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Transition difficile pour le président Traoré après son agression

Un portrait du président malien par intérim Dioncounda Traoré traîné par des manifestants, le 21 mai 2012 à Bamako[AFP]

Le président malien par intérim Dioncounda Traoré a pris mardi les rênes de la transition dans un pays profondément divisé, au lendemain de son agression par des manifestants opposés à son maintien au pouvoir qui risque de compliquer la tâche immense qui l'attend.

L'agression de M. Traoré dans son bureau à Koulouba, près de Bamako, s'est produite au lendemain d'un accord prévoyant qu'il dirige la transition pour un an. Elle a été unanimement condamnée à l'étranger et au Mali, y compris par l'ex-junte militaire qui s'était opposée à lui, et a soulevé la question de la sécurité du chef de l'Etat.

Le Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République (FDR), opposé au d'Etat ayant renversé le 22 mars le président Amadou Toumani Touré (ATT), s'est ainsi étonné "que des mesures de sécurité appropriées n'aient pas été prises pour protéger le palais présidentiel et le président de la République devant l'avancée des manifestants hostiles".

Les manifestants ont réussi à briser une grille du complexe présidentiel de Koulouba, malgré la présence de militaires, mais surtout, plusieurs d'entre eux sont parvenus à accéder au bureau du chef de l'Etat qu'ils ont frappé. M. Traoré, 70 ans, brièvement hospitalisé, n'a pas de lésions graves.

Les soldats ont tenté à certains endroits d'empêcher le passage des manifestants, dont l'un a été grièvement blessé et six plus légèrement, selon une source hospitalière.

Dioncounda Traoré, entend, selon un de ses conseillers, assumer ses fonctions de président de transition pendant 12 mois, conformément à l'accord qu'il a signé dimanche avec les dirigeants de l'ex-junte et les médiateurs d'Afrique de l'Ouest. Un accord en partie obtenu en échange du statut d'ex-président donné au chef des putschistes, le capitaine Amadou Haya Sanogo, dont les hommes restent omniprésents à Bamako et qui se serait bien vu lui-même à la tête de la transition.

L'agression "remet en cause tous les acquis qui allaient dans le sens de la normalisation", a affirmé à Radio France Internationale (RFI) Djibrill Bassolé, chef de la diplomatie burkinabè et médiateur de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao).

La Cédéao et le gouvernement malien ont annoncé des enquêtes pour identifier et punir les auteurs de l'agression.

Le FDR a estimé que cette agression "est l'aboutissement de la campagne de haine et d'apologie du crime entretenue depuis plusieurs semaines sur un certain nombre des radios FM privées et par des acteurs de la scène politique et de la société civile".

Le parti de M. Traoré, l'Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma), a estimé que son agression "met gravement en cause les services de sécurité de l'Etat maliens et certains responsables, tant politiques que de la société civile". Il parle de "complicité" entre des "groupes incontrôlés" et "ceux qui ont la charge" de la sécurité.

Des allusions aux organisations favorables au putsch, qui ont accusé M. Traoré d'être un produit du régime renversé et qui avaient appelé à manifester contre son maintien au pouvoir, rassemblant lundi plusieurs milliers de personnes à Bamako.

Lundi à Abidjan, l'ambassadeur de France à l'ONU Gérard Araud, a déclaré que l'agression de M. Traoré a "mis considérablement en danger" la sortie de crise au Mali malgré les efforts de la Cédéao.

"Il faudrait peut-être considérer maintenant d'autres voies", a-t-il ajouté, le ministre ivoirien des Affaires étrangères Daniel Kablan Duncan estimant, lui, qu'on "ne peut pas continuer comme ça" et promettant des "mesures" rapides.

L'une d'elles est le déploiement d'une force militaires ouest-africaine de 3.000 hommes pour assurer la sécurité des instances de la transition. Pour l'instant en attente, cette force est prête à partir au Mali, dès que les autorités du pays en feront la demande.

L'agression de M. Traoré montre qu'il y a urgence à le protéger ainsi que son gouvernement pour qu'ils puisssent mener leur mission, en particulier tenter d'obtenir un accord avec les groupes armés, dont des islamistes, qui occupent et contrôlent le nord du pays depuis près de deux mois.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé l'armée malienne à protéger les "autorités intérimaires légitimes", et l'Union africaine (UA) a souhaité "une réelle restauration de l'ordre constitutionnel et le rétablissement de l'autorité de l'Etat dans le nord du pays".

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