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J-L. Bruguière : "Les processus de radicalisation ont changé"

L'ex-juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière, le 21 septembre 2001 à Toulouse. [Pascal Pavani / AFP]

Alors qu’un site islamiste a de nouveau appelé récemment à lancer des attaques contre la France, le président François Hollande a réuni ce lundi un conseil de défense sur la menace jihadiste. Pour Jean-Louis Bruguière, ex-juge anti-terroriste, si ce phénomène n’est pas nouveau, il prend de l’ampleur. 

 

La menace terroriste est-elle plus forte en France qu’ailleurs ? 

Notre pays est menacé par l’islamisme radical depuis les années 1990, avec différentes organisations tels que notamment le GIA, le GSPC et enfin Aqmi (voir encadré). Mais l’action de la France au Mali a accrû la menace. Cette confrontation militaire avec des groupes terroristes entraîne des réactions. Enfin, le conflit en Syrie a eu un effet majeur sur le processus de radicalisation.

 

Pourquoi des Français partent-ils faire le jihad en Syrie ? 

Ce n’est pas un phénomène nouveau mais les flux sont sans précédent, notamment parce qu’il est facile de rallier ce pays en passant par la Turquie. De plus, les processus de radicalisation ont changé. Rapides, ils touchent de plus en plus de jeunes, même mineurs, ce qui était très marginal auparavant.

 

Faut-il blâmer l’utilisation d’Internet ou bien encore des réseaux sociaux ? 

Ceux-ci jouent incontestablement un rôle. Ce sont des moteurs formidables pour les organisations terroristes, qui ont toutes un compte Twitter,un groupe Facebook ou un site web et se sont emparées de ce moyen de communication très attractif pour les jeunes.

 

En quoi ces apprentis jihadistes partis en Syrie peuvent-ils représenter une menace pour la France ?

Ceux qui partent aujourd’hui ont une faible formation idéologique et sont beaucoup plus malléables. Ils agissent sans grande réflexion mais de manière très réactionnelle. C’est effectivement d’autant plus dangereux car ils peuvent être manipulés et il est compliqué d’anticiper leurs actions. Or, certains représenteront une menace réelle une fois de retour en Europe. Ils auront rencontré d’autres individus, auront de l’expérience. Ils peuvent agir spontanément, recevoir des missions, monter des réseaux clandestins en France, voire s'engager dabs des opérations à caractère terroriste. 

 

La loi française est-elle efficace pour contrer ce type de menaces ? 

Je considère que oui. Notre arsenal législatif est très développé, n’a jamais été remis en cause par les majorités successives et se renforce régulièrement, comme dernièrement avec les lois Valls. Les moyens et les outils sont là, nos services de renseignement sont très performants. Mais la sûreté, ce n’est jamais du 100 %, notamment parce qu’il est difficile d’agir préventivement. 

 

Comment peut-on agir, concrètement, pour empêcher des individus d’aller combattre à l’étranger ? 

Nous sommes dans un Etat de droit, avec une liberté de circulation. On ne peut arrêter quelqu’un qu’en cas d’infraction. Si un individu annonce son souhait de partir en Turquie sans mobile jihadiste avéré, la justice reste impuissante. Quant au problème spécifique posé par les jeunes, il faudrait se concentrer surune détection plus précoce.  Celle-ci devrait se faire aussi dans le cadre familial, associatif et scolaire, pour anticiper au plus tôt le passage à la violence terroriste. 

 

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