Le chef de la diplomatie britannique, William Hague, a affiché sa «compréhension» après «un acte scandaleux» de la Syrie. La «motion (adoptée au Parlement) n’est pas une motion pour la guerre», a toutefois nuancé hier le vice-Premier ministre, Besir Atalay.

«Aucune partie n’a intérêt à ce que la situation dégénère, explique Didier Billion, directeur adjoint de l’Iris. La Syrie a d’autres chats à fouetter et s’est excusée pour cette bavure.» La Turquie n’a pas non plus envie de s’engager et, si elle le voulait, «elle n’en aurait pas les moyens : elle ne s’en sort déjà pas avec les Kurdes», estime le spécialiste du Proche-Orient, Wassim Nasr.

 

Appels à la retenue

Les alliés d’Ankara, eux, refusent tout discours va-t-en-guerre et ont appelé à la retenue, hier. Le Conseil de sécurité de l’ONU a publié une déclaration condamnant les tirs syriens et l’Otan, réunie en urgence mercredi, a exhorté Damas «à mettre fin à ses violations flagrantes du droit international», sans évoquer l’option militaire.

Car une internationalisation du conflit entraînerait une situation incontrôlable : «On assisterait à l’intervention de l’Iran au côté de la Syrie, toute la région s’embraserait. Damas pourrait demander l’aide de ses alliés du Hezbollah au Liban», prévient Didier Billion.

Pour l’instant, le statu quo prévaut. Mais qu’adviendra-t-il si les bavures sur le territoire turc se multiplient ? Si la Turquie demande l’aide de l’Otan au nom de l’article 5 de la charte de l’Alliance [«une attaque armée contre un des pays membres est considérée comme une attaque dirigée contre eux tous»], «l’Alliance devra réagir, admet Didier Billion. Pas forcément via une intervention militaire, mais en postant par exemple des soldats aux frontières».

 

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