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L'été n'offre aucun répit à Hollande

Le président français François Hollande à Liège lors des commémorations de l'invasion de la Belgique par l'Allemagne lors de la Première guerre mondiale le 4 août 2014 [Fred Dufour / AFP/Archives] Le président français François Hollande à Liège lors des commémorations de l'invasion de la Belgique par l'Allemagne lors de la Première guerre mondiale le 4 août 2014 [Fred Dufour / AFP/Archives]

Censure d'une mesure phare du pacte de responsabilité, "nein" cinglant de Berlin sur la croissance, fronde du PRG qui menace de quitter le gouvernement... François Hollande est poursuivi jusque dans ses vacances par l'adversité.

Le chef de l'Etat qui, selon son entourage, soufflera mardi ses 60 bougies "en famille, avec ses enfants, et sans doute à la Lanterne", résidence d'Etat en lisière du parc du Château de Versailles, s'est éclipsé depuis lundi soir et pour une dizaine de jours.

Il n'est sorti de sa retraite estivale qu'une seule fois depuis, via un communiqué de l'Elysée consacré à la situation au Proche-Orient.

Sur la scène intérieure, le gouvernement est donc en première ligne. "Nous avons décidé que sur le pacte de responsabilité, Michel Sapin (Finances) et Marisol Touraine (Affaires sociales) porteraient la réponse de l'exécutif", confirme un proche du président.

Mercredi, les neuf Sages du Conseil constitutionnel ont retoqué une mesure emblématique du volet "solidarité" de ce pacte dont le chef de l'Etat a fait l’alpha et l'oméga du redressement économique de la France: l'allègement des cotisations des salariés modestes.

Un nouveau coup dur pour l'exécutif. Rajouté en catastrophe au lendemain de la déroute socialiste des municipales, le volet "solidarité" du pacte se voit ainsi vidé de sa substance, contraignant le gouvernement à changer son fusil d'épaule. Il envisage désormais de passer par la voie fiscale pour tenir ses promesses de soutien du pouvoir d'achat.

Ce revers lui vaut une avalanche de critiques, de l'UMP, bien sûr, à l'origine de la saisine du Conseil constitutionnel et qui raille l'"amateurisme" du gouvernement mais aussi des "frondeurs" du PS.

Autre coup dur pour François Hollande: la fin de non recevoir du gouvernement allemand qu'il pressait d'apporter "un soutien plus ferme à la croissance" en Europe et en France. "Les déclarations très générales en provenance de Paris ne fournissent aucune raison pour de quelconques corrections dans la politique économique" de Berlin, a balayé mercredi la porte-parole du gouvernement allemand.

La presse, outre-Rhin, est à l'unisson, de la Süddeutsche Zeitung, quotidien de centre gauche, qui estime que François Hollande attend à tort "le salut de l'extérieur" au conservateur Die Welt pour lequel, après l'échec de sa politique économique, "le seul espoir que Hollande caresse encore, c'est qu'Angela Merkel le sorte de là".

"On ne commente pas", dit-on à l'Elysée où l'on se borne à constater que "le président de la République s'est déjà expliqué largement sur le sujet".

- Rentrée morose -

Même mutisme a propos du Parti radical de gauche qui a menacé mercredi de quitter le gouvernement où il détient trois maroquins s'il n'était pas "entendu" sur la réforme territoriale (le PRG réclame entre autres le maintien des conseils généraux dans les départements ruraux).

Sa défection pourrait faire vaciller la majorité présidentielle à l'Assemblée, déjà fragilisée par le départ des écologistes, quand viendra, à la rentrée, l'heure de la discussion et du vote du budget 2015.

A tout ceci, l'entourage de François Hollande n'apporte pour l'heure qu'une seule réponse: "L'exécutif est au travail, prêt à affronter l'adversité à la rentrée. Cette pause estivale est aussi un temps d'action et de préparation pour y faire face".

Et il y aura fort à faire de l'aveu même du Premier ministre Manuel Valls qui, à l'issue d'un ultime "séminaire" du gouvernement le 1er août a préparé les esprits à une rentrée "difficile".

Même si Bercy a "démenti formellement" mardi que le ministre des Finances ait affirmé au cours de ce séminaire qu'il se satisferait déjà de 0,5% de croissance cette année alors que la prévision officielle est toujours de 1%, l'exécutif redoute l'estimation de l'Insee pour le deuxième trimestre, attendue le 14 août.

L'Institut national de la statistique ne table déjà plus que sur 0,7% sur l'année, tout comme le FMI, alors que l'agence de notation Moody's évoque un pâle 0,6%.

En attendant, la popularité de François Hollande reste plombée même si le baromètre mensuel YouGov affiche jeudi un léger frémissement positif, avec une hausse de deux points à 16%. Quant à Manuel Valls, il a déjà perdu une grande partie du capital de sympathie dont il disposait à son arrivée à Matignon, avec une popularité tombée à 28% dans ce même baromètre.

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