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Coup de massue sur le tabac

Des paquets de cigarettes dans un bureau de tabac [Flore Giraud / AFP/Archives]

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a choisi une nouvelle hausse de prix, dès le mois de juillet, pour lutter contre le tabagisme.

Avec un paquet de cigarettes à sept euros, c’est un nouveau cap qui va être franchi chez les buralistes. Le gouvernement a ainsi décidé de frapper fort et prévoit une nouvelle hausse du prix de 30 à 40 centimes au début du mois de juillet, comme l’a annoncé hier la ministre de la Santé, Marisol Touraine. Soit une augmentation comparable à celle déjà enregistrée chez les buralistes en octobre dernier, et l’une des plus fortes depuis les années 2003-2004.

A l’époque, sous l’impulsion du Plan cancer initié par Jacques Chirac, les prix des paquets avaient gonflé de 40 %, passant de 3,60 à 5 euros en deux ans. 

 

Une efficacité relative 

En prenant le parti d’une hausse forte en une seule fois, la ministre n’irait donc pas dans le sens des cigarettiers, favorables à des augmentations modérées. La piste de deux hausses successives de 20 centimes avait d’ailleurs été évoquée il y a peu dans la presse.

Mais les anti-tabac, eux, sont satisfaits. «Notre ligne est claire : plus la cigarette est chère, moins elle est attractive. Toutes les hausses de prix sont donc les bienvenues», juge le professeur Yves Martinet, président du Comité national contre le tabagisme (CNCT). Car si les prix changent, l’objectif de l’Etat reste le même : faire baisser une consommation toujours forte.

La cigarette reste la première cause évitable de mortalité en France, avec 73 000 décès chaque année, selon l’assurance maladie. Un bilan d’autant plus inquiétant que la proportion de fumeurs dans notre pays reste stable depuis plusieurs années. Elle se situe aux environs de 30 %, d’après l’Inpes.

Les hausses de prix successives n’ont donc, en général, pas un effet dissuasif majeur, mais elles semblent porter leurs fruits lentement, notamment avec l’effet crise : les ventes ont ainsi été en recul de 7,6 % au premier trimestre 2013 par rapport à la même période de 2012.

Mais si la question du prix est essentielle pour les organismes anti-tabac, elle n’est pas la seule à devoir être évoquée. Selon eux, des armes existent déjà et devraient être mieux appliquées.

 

Harmonisation et paquets neutres

C’est le cas de l’interdiction de vendre des cigarettes aux mineurs, et de l’interdiction de publicité (affiches, présentoirs, paquets factices…) dans les bureaux de tabac. Autre solution, selon Yves Martinet, «l’harmonisation des prix en Europe», encore loin d’être acquise. Belgique (5,25 euros), Espagne (4,60 euros), Italie (5 euros), Luxembourg (4,80 euros), Andorre (3 euros)…

Nos voisins ont des tarifs plus attractifs, et les achats transfrontaliers représenteraient une cigarette fumée sur cinq aujourd’hui, selon l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). Les dernières pistes d’action concernent le produit lui-même : le paquet de cigarettes, qui pourrait perdre son packaging.  

La généralisation des paquets neutres monochromes vient d’être adoptée par l’Australie. Existe aussi la possibilité d’imposer la vente sous le comptoir, car «la présence des paquets dans les linéaires incite les gens, notamment les plus jeunes, à en acheter», selon le président du CNCT. 

 

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