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Une centaine de députés PS mettent la pression sur Valls

Le député Roger-Gerard Schwartzenberg (d) donne une poignée de mains au Premier ministre Manuel Valls après une réunion à l'Hôtel de Matignon à Paris le 7 avril 2014 [Fred Dufour / AFP] Le député Roger-Gerard Schwartzenberg (d) donne une poignée de mains au Premier ministre Manuel Valls après une réunion à l'Hôtel de Matignon à Paris le 7 avril 2014 [Fred Dufour / AFP]

Une centaine de parlementaires mettent la pression sur Manuel Valls à la veille de sa déclaration de politique générale, en réclamant un "contrat de majorité" avec le gouvernement et en menaçant, pour certains, minoritaires, de ne pas voter la confiance.

En gestation dès le soir du deuxième tour de la débâcle des municipales, ce "contrat" demande la "fin des politiques d’austérité" en Europe, des mesures en faveur des bas salaires et des petites retraites, un accent sur l'investissement national, et sur la forme, davantage de pouvoir redonné au Parlement.

"Ce n'est pas, contrairement à ce que certains veulent faire croire, une motion de défiance", assure d'emblée le député Jean-Marc Germain, l'un des signataires. Nous ne sommes "pas des rebelles", juste "des représentants du peuple", renchérit Christian Paul, à l'initiative de ce texte.

Ce contrat, intitulé "Les conditions de la confiance", a reçu la signature de 90 socialistes, pour quasi l'essentiel des députés, de différentes sensibilités: aile gauche, aubrystes, proches du mouvement "Gauche populaire" (ex-strausskahniens), mais aussi un ou deux proches d'Arnaud Montebourg, ou encore le rapporteur du Budget à l'Assemblée nationale Christian Eckert.

Martine Aubry a indiqué lundi qu'elle aurait "signé" ce texte, soulignant que "pour que notre République marche bien (...) il faut un Parlement qui soit entendu".

Sauf surprise, la plupart de ces députés voteront la confiance. "Je voterai bien entendu la confiance à ce gouvernement. Ne pas le faire serait lui faire un procès d'intention et pourrait ouvrir une crise politique", a déclaré M. Eckert.

Soucieux de vouloir rassembler, le Premier ministre Manuel Valls a pris soin de recevoir une délégation d'entre eux dimanche soir et des contacts se poursuivaient lundi, selon plusieurs sources.

"Ca n'était pas un marchandage façon IVe République, on n'est pas allés négocier, mais on n'est pas allés non plus menacer. Ce qui était important, c'était d'exercer un devoir d'alerte", a expliqué M. Paul.

Pour que M. Valls n'ait pas la majorité au moment du vote de confiance, il faudrait une rébellion d'au minimum 50 députés PS. Le vote se déroule à la majorité des suffrages exprimés, ce qui ne prend donc pas en compte les non-votants et les abstentions.

 

- 'Dissuasion nucléaire'

 

Le député PS Henri Emmanuelli à l'Assemblée nationale 2 octobre 2012 à Paris [Kenzo Tribouillard / AFP/Archives]
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Le député PS Henri Emmanuelli à l'Assemblée nationale 2 octobre 2012 à Paris
 

Pour autant, certains signataires du "contrat" font planer le doute sur leur choix. "Il y a en a certains qui s'abstiendront", croit savoir la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann (aile gauche), selon laquelle cependant "personne ne va dire ce qu'il va voter jusqu'au dernier moment". "Entre s'opposer à certains textes techniques et utiliser la dissuasion nucléaire...", relevait-elle.

Henri Emmanuelli, député des Landes, menace de s'abstenir, demandant que le Parlement se prononce à un moment sur le Pacte de responsabilité. "Ce sera pour moi le prix de la confiance. Confiance, oui, chèque en blanc non. En l'absence de cet engagement précis, ce sera l'abstention".

Pouria Amirshahi, député des Français de l'étranger, a averti: "Si voter la confiance c'est voter le pacte de responsabilité, alors je ne donnerai pas de chèque en blanc par mon vote".

Interrogé par l'AFP, Laurent Baumel (Gauche populaire) a assuré que sa décision n'était pas prise et que "rien n'(était) exclu à ce stade". "C'est un vote qui n'est pas simple car c'est d'abord celui (reconnaissant ou non) l'existence du gouvernement", a-t-il dit.

S'agit-il seulement d'une volonté, pour l'aile gauche ou d'autres, de faire monter les enchères à un moment propice? Tentant de minimiser cette initiative, le porte-parole du PS David Assouline a parlé de "mises en scène ou parfois d'instrumentalisation" par certains d'un texte qui "ne va pas au-delà de ce qui est notre patrimoine commun".

Signe, toutefois, de la gêne provoquée, le groupe PS a lancé une autre initiative, une "charte de la majorité" entre Assemblée et gouvernement, qui porte sur la revalorisation du travail parlementaire, la préparation en amont des textes de loi et les modalités de discussion de ces textes.

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