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La chronique de Philippe Labro : les dieux du stade, la reine de la scène

Philippe Labro, écrivain, cinéaste et journaliste.[THOMAS VOLAIRE]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour Direct Matin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

 

DIMANCHE 20 SEPTEMBRE

Le rugby à XV déferle dans l’actualité, il est là, il draine des foules considérables. A chaque fois, contre l’Italie, puis contre la Roumanie, l’équipe de France a été suivie par plus de huit millions de téléspectateurs. On vous dit : «C’est normal, c’est la Coupe du monde, ça n’arrive qu’une fois tous les quatre ans.» A quoi, vous répondez : «D’accord, mais la rencontre entre la Nouvelle-Zélande et l’Argentine a été regardée par près de quatre millions de personnes. Or, la France n’était pas sur le gazon. Cela signifie que tous les matchs, et pas seulement ceux des Bleus, font pénétrer un peu plus la “culture rugby” dans l’inconscient collectif français.»

Que veut dire ce terme, «culture rugby» ? Même si ce sport, né en Angleterre, et qui remplit, chaque dimanche, les stades les plus modestes de villes dont on parle si peu, et qui forment le tissu de ce qu’on appelle le «midi» de la France (Saint-Vincent-de-Tyrosse, Lavelanet, Carmaux, Mont-de-Marsan, Dax, Agen, etc.), aussi bien que quelques poches isolées dans l’Hexagone (Grenoble, et deux équipes à Paris) – même, donc, si ce sport s’est professionnalisé et a connu de multiples changements dans les règles de jeu, il offre un contraste frappant avec le football. Au rugby, quel que soit l’enjeu, on se range sous la férule de plusieurs commandements.

1er commandement : tu respecteras ton adversaire, quelle que soit la vigueur, voire la violence du combat, et tu lui tendras la main à la fin du match.

2e commandement : tu ne discuteras jamais, jamais, les décisions de l’arbitre. Si tu as le malheur de le faire, tu es dehors sans délai.

3e commandement : tu attendras de ton public qu’il te soutienne sans crier «enculé» à chaque renvoi de ballon, sans balancer des bouteilles de bière vides en direction d’un joueur sur lequel on a mis un «contrat» (l’épisode Mathieu Valbuena lors du match de foot OM/OL à Marseille a été lamentable, pitoyable, lassant).

4e commandement : tu devras considérer que l’imprévisible rebond d’un ballon ovale est une métaphore de la vie. Tu accepteras le principe selon lequel rien ne se déroule comme prévu dans l’existence, à l’image de ce ballon irrationnel.

 

MARDI 22 SEPTEMBRE

Je passe une partie de l’après-midi dans les couloirs, loges et plateau du Studio Gabriel, à Paris, où Michel Drucker enregistre Vivement dimanche. Muriel Robin est son invitée star. Elle avait gentiment souhaité ma présence pendant quelques minutes. Muriel Robin, célèbre pour sa gouaille, son humour, le pathos, le don d’imitation, l’imagination qui se mêle au vécu, le sens de la dérision allié à celui de l’empathie – ses one-woman shows lui ont fait gagner des millions de fidèles depuis déjà longtemps. Cette année, elle a pris le risque de jouer une pièce de théâtre, Momo de Sébastien Thiéry, avec François Berléand, au Théâtre de Paris.

L’un de ses «maîtres» fut Michel Bouquet, 91 ans, présent ce jour-là, admirable de modestie et d’intelligence de son métier – Muriel l’écoute, la caméra saisit son émouvant visage, aux pommettes hautes, qui lui donnent l’air d’une petite fille, contrastant avec la détermination de son menton carré. J’observe aussi la dextérité si familière de Drucker. C’est la dix-huitième année consécutive qu’il anime ce rendez-vous, qui se veut un magazine, un carrefour de talents les plus divers, la synthèse de toutes ses expériences passées – cinquante ans de présence à la télé. Bouquet, Robin et lui illustrent la formule éternelle : «L’important, c’est de durer.»

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