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Une jihadiste présumée libérée pour vice de forme ?

D'après l'article 114 alinéa 2 du code de procédure pénale, la détenue est libérable de droit et ce dès ce lundi soir. [JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP]

Parce qu'une convocation judiciaire est partie trop tard de Paris il y a dix jours, une femme de 36 ans détenue depuis deux ans à Lyon dans le cadre d'un dossier terroriste était libérable. La justice a néanmoins ordonné lundi son maintien en détention provisoire.

Farida Bekhaleb, en détention provisoire depuis 2014, faisant l’objet d’une condamnation pour «association de malfaiteurs en vue de préparer un acte terroriste», aurait pu être libérée ce lundi 19 septembre. Son mandat de dépôt expirant ce lundi soir, Farida Bekhaled était convoquée le 14 septembre pour un débat contradictoire devant le juge des libertés et de la détention en vue de son renouvellement.

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Or selon son avocate Florence Vincent, la convocation envoyée en recommandé est partie de Paris le 7 septembre et elle l'a reçue le lendemain, soit moins de cinq jours ouvrables avant la date de l'audience, le délai légal requis par l'article 114 alinéa 2 du code de procédure pénale. A l'origine, le greffier du JLD avait pourtant adressé cette convocation par fax le 6 septembre vers 12H00, selon une source proche du dossier. Mais le document n'est jamais arrivé chez l'avocate. Le greffier avait alors envoyé un recommandé le jour-même. 

Une famille aux lourds antécédents terroristes

Les délais légaux de convocation n'ayant pas été respectés, le JLD avait décidé de ne pas prolonger la détention provisoire, décision dont avait fait appel le parquet de Paris. L'affaire, révélée dimanche soir sur le site de BFMTV, a examinée par la chambre de l'instruction ce lundi en visioconférence avec la prison de Lyon-Corbas où Farida Bekhaleb est détenue. L'ordonnance de non prolongation de sa détention provisoire y a été infirmée, et Farida Bekhaled devrait rester en prison.

Une éventuelle libération inquiètait fortement les autorités compte tenu des lourds antécédents de la famille en matière de terrorisme. Quatre autres personnes avaient été arrêtées à Vaulx-en-Velin et Meyzieu il y a deux ans, dont Karim et Reda Bekhaled, deux frères de la suspecte, dans le cadre d'une enquête du parquet antiterroriste de Paris sur des filières de recrutement de djihadistes vers la Syrie.

Trois frères Bekhaled combattants en Syrie

Le parquet avait alors affirmé que les deux frères «nourrissaient l'ambition de mourir en martyr» et projetaient «un passage à l'acte violent imminent». Ancien membre du groupe Forsane Alizza (Les Cavaliers de la fierté), dissous en février 2012, Reda Bekhaled avait trahi ses intentions lors d'une conversation téléphonique interceptée par les policiers.

Des armes avaient d'ailleurs été saisies par les policiers lors de l'opération, dont un fusil d'assaut Kalachnikov prêt à tirer, ainsi qu'un gyrophare, une sirène, un brouilleur de portable. La femme de 36 ans est soupçonnée d’avoir aidé ses deux frères dans la préparation d’un attentat lors d’une soirée du Crif le 18 septembre 2014.

Trois autres frères Bekhaled - Mohamed, Farid et Rafik - avaient rejoint la Syrie au second semestre 2013, selon la justice, afin de combattre dans les rangs des djihadistes. Interpol a diffusé trois mandats d'arrêt internationaux à leur encontre, à la demande de la France.

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