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Ecotaxe : la controverse repart

La ministre de l'Ecologie Ségolène Royal arrive à l'Elysée, le 4 avril 2014 [Lionel Bonaventure / AFP] La ministre de l'Ecologie Ségolène Royal arrive à l'Elysée, le 4 avril 2014 [Lionel Bonaventure / AFP]

Ségolène Royal a assuré vendredi que sa proposition de "remise à plat" de l'écotaxe poids lourds était simplement du "temps donné à l'écoute", mais la première déclaration de la nouvelle ministre de l'Ecologie a surtout réveillé les positions des pro et des anti.

 

"La remise à plat de l'écotaxe n'a aucune raison de soulever une polémique. C'est une méthode de respect et du temps donné à l'écoute...", a affirmé Ségolène Royal sur son compte Twitter, en réponse à la controverse naissante.

 

 

"D'ailleurs un rapport parlementaire est rendu dans 15 jours dont le gouvernement prendra connaissance avant les décisions", a souligné la ministre de l'Ecologie et de l'Energie, qui selon des sources du monde économique devrait récupérer rapidement le portefeuille des Transports.

Jeudi, au lendemain de sa prise de fonctions, elle avait affiché son souhait de "remettre à plat les choses pour voir quelles sont les autres possibilités (...) pour dégager des financements pour, en effet, faire les travaux ferroviaires et routiers", réitérant son hostilité à "l'écologie punitive".

L'écotaxe, dont l'entrée en vigueur est toujours suspendue, vise à taxer les poids lourds de plus de 3,5 tonnes afin de financer notamment des infrastructures de transport "durable", via des portiques installés sur les grands axes.

 

Un camion passe devant un portique écotaxe sur une route départementale dans le nord-ouest de la France [Philippe Huguen / AFP/Archives]
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Un camion passe devant un portique écotaxe sur une route départementale dans le nord-ouest de la France
 

"Faux départ?", "inquiétude", "mauvaise entrée en matière": les ONG environnementales ont dégainé les premières pour défendre la mesure.

Celle-ci a été plusieurs fois reportée et la dernière fois sans précision de calendrier par le gouvernement Ayrault, sous la pression de manifestants hostiles en Bretagne, les "Bonnets rouges".

D'autres partisans ont embrayé, du côté des partis.

Selon EELV, qui vient de quitter le gouvernement malgré une proposition d'occuper le ministère finalement attribué à Mme Royal, l'annonce de la ministre "ressemble à un enterrement de première classe".

 

Casse-tête 

Le sénateur UMP François Grosdidier, a dénoncé des déclarations "irresponsables et inconséquentes" de la ministre, qui "nous fait faire un bond de dix ans en arrière".

"Du nord au sud, les transporteurs contournent l’Allemagne et la Suisse (où ils doivent payer l’écotaxe) pour polluer l’air et abimer les routes françaises… et, grâce à Mme Royal, ça va continuer", a-t-il lancé.

A l'UDI, le député de la Meuse et responsable du pôle écologie Bertrand Pancher a dressé la liste de grands projets d'infrastructure (traitement des "points noirs" du réseau ferroviaire, contournements autoroutiers de villes...) menacés selon lui par un abandon de l'écotaxe.

D'autres à l'inverse se sont félicités de la promesse d'une "remise à plat", comme les coopératives agricoles Coop de France, qui ont appelé à prendre en compte "ce nouveau regard, plus conforme au Pacte de responsabilité annoncé par le président de la République".

En parallèle, le mouvement breton des "Bonnets rouges", fer de lance musclé de la contestation anti-écotaxe, a demandé à François Hollande de venir "rapidement" en Bretagne écouter leurs revendications, menaçant d'un "printemps" du mouvement en cas de refus. Parmi elles, la suppression définitive de la mesure.

Le nouveau porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll a lui aussi minimisé la portée des déclarations de la ministre. "Ségolène Royal a rappelé une position qu'elle a déjà évoquée, a-t-il estimé, assurant qu'il y aurait "un débat (...) dans un cadre interministériel et, après ces discussions, le Premier ministre rendra un arbitrage".

Le casse-tête de l'écotaxe est renforcé par le fait qu'en cas d'abandon, le contrat noué avec Ecomouv, le consortium industriel (l'italien Autostrade à 70% et les français Thales, SNCF, SFR et Steria) chargé de la collecte de l'écotaxe, prévoit que l'Etat rembourse les investissements consentis, estimés à 800 millions d'euros.

Après une polémique sur un contrat jugé désavantageux pour l'Etat, une enquête préliminaire du parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine) a été rouverte en novembre sur les conditions d'attribution. Une enquête sénatoriale est également en cours. Le partenariat public-privé, qui attribue près de 20% des recettes totales à Ecomouv, avait été signé en 2011 sous le gouvernement Fillon.

 

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