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Emmanuel Macron à la Sorbonne : écologie, défense, immigration… Quel est le bilan européen du président huit ans après son premier discours ?

Il s'agit du deuxième discours sur l'Europe depuis la Sorbonne pour Emmanuel Macron, en tant que président de la République. [LUDOVIC MARIN/Pool via REUTERS]

Huit ans après le premier, Emmanuel Macron doit prononcer un nouveau discours sur l’Europe ce jeudi depuis la Sorbonne. Depuis 2017, le chef de l’Etat a été amené à voir son champ d'action à l'échelle du Vieux Continent être bousculé par certains événements, sanitaires comme militaires. De quoi faire un bilan.

Emmanuel Macron doit prononcer un discours sur l’Europe depuis la Sorbonne ce jeudi. Il s’agit de la deuxième prise de parole du chef de l’Etat depuis ce lieu et sur cette thématique.

En effet huit ans plus tôt, le 26 septembre 2017, le président de la République défendait sa vision du Vieux Continent «face aux grands défis de notre temps».

Mettant en avant une stratégie commune, basée sur la souveraineté, l’autonomie et l’écologie, Emmanuel Macron, et plus largement l’Union européenne, ont dû faire face à de nombreuses transformations et faits marquants, bousculant certains plans, à l’aube des prochaines élections européennes.

Économie

Dans son discours que l’on nomme aujourd’hui «Sorbonne 1», Emmanuel Macron a mis en avant son souhait de «faire de la zone euro le cœur de la puissance économique de l’Europe dans le monde». Une volonté de puissance économique qui ferait oublier la crise de la zone euro des années 2010.

Cependant, plusieurs épisodes sont venus, avec le temps, ternir cette ambition. En effet, la pandémie de Covid-19, mettant à l’arrêt une grande partie de la planète pendant plusieurs mois, s’est avérée être un véritable défi pour les pays européens.

Pour y faire face, l’Union européenne a adopté, en juillet 2020, un plan de relance à hauteur de 750 milliards d'euros, à destination de la plupart des États membres.

Dans la foulée de la crise sanitaire, l’Union européenne a été confrontée à une nouvelle crise, liée notamment à la guerre en Ukraine, posant la question de l’indépendance énergétique du Vieux Continent et installant une incertitude des marchés financiers.

Une situation problématique menant à une inflation croissante, et différente d’un pays à l’autre. Celle-ci tend à se résorber petit à petit, passant de 5,6% en 2023 à 3,2% en 2024, puis 2,2% en 2025, selon la Commission européenne. Des estimations qui restent cependant fragiles, en raison des tensions géopolitiques qui poussent l’Europe à renforcer sa stratégie de défense.

Défense

En 2017, le chef de l’État défendait sa vision d’une Europe souveraine, «en matière de défense», en «complément de l’OTAN».

Une stratégie qui se concrétise par une forte coopération entre les membres de l’UE et la mise en place d’un fonds européen de défense.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a accéléré le calendrier de la mise en place de cette dite stratégie, poussant l’Union européenne à s’investir massivement pour aider Kiev.

Ainsi, entre 2022 et 2024, l’UE a mobilisé 85 milliards d’euros au titre de la facilité européenne pour la paix, afin de soutenir les forces armées ukrainiennes. Une aide à laquelle Emmanuel Macron a largement contribué, menant régulièrement des discussions afin d’appuyer Volodymyr Zelensky.

C’est dans le cadre de ce conflit que l’Europe a, pour la première fois de son histoire, financé l’envoi d’armes à un pays en guerre. Une mesure qui lui était juridiquement impossible avant mars 2021, et la mise en place de la« Facilité européenne pour la paix», mécanisme de financement des actions opérationnelles.

L’idée d’une «doctrine commune pour agir», décrite par Emmanuel Macron tend à se mettre en place. Depuis novembre 2022, une mission de formation militaire à l’échelle européenne, a permis de former 32.000 soldats ukrainiens sur le territoire de l’UE.

Alors que la menace d’une extension de cette guerre est toujours d’actualité, la question se pose désormais sur la capacité de l’Union européenne à assurer sa propre défense.

Immigration

Il y a huit ans déjà, Emmanuel Macron considérait que l’immigration était un enjeu majeur pour l’Europe, qu’elle soit climatique, ou bien liée à des conflits armés.

C’est dans ce contexte que les acteurs européens se sont mis d’accord, en février dernier, sur un «pacte européen asile et migrations». Celui-ci prévoit une solidarité entre les États membres pour se répartir les demandeurs d’asile, mais aussi un durcissement des règles migratoires. Certains migrants pourront être placés dans des centres de filtrage aux frontières européennes en attendant une réponse rapide à leur demande de titres de séjour.

En effet, des tensions sont apparues récemment entre certains pays en ce qui concerne l’accueil des migrants. L’afflux de migrants sur l’île de Lampedusa, en novembre dernier, ou bien l’accueil du navire Ocean Viking, refusé par l’Italie, en novembre 2022, ont mené à de vifs échanges, notamment entre la France et Giorgia Meloni.

La politique migratoire de l’Union européenne est au cœur de cette campagne des élections européennes. Une thématique d’autant plus présente dans les débats avec le ralliement du côté du Rassemblement national de Fabrice Leggeri, ancien chef de l’agence de l’Union européenne «Frontex», créée en 2004 pour faire face à ces enjeux.

Si son budget constamment été augmenté, son ancien directeur a considéré, pour justifier son soutien à Jordan Bardella, «que la Commission européenne et les eurocrates» ne considéraient pas la «submersion migratoire comme un problème, mais plutôt comme un projet».

Écologie

«J’ai fait mon choix, je crois très profondément que l’Europe doit être à l’avant-garde de la transition écologique efficace et équitable». Tels étaient les mots d’Emmanuel Macron en 2017.

Alors que de nombreuses ONG et le GIEC continuent d’alerter sur les dangers du réchauffement climatique, le chef de l’État dispose d’un bilan plutôt contrasté.

Après avoir soutenu le «Pacte vert européen», qui avait pour but d’atteindre la neutralité carbone en 2050, en mettant notamment en place une loi sur la restauration de la nature, Emmanuel Macron a finalement décidé de faire machine arrière.

En janvier dernier, le président de la République, a demandé «une pause réglementaire européenne», jugeant que l’Union européenne «avait fait plus que ses voisins». Une proposition, en pleine crise du secteur agricole, vivement refusée, notamment par la Belgique, actuellement à la présidence du Conseil de l’Union européenne. «Il n’est pas question de pause dans le Pacte vert» a ainsi assuré la ministre des Affaires étrangères belge Hadja Lahbib sur Public Sénat.

Selon un sondage de l’institut CSA pour CNEWS, publié le 7 avril dernier, l’environnement est le troisième enjeu prioritaire pour les Français lors des prochaines élections européennes, derrière le pouvoir d’achat et l’immigration.

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