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Brétigny : l'éclisse en question

Photo transmise le 14 juillet par la SNCF montrant la partie du rail qui a provoqué, selon elle, le déraillement du train Paris-Limoges [- / SNCF/AFP] Photo transmise le 14 juillet par la SNCF montrant la partie du rail qui a provoqué, selon elle, le déraillement du train Paris-Limoges [- / SNCF/AFP]

Les enquêtes se concentraient lundi sur les raisons pour lesquelles une éclisse, pièce métallique d'une dizaine de kg, s'est détachée des rails provoquant vendredi le déraillement du train à Brétigny-sur-Orge, près de Paris, faisant six morts.

Sur place, les opérations de dégagement des voies se poursuivaient. Elles devraient s'achever lundi en fin de journée.

Alors que la vétusté du réseau est pointée du doigt, le président de Réseau ferré de France (RFF), Jacques Rapoport, a assuré lundi que le vieillissement des équipements ferroviaires nuisait à la performance du réseau mais pas à la sécurité, affirmant sur France Info qu'"il n'y a pas de lien entre l'âge d'un équipement et sa sécurité".

Il a assuré que son groupe qui gère le réseau ferré français et la Société nationale des chemins de fer (SNCF) assumeraient leurs responsabilités après cet accident, alors que quatorze personnes étaient toujours hospitalisées lundi dont deux grièvement.

Les trois enquêtes en cours "nous diront s'il y a de nouvelles mesures, des adaptations, des changements de méthode, des efforts complémentaires à faire et nous les ferons", a-t-il dit, estimant que le transport ferroviaire était "parfaitement fiable aujourd'hui en France", vu "le nombre infinitésimal" des incidents ferroviaires et soulignant que "le dernier accident de ce type s'est produit il y a 30 ans".

Mais, a-t-il indiqué, "lorsqu'un équipement vieillit et que ses performances se réduisent, nous pouvons être amenés à réduire la vitesse (...), nous pouvons être amenés à augmenter l'intervalle entre les trains, nous pouvons être amenés à interrompre le trafic si nous constatons le moindre incident".

Une vue des opérations de levage du train Paris-Limoges qui a déraillé, le 13 juillet 2013 à Brétigny-sur-Orge près de Paris [Kenzo Tribouillard / AFP]
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Une vue des opérations de levage du train Paris-Limoges qui a déraillé, le 13 juillet 2013 à Brétigny-sur-Orge près de Paris
 

De son côté, Gilles Savary, député PS de la Gironde et rapporteur de la future réforme ferroviaire en France, a fait état lundi de "3.000 kilomètres de lignes ralenties" en raison des risques engendrés par le "vieillissement du réseau".

Selon lui, "l'état des lieux, c'est 3.000 kilomètres de lignes ralenties pour des raisons d'insécurité liée au vieillissement du réseau".

Face à ce vieillissement et par mesure de précaution, "on a plutôt baissé la vitesse que refait les lignes", a-t-il encore constaté, confirmant implicitement les explications de RFF.

Trois jours après le déraillement du train 3657 Paris-Limoges, le trafic restait "fortement perturbé" au départ et à l'arrivée de la gare Paris Austerlitz sur les grandes lignes.

"Aucun RER C" ne circulait lundi matin entre Savigny-sur-Orge et Brétigny, selon la SNCF qui prévient que la circulation des trains restera "fortement perturbée la semaine du 15 au 21 juillet sur l'axe Juvisy/Brétigny/Etampes et Dourdan".

La SNCF conseillait également aux voyageurs de "reporter leur déplacement" entre Paris et Orléans, pendant les travaux de remise en état des installations de Brétigny-sur-Orge.

Les opérations de dégagement des wagons accidentés, entamées samedi, devraient s'achever en fin de journée. S'ensuivront, selon la SNCF "plus de 600 mètres de voies à reconstituer entièrement, c'est-à-dire le ballast, les rails, les traverses et la caténaire".

Des wagons tordus du train qui a déraillé à la gare de Brétigny, le 13 juillet 2013 [Kenzo Tribouillard / AFP]
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Des wagons tordus du train qui a déraillé à la gare de Brétigny, le 13 juillet 2013
 

Dimanche, le patron de la SNCF Guillaume Pepy avait confirmé, photos à l'appui, l'hypothèse d'un déraillement provoqué par le détachement d'une éclisse -- une pièce d'acier qui relie deux rails-- qui s'est alors fichée dans l'aiguillage

Selon lui, "aucune anomalie mécanique" n'a été constatée sur le train accidenté. Cette rame avait subi un examen de sécurité le 29 juin 2013. L'aiguillage avait été contrôlé le 4 juillet.

L'opérateur ferroviaire continuait à examiner sur tout le réseau les 5.000 éclisses du même type que celle qui est en cause dans le déraillement du train Paris-Limoges à Brétigny-sur-Orge. Cet opération devrait durer deux semaines.

Cet accident intervient alors que nombre d'experts s'interrogent sur la stratégie d’investissements de ces dernières années axée sur la grande vitesse aux dépens des réseaux classiques.

Le président François Hollande a confirmé dimanche que les lignes ferroviaires classiques, longtemps délaissées au profit des lignes à grande vitesse, seraient désormais prioritaires.

Au total, le gouvernement a décidé d'investir plus de cinq milliards d'euros par an dans les transports d'ici à 2030. Deux milliards seront consacrés à la modernisation du rail chaque année.

 
 

 

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