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La semaine de Philippe Labro : le rugby crève l’écran, Woody reste un pilier

Philippe Labro, écrivain, cinéaste et journaliste.[THOMAS VOLAIRE]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour Direct Matin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

 

SAMEDI 26 SEPTEMBRE

Si l’on en croit les chiffres d’audience à la télévision, la Coupe du monde de rugby continue non seulement d’intéresser, mais «monte en puissance» – pour employer une expression sportive. Ainsi, ce soir-là, samedi, nous avons été captivés par la rencontre Angleterre-pays de Galles. Tous les ingrédients étaient réunis : rivalité entre deux cultures, deux peuples – qui, malgré tout, font partie du Royaume-Uni –, une pléthore de moments dramatiques (avec les blessés gallois sur la fin du match) et ce suspense qui, jusqu’à l’ultime minute, fait hésiter le spectateur objectif (puisqu’il ne s’agit pas de la France, on a pu suivre sans trop de parti pris), et ces trois petits points qui font basculer le résultat final en faveur des Gallois, courageux et opportunistes, leur joie tranquille et la stupéfaction des Anglais qui ne pouvaient digérer leur défaite. Et, cependant, mains tendues, haie d’honneur et mea culpa des vaincus, et de leur coach.

Pourquoi cet engouement ? Pourquoi les femmes suivent-elles cette compétition, ce sport, avec plus d’intérêt, voire de passion, que pour un match de foot ? Sans doute parce que la diversité des situations, la complexité du jeu, éclairée par commentaires et gros plans, séduisent un public féminin, dont une partie découvre ce sport si télégénique. Cela ne fera qu’amplifier à mesure qu’on entrera dans le cycle diabolique de l’élimination directe. Quarts de finale, demies, finale – il nous reste encore quelques belles soirées ou après-midi – pour savourer cette distraction devenue presque essentielle.

 

LUNDI 28 SEPTEMBRE

Vu en avant-première le nouveau Woody Allen qui sortira en salles le 14 octo­bre à Paris et dans toute la France. Il s’agit de L’homme irrationnel, son seizième film en seize ans. Les réflexions vont bon train, pratiquement les mêmes qu’il y a un an, à la même date : Est-ce un bon Woody Allen ? Ne tire-t-il pas un peu trop ­sur la corde ? Les partisans d’Allen (80 ans) disent : «On retrouve tout son univers, sa boîte à idées, son penchant pour un peu de philosophie, son humour et son goût pour des situations qui font basculer une histoire dans un suspense et une certaine attirance, à la Hitchcock, pour la recherche du “crime parfait”.»

«Certes, rétorquent les détracteurs, mais ce n’est pas Match Point, qui est son dernier grand film. C’est du Allen petite cuvée.» Ce à quoi les inconditionnels répondent : «Petite ou grande cuvée, Allen a bâti une vraie œuvre et il faut considérer son Homme irrationnel comme une page de plus dans son livre d’histoires.» Pendant ce temps, Woody Allen a déjà entamé le tournage du prochain film. Le petit homme aux binocles noirs et au chapeau japonais ne peut pas, ne veut pas s’arrêter. Pourvu que le public français et européen lui offre suffisamment d’entrées en salles, il continuera, malgré l’indifférence à peine polie avec laquelle Hollywood et «l’industrie» (ainsi s’auto-intitulent-ils en Californie) considèrent cet auteur.

 

JEUDI 1er OCTOBRE

On entre dans l’avant-dernière ligne droite pour les prix littéraires de novembre. La prochaine liste des sélections pour le Goncourt sera connue le 7. On parle beaucoup de Delphine de Vigan (D’après une histoire vraie), mais aussi de 2084, la fin du monde, le nouveau livre de Boualem Sansal, paru chez Gallimard, qui suscite déjà un vif intérêt chez les lecteurs et les libraires. Le récit de Sansal est-il prophétique ? Il raconte l’Abistan, un empire omniprésent dont le système repose sur la soumission totale à un dieu unique. Soumission ? Ça ne vous rappelle rien ?

 

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