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Émeutes en France : comment se sont terminées les violences urbaines de 2005 ?

Selon les chiffres officiels, 2.921 personnes ont été interpellées, dont 108 mineurs, 2734 personnes ont été placées en garde à vue, débouchant sur 597 incarcérations. [STEPHANE DE SAKUTIN / AFP]

Cinq jours après la mort de Nahel, 17 ans, tué par balle lors d’un contrôle de police à Nanterre, des émeutes et violences urbaines ont éclaté un peu partout dans le pays. Une situation qui rappelle celle de 2005, où la France avait connu près de trois semaines de fortes tensions, avant que celles-ci ne finissent par s’atténuer, sous l’effet du couvre-feu décrété par Jacques Chirac.

À la fin du mois d’octobre 2005, la France s’apprêtait à connaître 19 jours de très forte contestation, après la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré, électrocutés dans un transformateur EDF alors qu’ils fuyaient des policiers. Démarrées à Clichy-sous-Bois, les émeutes se sont progressivement étendues à toute la Seine-Saint-Denis, puis à la France entière. À tel point que le président de l’époque, Jacques Chirac, a décrété un couvre-feu qui a permis petit à petit de rétablir le calme dans le pays.

Le jeudi 27 octobre 2005, Zyed Benna et Muhittin Altun, 17 ans tous les deux, et Bouna Traoré, 15 ans, rentraient chez eux après avoir fait un match de football dans la ville voisine de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis). Sur leur trajet, les trois jeunes se sont approchés d’un chantier, et un témoin a appelé la police pour signaler une tentative de cambriolage. Quelques minutes plus tard, des agents de la brigade anticriminalité (BAC) sont arrivés sur les lieux et ont tenté d’interpeller les jeunes.

Face aux policiers les trois jeunes ont pris la fuite et se sont réfugiés quelques dizaines de mètres plus loin dans un transformateur EDF. Muhittin Altun a été gravement blessé tandis que Zyed Benna et Bouna Traoré sont morts électrocutés. Le soir même, des révoltes éclatent dans leur ville d’origine, à Clichy-sous-Bois, puis se propagent au fil des jours dans toute la Seine-Saint-Denis, avant de gagner l’ensemble du territoire.

L'État d'urgence décrété par Jacques Chirac

Pendant près de trois semaines, les émeutes et les violences urbaines s’intensifient dans tout le pays jusqu’au 8 novembre 2005, où, après une nuit marquée par plus de 1.500 voitures brûlées et des émeutes dans 274 communes, Jacques Chirac a décidé de décréter l’État d’urgence, ce qui a permis d’instaurer des couvre-feux, de renforcer les effectifs de police, et de créer un climat qui fera baisser l’intensité des émeutes, jusqu’à ce qu’elles finissent par s’arrêter totalement au niveau national dans la nuit du 17 au 18 novembre.

Les trois semaines d’émeutes urbaines ont causé la mort de trois personnes, dont deux qui tentaient d’éteindre des incendies et qui ont péri asphyxiés, tandis qu’un troisième est mort sous les coups d’un émeutier, condamné à cinq ans de prison. Selon les chiffres officiels, 2.921 personnes ont été interpellées sur la période, dont 108 mineurs. 2.734 personnes ont été placées en garde à vue, débouchant sur 597 incarcérations. Un autre décompte effectué par L’Obs dénombre 6.056 émeutiers interpellés, 1.328 personnes condamnées, 233 bâtiments publics dégradés et 10.346 voitures incendiées.

Les deux policiers mis en examen en 2007 pour «non-assistance à personne en danger» ont finalement été relaxés en 2015, le juge estimant qu’ils n’avaient pas «une conscience claire d’un péril grave et imminent». Le jugement a été confirmé en appel en 2016.

La droite progresse après les émeutes

Au niveau politique, la popularité du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy fait un bond de 11 points, pour s'établir à 63% d'opinions favorables en novembre 2005. Le Premier ministre Dominique de Villepin (+ 7 points) à 58% et le président Jacques Chirac (+ 6 points) à 39% bénéficient aussi de leur gestion de la crise. Le Front national compte quant à lui 12.000 demandes d'adhésion à son parti entre le début des émeutes et le début du mois de décembre.

Le 14 novembre, le président Jacques Chirac a félicité les forces de l’ordre et déploré «la crise de sens» et la «crise de repères» de la jeunesse, tout en leur assurant «qu’ils sont tous les fils et les filles de la République». Un plan pour la banlieue a ensuite été mis en place par Dominique de Villepin avant qu’il ne soit finalement abandonné par Nicolas Sarkozy lors de son élection à la présidentielle de 2008.

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