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C-E. Vincent (Emmaüs) : "La rue n'est pas une fatalité"

Charles-Edouard Vincent.[M. Meichler pour Direct Matin]

Créée il y a six ans au sein de la fondation Emmaüs, l’entreprise solidaire Emmaüs Défi récupère et revend des meubles et des objets tout en luttant pour la réinsertion. Plus de la moitié de ses salariés ont ainsi connu la rue. À sa tête, Charles-Edouard Vincent, ancien ingénieur, a quitté le monde de l’entreprise pour prendre à bras-le-corps le problème de la grande exclusion.

 

Comment en êtes-vous arrivé à quitter un confortable poste pour Emmaüs Défi ?

Le déclic est venu lorsque j’ai compris qu’on pouvait tous être acteur du changement. On peut décider d’arrêter de subir cette grande exclusion, dont tout le monde est témoin, pour agir. En janvier 2007, l’idée d’Emmaüs Défi est née. En mars, j’ai créé l’association. En mai, les premiers salariés étaient embauchés.

 

Quelle est la particularité de votre structure ?

L’approche consiste à introduire une logique économique dans un secteur d’habitude réservé à l’action sanitaire et sociale. Notre priorité est la création d’emplois pour les personnes à la rue. Nous leur proposons un poste adapté, de quelques heures au début pour arriver progressivement à un contrat d’insertion. Parallèlement, nous cherchons un hébergement et enclenchons un parcours de soin. Avec un emploi et une méthodologie adaptée, neuf personnes sur dix s’en sortent. La rue n’est pas une fatalité.

 

Vous comptez aussi sur les entreprises pour vous aider…

Nous avons signé des partenariats avec Vinci, Carrefour ou SFR. Il faut arrêter d’agir en urgence en posant des rustines et collaborer avec tous les acteurs, y compris les entreprises.

 

Comment financez-vous Emmaüs Défi ?

Notre activité économique et les subventions classiques de l'Etat portent nos charges à part égale. Pour notre développement et nos expérimentations, nous devons compter sur les dons, les subventions de l’Etat et le soutien des entreprises. S’il est bien sûr plus difficile d’obtenir des subventions avec la crise, les budgets consacrés à l’action sociale restent conséquents. En revanche, le cloisonnement de tous les dispositifs existant les rend moins efficace. Sans nécessairement gonfler l’enveloppe, il faudrait donc passer d’une logique de dépense à une logique d’investissement. Cela permettrait de mettre en œuvre une stratégie globale. Mais pour cela, encore faudrait-il avoir une volonté politique.

 

Vous trouvez qu’elle est insuffisante ?

Les associations sont très importantes pour leurs capacités d’interpellation, et c’est fondamental. Mais sans vision politique, nous n’arriverons pas à résorber la grande exclusion. Or, ce sujet, et c’est ma grande inquiétude, est le grand absent des campagnes municipales. Il est de notre devoir d’interpeller nos candidats pour qu’ils s’emparent de ces questions.

 

Emmaüs oeuvre pour l'Afrique

 

 

 

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