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Marseille : quel est ce fabuleux trésor découvert en Méditerranée au cœur d’un procès qui s’ouvre ce lundi ?

Un avis de recherche international sur les monnaies de Lava a été lancé par Interpol en 2011. [©Interpol ]

Près de quarante ans après sa découverte, le trésor de Lava est à nouveau au cœur d’une affaire judiciaire. Un nouveau procès s’ouvre à Marseille ce lundi, contre deux hommes qui ont tenté de vendre une pièce de cet ensemble de pièces exceptionnelles datant de l'empire romain.

Le trésor de Lava n’a pas fini de livrer ses secrets. Ce lundi, un nouveau procès s’ouvre, près de quarante ans après la découverte de cet ensemble d’objets en or d’une rareté exceptionnelle. Après un premier procès, deux hommes sont à nouveau devant la justice, au tribunal correctionnel de Marseille (Bouches-du-Rhône), pour recel et détention d'un bien culturel maritime présentant le caractère de trésor national. 

Pour tout comprendre de cette affaire, il faut dans un premier temps remonter à l’année 1985, en Corse. Félix Biancamaria, son frère Ange, ainsi qu’un ami d’enfance, Jean-Michel Richaud, ont découvert dans le golfe de Lava, à une quinzaine de kilomètres d’Ajaccio, des pièces en or très anciennes, alors qu’ils pratiquaient la pêche aux oursins, selon leurs dires. 

Il s’avère que ces pièces de monnaie faisaient partie du Trésor de Lava, un ensemble exceptionnel d’objets en or du IIIe siècle. Ces pièces de monnaie étaient frappées des portraits des empereurs Gallien, Claude II le Gothique, Aurélien et Quintille, dont les règnes ont été très courts, les rendant donc encore plus rares.

Une première condamnation

Pendant plusieurs années, Félix Biancamaria et son équipe ont donc revendu leurs trouvailles sans les déclarer à l’État, notamment à des collectionneurs et numismates étrangers. En 1986, une partie du trésor de Lava avait été mise aux enchères à Monaco, mais les lots ont été saisis par les douanes. Près de dix ans après l’ouverture d’une enquête par la gendarmerie d’Ajaccio, les frères Biancamaria ont été condamnés en appel à dix-huit mois de prison avec sursis en 1995 pour «détournement d'épave maritime». 

Félix Biancamaria est de nouveau mis en examen en 2010, et c’est dans le cadre de cette nouvelle procédure qu’il doit comparaître devant le tribunal correctionnel de Marseille ce lundi. Il avait été interpellé cette année-là à la gare TGV de Roissy, en provenance de Bruxelles, en possession d’un plat en or incurvé de 25 cm de diamètre estimé à plusieurs millions d'euros, l’une des pièces maîtresses du trésor de Lava. 

L'homme avait affirmé aux enquêteurs que le plat lui avait été confié par son ami d’enfance, Jean-Michel Richaud, ce que ce dernier conteste. Félix Biancamaria a ensuite indiqué avoir remis à Paul Canarelli, propriétaire du luxueux domaine touristique de Murtoli en Corse, qui l'aurait lui-même donné à des acheteurs potentiels belges qui ont ramené en jet privé ce plat de Corse à Bruxelles. Les acheteurs se seraient finalement rétractés, ce qui explique le voyage à Bruxelles de Félix Biancamaria pour récupérer le plat, avant d’être arrêté par la police à son retour en France. 

Des règles encadrent la découverte de trésors

La défense de Félix Biancamaria souhaite mettre l’accent sur l’origine du trésor de Lava pour le disculper. En effet, la découverte d'un trésor est réglementée par la loi, et les «inventeurs» (ceux qui découvrent des trésors) sont soumis à des règles précises. 

Selon l’article 716 du Code civil : «La propriété d'un trésor appartient à celui qui le trouve dans son propre fonds ; si le trésor est trouvé dans le fonds d'autrui, il appartient pour moitié à celui qui l'a découvert, et pour l'autre moitié au propriétaire du fonds.»

En d’autres termes, un trésor vous appartient totalement si vous l’avez découvert sur un terrain dont vous êtes le propriétaire. Si vous avez fait une découverte sur un terrain qui n’est pas le vôtre, vous pouvez prétendre à la moitié des gains. Dans tous les cas, il est impératif de faire une déclaration de découverte à la mairie ou à la préfecture, et les services de l’État pourront ainsi décider si la découverte présente un intérêt archéologique, et si davantage de fouilles et de recherches sont nécessaires. 

Dans le cas d’une découverte en mer, les règles changent. En effet «toute personne qui découvre un bien culturel maritime est tenue de le laisser en place et ne pas y porter atteinte. Elle doit, dans les quarante-huit heures de la découverte ou de l’arrivée au premier port, en faire la déclaration à l’autorité administrative», selon le Code du patrimoine. Tout objet provenant donc d’une épave ou d’un vestige sous-marin appartient à l’État. 

L'origine du trésor de lava

C’est là que la question de l’origine du Trésor de Lava devient importante : les pièces faisaient-elles parties des objets d’un navire ayant échoué près des côtes corses, ou bien de vestiges du IIIe siècle enfouis dans la terre ? Pour Anna-Maria Sollacaro, l’avocate de Félix Biancamaria, il est «bien plus fortement probable que ce trésor émane de l'occupation romaine de l'époque que d'un naufrage», a-t-elle déclaré à l'AFP. Elle demande donc la relaxe de son client et exige que le plat en or lui soit rendu. 

Des pièces datant du IIIe siècle ont été découvertes dans le golfe de Lava dès le milieu du XIX siècle. Le trésor de Lava se composerait au total de 1.200 à 1.500 pièces dont environ 450 pièces auraient été récupérées et vendues, et seraient éparpillées partout dans le monde. Ces pièces d'exception ont été vendues jusqu'à 300.000 euros. 

Dans un article datant de 1958, la revue numismatique révélait qu'un navire romain chargé de pièces d'or et d'objets précieux avait fait naufrage au large de la Corse alors qu'il se rendait en Afrique du Nord, vraisemblablement entre 266 et 270. L'histoire du trésor pourrait donc être déterminante dans le procès.

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