En direct
A suivre

60 ans de l'appel de l'Abbé Pierre : le mal-logement perdure

Affiche du rapport sur le mal-logement en France au siège de la Fondation Abbé Pierre à Paris, le 23 janvier 2013 [Thomas Samson / AFP/Archives]

Le mouvement lancé par l’Abbé Pierre a réveillé les consciences, mais le mal-logement touche encore aujourd’hui 10 millions de Français. 

 

C’était il y a soixante ans. Le 1er février 1954, sur les ondes de Radio-Luxembourg, aujourd’hui devenue RTL, l’abbé Pierre lançait un appel aux dons pour aider les sans-abri. Cette véritable prise de conscience devait déboucher bien plus tard à la popularisation de la notion de «mal-logement», qui recouvre à la fois l’absence de toit et les mauvaises conditions d’habitat.

«Si l’on considère tous les ménages fragilisés, ce sont plus de dix millions de personnes qui sont touchées par la crise du logement», estime la Fondation Abbé-Pierre dans son 19e rapport annuel rendu public aujourd’hui.

 

L’hébergement d’urgence saturé 

Premiers concernés, les 700 000 Français dépourvus de logement. Outre les sans-abri contraints de dormir dans la rue, la Fondation Abbé-Pierre souligne la résurgence des squats et des bidonvilles, alors que l’hébergement d’urgence, «sous pression», ne peut soutenir la hausse des demandes.

Sans compter les quelque 411 000 personnes hébergées par un tiers faute de mieux.

Le rapport pointe également le coût exorbitant des logements, alors que 80 % des Français jugent difficiles de trouver un toit. Entre 2000 et 2013, les loyers moyens ont augmenté de 55 % dans les grandes agglomérations.

Premier poste de dépenses des ménages, l’habitat absorbe plus de 25 % de leur budget aujourd’hui. Une flambée des prix qui ne pénalise plus seulement les ménages modestes mais également les classes moyennes. Conséquence : seuls les plus solvables peuvent prétendre à louer dans le parc privé, tandis que les autres se replient sur le parc HLM. Mais celui-ci «n’est pas calibré pour répondre à l’ensemble des besoins».

La vétusté et la dégradation des habitations sont également au cœur du rapport, qui rappelle que plus de 2,7 millions de personnes vivent dans des logements insalubres, trop petits ou très mal isolés. «L’intervention publique, dans ce domaine, reste peu efficace, voire inexistante», regrette la Fondation Abbé-Pierre.

 

La loi Alur sévèrement jugée

Actuellement discutée au Sénat, la loi Duflot pour l’accès au logement et un urbanisme (Alur) rénové prévoit de sanctionner financièrement les bailleurs qui loueraient des logements indécents. Encore faut-il, pour espérer un effet concret, que les locataires se manifestent, ce qu’ils sont nombreux à ne pas faire de crainte d’être expulsés.

Le texte instaure en outre un système d’encadrement des loyers dans les villes de plus de 50 000 habitants. Ceux-ci ne pourraient excéder de plus de 20 % le loyer médian de la commune. Une «mesure politiquement courageuse» saluée par le rapport, qui souligne cependant que ce «dispositif modeste ne devrait pas provoquer de baisse généralisée».

Enfin, le projet de loi prévoit de protéger les plus fragi­les en simplifiant l’accès aux logements sociaux et en luttant contre les expulsions. Des mesures qui vont dans le bon sens pour la Fondation Abbé-Pierre, mais ne doivent pas faire oublier l’objectif de construction de 150 000 logements sociaux par an, encore loin d’être atteint.

 

La Fondation Abbé Pierre dénonce les expulsions locatives 

L'Abbé Pierre, une vie entière au service des hommes 

L’Abbé Pierre par Philippe Labro 

Les albums photos de l'Abbé Pierre ouverts au public

 

 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités