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Brétigny : un usager avait donné l'alerte en 2010

Une vue des opérations de levage du train Paris-Limoges qui a déraillé, le 13 juillet 2013 à Brétigny-sur-Orge près de Paris [Kenzo Tribouillard / AFP]

"J'ai constaté 36 anomalies sur la fixation du rail le plus proche de moi". Ces quelques mots figurent dans un courrier rédigé par Christian Brochet, un septuagénaire à la retraite, adressé à la SNCF près de 3 ans avant le drame de Brétigny-sur-Orge (Essonne).

 

Le 25 novembre 2010, Christian Brochet, 77 ans, résidant dans la ville sinistrée de Brétigny depuis 1966, rédigeait un courrier à la SNCF pour faire état de nombreuses "anomalies" qu'il avait pu repérer lors de ses différents trajets, rapporte aujourd'hui Le Parisien.

Un courrier qui se veut maintenant quasi prophétique : "Monsieur, j'emprunte assez fréquemment le RER en gare de Brétigny. [...] L’autre jour, quelle ne fut pas ma stupeur, en regardant les rails, de constater […] 36 anomalies liées à la fixation du rail le plus proche de moi" sur la voie 2.

L'homme énumère ensuite dans son courrier les différentes pièces défaillantes selon son expertise, voire manquantes sur la voie à l'origine du déraillement de quatre wagons qui a coûté la vie à 6 personnes. Cette précision dans l'analyse s'explique par le métier du retraité, anciennement technicien de l'industrie mécanique dans les Hauts-de-Seine, fabriquant des pièces pour la SNCF, son plus gros client.

Dans sa lettre, Christian fait plusieurs fois référence à la défaillance de certaines éclisses  et aux tire-fonds, vis fixant le rail à la traverse, tantôt cassés ou bien carrément absents. La SCNF a récemment déclaré que le problème serait provenu d'une éclisse, pièce d'acier sur laquelle la rame aurait buté avant de dérailler.

 

Réponse de la SNCF

L'ancien technicien ponctue sa lettre par : "  Alors? Où est l’entretien qui doit assurer un bon service et la sécurité? Ce que j’ai vu n’est qu’une petite portion de voie. Que penser du reste du réseau?"

Ce n'est que trois mois plus tard que la SNCF lui répond, soit le 15 février 2011 : " Je tiens à vous assurer qu'il n'y a aucun défaut sur cette zone. Cet état est connu, vérifié et respecte toutes nos normes : il n'y a aucun risque de sécurité". La lettre précise néanmoins qu'une opération de maintenance est prévue en début d'année pour rétablir l'efficacité des attaches.

Intérrogé par Le Parisien, l"homme a récemment déclaré : " Pour moi, s’il y a eu défaillance, il faut regarder du côté de la maintenance des voies. Il y a eu négligence et le courrier de la SNCF montre que c’était même assumé".

Quelques jours après le courrier de la SNCF, Christian Brochet a envoyé une nouvelle lettre, achevée par ces mots : "L’absence constatée de ces fixations constitue une faute grave et peut mener à une catastrophe." Deux ans et cinq mois après, une catastrophe s'est réellement produite.

 

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