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La France entre en récession

Le ministre de l'Economie Pierre Moscovici Le ministre de l'Economie Pierre Moscovici [AFP]

La France est entrée en récession avec le recul de 0,2% de son produit intérieur brut au premier trimestre, après une contraction d'ampleur similaire au dernier trimestre 2012, a annoncé mercredi l'Institut national de la statistique et des études économiques.

Une récession correspond techniquement à un recul du PIB pendant deux trimestres consécutifs. Pour l'ensemble de l'année 2012, l'Insee a conservé son estimation d'une croissance nulle, après avoir révisé à la baisse la croissance du troisième trimestre 2012 (0,1% au lieu de 0,2%).

Il a en revanche révisé à la hausse la croissance de 2011, à 2,0% au lieu de 1,7%, après 1,6% en 2010.

L'ampleur de cette récession est sans rapport avec celle de 2009, quand la France avait connu une contraction de 3,1% de son PIB, mais elle confirme que l'activité reste proche de zéro depuis plus d'un an. Une courte récession, évaluée postérieurement par l'Insee, avait également eu lieu au premier semestre 2012 avant une timide reprise au troisième trimestre (+0,1%). François Hollande parle d'une situation grave.

Dans l'immédiat, précise l'Insee, l'acquis de croissance pour 2013 est de -0,3% ce qui signifie que si la croissance était nulle sur les trois derniers trimestres, l'activité économique se contracterait de 0,3% sur l'année.

 

 

Pour autant, le gouvernement maintient sa prévision de croissance à 0,1% sur l'année 2013, a indiqué à l'AFP le ministère de l'Economie. Il a confirmé anticiper une reprise au deuxième semestre, "aidée par le contexte européen et les mesures prises en France".

 

Consommation en berne 

Traditionnel moteur de la croissance en France, la consommation des ménages ne s'est pas ressaisie début 2013 (-0,1% après 0% au trimestre précédent) et les exportations ont baissé de 0,5% sur la même période. La demande intérieure et le solde du commerce extérieur ont contribué négativement à l'évolution du PIB, précise l'Insee.

Autre mauvaise nouvelle, le recul historique du pouvoir d'achat des Français l'an dernier a été encore plus fort qu'initialement annoncé: l'Insee le chiffre désormais à -0,9%, soit plus du double de sa première estimation (-0,4%), qui battait un record de 30 ans.

Dans ses "comptes de la Nation en 2012" également publiés mercredi, l'Institut revoit à -0,4% la baisse de la consommation des ménages l'an dernier, précédemment estimée à -0,1%. Il s'agit, précise-t-il de "la deuxième baisse depuis l'après-guerre après celle de 1993 (-0,2%)". Cette contraction est liée notamment au recul marqué des achats d'automobiles (-7%) mais aussi à la réduction des dépenses en hébergement-restauration (-1,5%).

L'Insee a en outre évalué l'inflation en 2012 à 1,9%, après 2,1% l'année précédente. En 2012, le salaire moyen par tête a ralenti son augmentation (+1,9% contre +2,2% en 2011). L'institut observe également que les impôts sur le revenu et le patrimoine payés par les ménages ont accéléré en 2012 (+10,2%) "sous l'effet essentiellement de la mise en oeuvre de nouvelles mesures fiscales, votées avant et après les élections".

 

Le déficit se creuse

Côté entreprises, leur taux de marge s'est dégradé de 0,8 point en 2012 par rapport à 2011 et s'est établi à 28,4%, un plus bas depuis 1985 (26,4%), assure l'Insee. Si l'impôt sur les sociétés a fortement décéléré en 2012 (+0,2% après +27,8% l'année précédente), leurs investissements restent en recul (-0,8%).

Des jeunes gens dans le centre de Lyon, après une séance de shopping, le 9 janvier 2013 [Jeff Pachoud / AFP/Archives]
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Des jeunes gens dans le centre de Lyon, après une séance de shopping, le 9 janvier 2013
 

Sans surprise enfin, le déficit public de la France (Etat, Sécurité sociale, collectivités locales) reste évalué par l'Insee à 4,8% du PIB en 2012 contre 5,3% en 2011, "grâce à une hausse des recettes plus rapide que celle des dépenses".

La diminution du déficit est imputable essentiellement à l'Etat (-7,7 milliards) et aux administrations de sécurité sociale (-0,8 milliard) mais le déficit des collectivités locales s'accroît lui de 1,6 milliard d'euros, détaille l'Institut.

La dette continue de grimper, à 90,2% du PIB (1.833,8 milliards d'euros), en 2012, après 85,8% (1.716,9 milliards d'euros) l'année précédente.

Le taux de prélèvement obligatoire s'établit à 45%, revu très légèrement à la hausse par l'Insee par rapport à une précédente estimation fin mars (44,9%), et celui des dépenses publiques augmente à 56,6% (55,9% en 2011), inchangé.

 

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