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Opération séduction du pape avec les médias

Le pape François le 15 mars 2013 salle Clémentine au Vatican où il reçoit les cardinaux [- / AFP/Osservatore Romano]

"Vous avez eu beaucoup de travail, hein?": le pape François, entre sourires et anecdotes, a su trouver les mots justes samedi pour toucher les journalistes, croyants ou non, qu'il recevait en audience spéciale.

Dès son entrée vêtu de blanc et sans chichis, le nouveau pontife a été applaudi par les représentants de la presse vaticane (L'Osservatore Romano, Radio Vatican) et du "ministère" du Saint-Siège en charge des communications sociales.

Mais peu à peu, en seulement 15 minutes d'allocution, l'ex-archevêque de Buenos Aires, premier latino-américain à devenir pape, c'est tout le parterre des 3.000 journalistes rassemblés dans l'immense salle Paul VI qu'il a su conquérir, obtenant à la fin, une ovation et des cris "Viva il papa" dignes d'un concert de rock.

Il a commencé par remercier avec chaleur les médias pour "leur travail très professionnel" pendant la période intense qui a commencé le 11 février par la démission de son prédécesseur, Benoît XVI, jusqu'au conclave qui l'a élu mercredi soir. "Vous avez eu beaucoup de travail, hein ?", a-t-il lancé dans un grand sourire et sur un ton bienveillant.

Un peu à la manière d'un maître d'école, il n'a pas hésité à impartir aux journalistes une petite leçon sur leur rôle, insistant sur la nécessité de "présenter l’Eglise avec la perspective juste, celle de la foi", car ce n'est "pas une organisation politique ou économique".

Même s'il y a, selon lui, des points communs entre la mission du pape et le travail des journalistes: "L'attention à la vérité, à la bonté et à la beauté".

C'est à ce moment-là qu'il a raconté une anecdote sur le conclave et le choix de son nom François. "Quand les choses sont devenues dangereuses...", a-t-il relaté avec humour, à propos du moment où il a compris qu'il risquait d'être élu.

Une fois la majorité des deux tiers atteinte, son "grand ami", le cardinal brésilien Hummes, lui a donné une longue accolade pour le réconforter: "'N'oublie pas les pauvres', m'a-t-il dit, et j'ai pensé à François d'Assise, aux guerres, et qu'il était un homme de paix, et le nom est venu dans mon cœur", a dit le pape à une salle tout à coup émue.

Juste après, il a fait sourire de nouveau les journalistes en racontant les commentaires de certains prélats qui lui ont demandé: "Pourquoi pas Adrien, comme le pape réformateur (Adrien VI)? Ou Clément XV, pour venger les jésuites" de la dissolution de leur ordre par Clément XIV.

Après des vivats et des cris "Francesco, Francesco", il a salué un groupe de journalistes tirés au sort à l'avance.

Alberto Pizzoli, photographe de l'AFP, faisait partie de la centaine d'élus: "C'est un homme de grande stature, imposant, il a une poignée de main vigoureuse, les mains chaudes", a-t-il raconté. "Cela a été très impressionnant de le voir de si près, trois jours seulement après son élection", confie Alberto à propos de leur très courte entrevue.

Le pape François caresse le labrador d'un journaliste aveugle, le 16 mars 2013 lors d'une audience privée avec les médias au Vatican [Alberto Pizzoli / AFP]
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Le pape François caresse le labrador d'un journaliste aveugle, le 16 mars 2013 lors d'une audience privée avec les médias au Vatican
 

Les amis et connaissances du pape se jetaient dans ses bras et l'embrassaient comme du bon pain. Mais il relevait systématiquement ceux qui s'agenouillaient devant lui, se montrant réticent aussi à ce que l'on baise son anneau.

Sergio Rubin, journaliste du grand quotidien argentin Clarin qui a co-écrit une biographie de Jorge Mario Bergoglio alors cardinal ("El Jesuita"), a eu lui aussi le privilège de le saluer.

"C'était un moment très sympathique, j'ai vu le Jorge Bergoglio de toujours, la même simplicité, la même tranquillité, il n'était pas du tout solennel", a déclaré à l'AFP M. Rubin.

Certains ont offert de petits cadeaux au pontife, un livre, et même une calebasse à maté (thé consommé en Argentine, en Uruguay et au Paraguay), dont le pape est friand.

"Hier, quand j'ai su que j'étais choisie, je me demandais que lui apporter... évidemment du maté !", a raconté Virginia Bonard, une journaliste argentine venue de Buenos Aires. Le maté, a-t-elle rappelé, "pour les Argentins, c'est la boisson de l'amitié, on se passe (la calebasse) d'une personne à l'autre et on commence à discuter".

Après le long défilé de journalistes, dont un aveugle avec son labrador pour lequel le pape a eu une caresse affectueuse, le pontife a pris congé par quelques mots en espagnol.

Soulignant vouloir "respecter la conscience de chacun", même athées ou adeptes d'autres religions, il a donné sa "bénédiction silencieuse" à toute l'assistance, "car vous êtes tous Fils de Dieu".

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