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Île-de-France : quelles sont ces villes qui possèdent «trop» de logements sociaux ?

La région francilienne possède un quart des logements sociaux français. La région francilienne possède un quart des logements sociaux français. [© LIONEL BONAVENTURE / AFP]

Limiter la construction de logements sociaux dans les villes qui en possèdent plus de 40 % : c'est le débat qui anime les parlementaires depuis plusieurs semaines. En Île-de-France, 42 municipalités seraient concernées.

La région francilienne possède plus 1,3 million de logements sociaux, soit environ un quart du parc HLM national. En Île-de-France, le parc locatif social représente en effet 25 % des résidences principales, alors qu'il n'est qu'à 15 % dans le reste de la France. Sans surprise, c'est également la région qui répertorie le plus de villes possédant plus de 40 % de logements sociaux, voire jusqu'à près de 70 % pour l'une d'elles.

Dans la région, trois villes forment le trio de tête, avec plus de 60 % d'habitations HLM : Dugny (69,2 %) et L'Île-Saint-Denis (61 %), en Seine-Saint-Denis (93), suivies de Bagneux (60,4 %), dans les Hauts-de-Seine (92). Si une loi est votée pour «encadrer la production de logements sociaux dans les communes qui en comptent déjà plus de 40 %», 39 autres communes franciliennes seraient également concernées.

Treize d'entre elles comptent entre 50 et 60 % de logements sociaux : Trappes et La Verrière, dans les Yvelines (78), Fleury-Mérogis, en Essonne (91), Gennevilliers, Villeneuve-la-Garenne et Nanterre, dans les Hauts-de-Seine (92), Stains et Villetaneuse, en Seine-Saint-Denis (93), Valenton, Bonneuil-sur-Marne et Orly, dans le Val-de-Marne (94) ainsi que Villiers-le-Bel et Sarcelles, dans le Val d'Oise (95).

Vingt-six autres en comptent entre 40 et 50 %. Parmi elles, Le Mée-sur-Seine, Montereau-Fonlt-Yonne, Bagneaux-sur-Loing, Lizy-sur-Ourcq et Champagne-sur-Seine, en Seine-et-Marne (77), Gyancourt, Achères, Chanteloup-les-Vignes, Les Mureaux et Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines (78), Les Ulis, Epinay-sous-Sénart et Grigny, en Essonne (91), Châtenay-Malabry, dans les Hauts-de-Seine (92), Bobigny, La Courneuve, Noisy-le-Sec, Bagnolet, Bondy, Saint-Denis, Romainville et le Pré-Saint-Gervais, en Seine-Saint-Denis (93), Gentilly et Arcueil, dans le Val-de-Marne (94) ainsi que Gonesse et Garges-lès-Gonesse, dans le Val d'Oise (95). 

un accord obligatoire avant toute construction ?

Si la loi passe, toutes ces communes devront d'abord demander l'accord de l’Etat avant de construire des logements sociaux à destination des ménages les plus modestes, aussi appelés PLAI (prêt locatif aidé d'intégration) et PLUS (prêt locatif à usage social). Sachant que les loyers varient entre 7 et 12 euros le m² selon votre zone géographique pour les PLAI, et entre 5 et 9 euros pour les PLUS, selon l’Agence nationale de l’habitat.

«On marche sur la tête», s'énerve Ian Brossat, l'adjoint à la mairie de Paris chargé du logement. L'élu communiste rappelle en effet qu'il y a «700.000 demandes» de logements sociaux «rien qu'en Île-de-France», alors que la construction de HLM y «est en chute libre depuis que Macron est président». «Et voilà que maintenant ils veulent s'attaquer aux maires qui... en font trop ! Pendant ce temps, les maires qui n'en font aucun dorment sur leurs deux oreilles», tempête-t-il.

Demander l'autorisation de l'Etat pour se voir possiblement refuser la construction de nouveaux logements sociaux est une solution qui pourrait s'avérer catastrophique pour les nombreux Franciliens encore en attente d'un logement social. Fin 2020, 743.000 personnes en étaient demandeurs dans la région, selon le comité régional de l'habitat, alors que 70.000 logements sont attribués chaque année, voire seulement 60.000 en 2020.

Or, c'est justement dans les quartiers populaires – qui possèdent déjà un certain nombre d'habitations à loyer modéré – que la demande est la plus forte. «Un maire ne peut plus sortir de la mairie sans rencontrer des dizaines de personnes qui s'adressent à lui» pour demander une accélération de leur demande de logement, assure Patrick Jarry, le maire divers gauche de Nanterre et président de la commission logement de la Métropole du grand Paris.

Une manifestation le 10 novembre

A tel point que 95 élus franciliens, dont 17 maires, ont décidé de se mobiliser pour éviter que la crise ne s'aggrave. Ensemble, ils appellent à manifester le 10 novembre à 18h devant le ministère du Logement, pour que «les rues de Paris entendent le cri de ces familles qui attendent un logement social ou ceux qui veulent accéder à la propriété», a lancé le maire de Nanterre.

Mais conscients que la solution ne réside pas non plus dans la construction de grandes barres d'immeubles, ces élus proposent de nouvelles solutions comme celle d'inclure des logements sociaux dans des immeubles privés, car «personne ne veut qu'on reconstruise de grands ensembles dans un coin et des quartiers plus résidentiels dans un autre», a souligné Patrick Jarry, selon qui «l'avenir des métropoles, c'est le mélange».

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