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Tony Meilhon tente de justifier sa violence

Croquis d'audience de Tony Meilhon lors de son procès à Nantes, le 22 mai 2013 [Benoit Peyrucq / AFP] Croquis d'audience de Tony Meilhon lors de son procès à Nantes, le 22 mai 2013 [Benoit Peyrucq / AFP]

Tony Meilhon, accusé du meurtre et du démembrement de Laetitia Perrais en janvier 2011, a tenté de donner une nouvelle image de lui jeudi, se présentant en victime, alternant excuses et regrets sur une vie émaillée de violences et de séjours en prison, lors de la deuxième journée d'audience, consacrée à son parcours.

"C'est le procès de ma vie, il faut que je dise tout ce qui s'est passé au maximum: j'en ai marre qu'on dise: +c'est un violent+, tout ça...", avait-il prévenu dès son premier interrogatoire mercredi, revenant longuement sur une enfance douloureuse, où il était, lui, victime de violences. Toujours aussi volubile, il a poursuivi dans cette ligne jeudi.

Vêtu d'une chemise noire ample comme la veille, les bras souvent croisés, il s'explique dans un vocabulaire recherché, souvent émaillé de termes judiciaires comme "circonstances atténuantes", ou psychiatriques comme son "cerveau reptilien".

"J'ai sauvé..."

En contraste total avec le forcené alternant mutisme et obstruction au cours de l'instruction sur le meurtre de Laetitia et l'homme qui a chanté devant les policiers de son escorte des chansons obscènes sur Laetitia quelques jours seulement après son meurtre, Tony Meilhon, amaigri et sevré des drogues dures, semble vouloir tout effacer.

Le président de la cour d'assises de Loire-Atlantique Dominique Pannetier (C), le 22 mai 2013 à Nantes [Frank Perry / AFP]
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Le président de la cour d'assises de Loire-Atlantique Dominique Pannetier (C), le 22 mai 2013 à Nantes
 

"J'ai sauvé un détenu de la pendaison, j'ai sauvé un détenu d'un incendie, j'ai évité des bagarres, des règlements de compte... Rien n'est noté, on ne retient que les choses néfastes, mauvaises, on retient que ça", essaye-t-il encore. "Cela va peser lourd dans la balance, je l'imagine très très bien, je vais pas donner une autre image de moi."

Il se positionne souvent en victime et se distancie soigneusement de tout meurtre. Son système de défense, même dans sa dernière version des faits livrée mercredi, reste un homicide involontaire, qu'il a ensuite tenté de déguiser en crime, avant le démembrement et la dissimulation du corps où il a impliqué un nouveau complice, "Monsieur X". Qu'il a refusé de nommer, rendant sa version invérifiable.

Ce faisant, il donne une image très calculatrice et pointue de lui, rarement vue dans un box d'assises.

Bonne capacité manipulatoire

A l'avocate de Jessica Perrais (soeur de Laetitia), Me Cécile de Oliveira, qui l'interroge sur un témoignage du dossier d'instruction le décrivant comme obscène et dominateur au téléphone avec une femme, il rétorque, après avoir sorti calmement une note d'un dossier apporté dans le box, qu'il faut lire la fin du PV où ce témoin admet ne plus être sûre que ce soit lui.

Ou, sur un autre témoignage, qu'il faut "remettre les choses dans le contexte".

L'avocate de Jessica Perrais (soeur de Laetitia), Me Cécile de Oliveira, le 22 mai 2013 au palais de justice de Nantes [Frank Perry / AFP]
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L'avocate de Jessica Perrais (soeur de Laetitia), Me Cécile de Oliveira, le 22 mai 2013 au palais de justice de Nantes
 

"Il connaît parfaitement son dossier, il a cherché à me prendre en défaut, il a une bonne capacité manipulatoire", a reconnu peu après Me de Oliveira, pénaliste nantaise expérimentée.

Interrogé par cette même avocate sur "son pire souvenir" dans la vie, il se retient d'abord de répondre spontanément, semblant chercher le piège. Et au bout de plusieurs dizaines de secondes, il finit par dire: "La pire des choses que j'ai faite, c'est cette affaire."

Invoquant souvent son enfance, son beau-père qu'il juge responsable de la plupart de ses maux, il semble sincèrement se repentir de certains faits, comme pour cette gérante de station service victime d'un coup de crosse: "Je regrette énormément, j'ai du remords et de la compassion, c'est hallucinant."

Mais il peut avoir d'autre sorties plus glaçantes, comme au sujet de sa première victime, un "pointeur", qu'il a lui-même violé en prison pour le punir et "venger la petite fille" victime: "J'avais aucune compassion pour ce genre de personne-là."

Après la fin de ce premier interrogatoire sur son "CV" devant la cour, Tony Meilhon devait écouter jeudi après-midi les témoignages des membres de sa famille sur son parcours, parmi lesquels sa mère, qui avait demandé à se porter partie civile contre lui.

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