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William Leymergie : "la télévision française est très suiviste"

William Leymergie [© Jean PIMENTEL / FTV]

Aux commandes de Télématin depuis 27 ans, William Leymergie revient sur les secrets de longévité de la star des matinales.

 

Qu’est ce qui séduit autant le million et demi de fidèles de Télématin?
Les gens nous disent souvent qu’ils souhaitent des informations claires, que ce soit court et aimable. On nous dit aussi que l’on fait un travail plutôt sérieux, sans se prendre au sérieux.  Ce à quoi nous répondons que nous n’inventons pas l’actualité, nous sommes chargés de l’expliquer. Et si on peut y rajouter un peu d’humour, ils sont preneurs. Ce qui me pousse à choisir les chroniqueurs aussi pour leurs personnalités.

 

Ces chroniques vous différencient  des chaînes d’infos, parmi vos concurrents sur le créneau du matin…
Quel que soit le sujet que les chroniqueurs traitent, on les regarde beaucoup pour ce qu’ils disent certes mais aussi énormément pour ce qu’ils sont. Sur une chaîne d’info, ce n’est pas le but, il y a 2 présentateurs et des journalistes qui passent. Le but du recruteur n’est pas de trouver des fortes personnalités. Nous, oui… Mais, les chaînes d’info font des audiences beaucoup plus embryonnaires que nous. Pour l’instant notre principal concurrent, c’est la radio. Depuis toujours, la radio, c’est  le média du matin, et peu à peu, on leur a pris un peu de part d’audience.

 

Quelle consigne donnez-vous à vos chroniqueurs?
D’avoir de l’imagination. Les gens qui nous regardent se réveillent et comme tout le monde, effectuent des tâches répétitives avant de sortir de chez eux. On ne peut donc pas leur servir une sorte de «pâté ronron» ennuyeux. Tous les jours, on doit les surprendre et pour cela, il faut bien traiter l’actualité, ne pas la déformer, la respecter, et faire en sorte qu’elle soit intéressante.

On ne va pas vous asséner les infos, on vous les apporte, les décortique  et vous n’avez plus qu’à les déguster. Le ton doit être un peu chaud : vous sortez de votre lit… Et puis notre principal concurrent étant la radio, il n’est pas idiot d’avoir quelque chose qui parle à l’oreille.

 

Vous produisez trente heures de direct par semaine (William Leymergie produit C’est au programme, en plus de Télématin). Comment le vivez-vous ?
Dit comme ça, ça peut faire peur… D’ailleurs, depuis la rentrée, au vu des bons scores de Télématin, l’émission du samedi se termine 25 minutes plus tard qu’en 2013 (soit à 10 heures, ndlr) ! Si on me demandait de produire trente heures de direct par semaine d’un coup, je dirai non. Mais en fait, on s’aperçoit que quand on est une équipe (même une petite unité comme c’est le cas), chacun est à sa place. C’est assez bien huilé.

Mais je dois avouer qu’il y a parfois des samedis, je me demande pourquoi je suis fatigué ! Vous connaissez l’histoire du gardien des chutes du Niagara ? Tout à coup, il se dit « c’est quoi ce bruit ? » avant de se rendre compte que c’est le bruit des chutes. Moi c’est la même chose , des fois je me dis « ah oui c’est vrai c’est la fin de la semaine ».

 

Depuis 27 ans, vous présentez Télématin, n’avez-vous pas de lassitude ?
Non! Ça fait 27 ans que j’apprends des choses tous les matins avec des gens que j’aime bien. Mon défi est de faire partager ma passion d’apprendre à ceux qui nous regardent. Je compare souvent mon activité à celle d’un footballeur professionnel: il est passionné par son sport toute sa vie. Fort heureusement, on le met à la retraite à un moment. J’ai une chance inouïe de pouvoir exercer ce métier.

 

Vous vous êtes jamais dit que vous vouliez faire autre chose ?
Plus maintenant. Mais quand j’ai débuté dans ce métier, je me disais qu’il fallait multiplier les expériences, qu’il fallait rencontrer du monde, proposer des émissions différentes,  rencontrer des publics différents. Puis, je me suis rendu compte que j’étais plutôt adapté à ce genre de travail là : quelque chose de plutôt éclectique. Avec Télématin, je n’ai pas le temps de « m’endormir » sur un sujet, pas le temps de tourner en rond.

« L’infotainment » me correspond bien, c’est extrêmement varié : une sérieuse livraison de l’info et une  improvisation permanente avec un ton un peu enjoué. Je n’ai pas envie de faire autre chose, ou alors juste ponctuellement. Si j’abandonne cette émission un jour, le défi serait de faire quelque chose de totalement opposé. Quoi ? Je n’en sais rien.

 

Vous avez débuté votre carrière dans les années 70 à l’ORTF. Quel est votre regard aujourd’hui sur l’offre pléthorique aujourd’hui des chaînes ? Est-elle vraiment plus grande ?
Non. Ce qu’on peut regretter c’est que les gens de ce métier ne font pas preuve de suffisamment d’audace et manquent d’imagination et d’originalité. La télévision française est très suiviste, pas assez surprenante, les professionnels s’observent et reproduisent plus ou moins bien ce qu’ils ont vu chez le voisin. Il m’arrive de le regretter aussi dans notre cinéma devant des scénarios qui manquent d’originalité. Sur le net, beaucoup  tentent des choses, souvent éphémères, mais font preuve en tout cas d’imagination.

Vous n’avez pas envie d’écrire vos mémoires ?
J’ai un livre qui est en cours d’écriture. J’ai vécu durant 20 ans en Afrique et je m’aperçois que j’ai eu  des expériences scolaires dans des pays différents du nôtre. Et comme l’originalité, j’aime ça… Peut-être vais-je un peu surprendre en racontant ces choses ?  Je pense que le livre sortira d’ici moins d’un an.

 

N’avez-vous pas envie de parler de votre expérience à la télévision ?
Non, jamais, je ne le ferai, ça n’intéresse personne. De tous les livres du genre que j’ai lu, la plupart étaient assez convenus.

 

Vous avez, en revanche, sorti un livre sur les bons plans de l’émission. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
C’est une sorte d’almanach : 18 collaborateurs ont choisi un condensé des chroniques de l’année, agrémentées de références, de bonnes adresses. C’est plutôt un guide pratique avec un style plutôt léger. Il se feuillette comme un petit livre de bord. S’il fonctionne bien en librairie, on pourrait être amenés à en publier un chaque année.

 

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